C'est une nuit d'horreur qu'ont v�cue les �tudiants de l'Institut de sciences politiques et de l'information (ex-ITFC). Interpellations, bastonnades, arrestations ont �t� le lot de ceux qui ont voulu organiser un sit-in durant la nuit de lundi � mardi dans l'enceinte de l'institut. 21 �tudiants ont �t� arr�t�s par les �l�ments de la s�curit�. Hier, les universitaires n'ont pas fl�chi. Mieux, ils restent d�termin�s � poursuivre leur mouvement de protestation pour la lib�ration de leurs camarades. Retour sur cette nuit d'�pouvante. La facult� des sciences politiques et de l'information �tait hier ferm�e. Un important dispositif s�curitaire interdisait l'acc�s sauf pour les r�sidentes et quelques �tudiants. Les cours ont �t� suspendus et l'administration a clos ses portes. Ce haut lieu du savoir, � quelques m�tres du minist�re de l'Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique, �tait tout bonnement barricad�. La tension �tait � son paroxysme. A tout moment, la situation pouvait d�g�n�rer… "C'est notre administration qui a voulu qu'on en arrive � cette situation", s'�crie une �tudiante en journalisme. "Nous voulions occuper pacifiquement l'institut et faire un sit-in durant la nuit pour exiger la lib�ration de notre camarade. Chose qui nous a �t� interdite d'une fa�on des plus muscl�es", a-t-elle soulign�. Tout a commenc� apr�s l'arrestation de Hamitouche Merzouk, �tudiant en 3e ann�e de sciences politiques, le 13 d�cembre � l'entr�e de la facult�. Sous mandat de d�p�t, il est incarc�r� � la prison d'El- Harrach. Des poursuites judiciaires ont �t� lanc�es �galement contre cinq autres �tudiants. Une plainte a �t� d�pos�e contre X par le directeur de la cit� universitaire de Ben-Aknoun pour "destruction de biens publics". "Hamitouche avait revendiqu� l'am�lioration des conditions d'h�bergement, de restauration et autres points li�s � la vie estudiantine. Et pour cel�, il se retrouve en prison", nous a d�clar� N. O., �tudiant en journalisme. "Apr�s la nuit d'hier, il n'y a que 6 �tudiants, mais pr�s de 30 �tudiants qui sont arr�t�s", a d�clar� le charg� de communication du "collectif des �tudiants autonomes". Depuis l'arrestation de Hamitouche, le collectif a organis� plusieurs actions de protestation pour exiger sa lib�ration et l'arr�t des poursuites contres les cinq autres. Depuis le 13 d�cembre, des marches sont organis�es quotidiennement � l'int�rieur de l'institut et les cours sont suspendus. Amine, membre du collectif, nous a fait part de l'investissement par les forces de s�curit� de la facult� le 15 d�cembre dernier. "Les forces de l'ordre sont intervenues brutalement pour nous �vacuer alors que nous protestions pacifiquement", nous d�clare Amine. "Les policiers ont viol� les franchises universitaires avec le quitus du doyen", s'est insurg� Farid, membre du collectif. Cette fois-ci le bilan est lourd. Deux �tudiantes ont �t� gravement bless�es. Elles ont �t� transf�r�es � l'h�pital de Birtraria, puis au commissariat. 21 �tudiants ont �t� �galement arr�t�s. "Nous �tions pr�s d'une soixantaine � tenir ce sit-in calmement et dans une parfaite organisation. Nous nous sommes rendus compte trop tard de la pr�sence des policiers. Chacun a essay� de s'enfuir comme il le pouvait, en sautant par-dessus le mur de la facult� vers l'INPS ou en bravant la pluie des matraques", a t�moign� un �tudiant pr�sent lors des faits relay� par une �tudiante : "Le pire est que les policiers ne faisaient pas la diff�rence entre filles et gar�ons. Celles qui tentaient de s'enfuir vers la cit� universitaire de jeunes filles Djillali-Liab�s n'�taient pas �pargn�es. Quand nous avons sollicit� le directeur de la cit�, il nous a d�clar�, que ce n'�tait pas sa responsabilit� et a laiss� faire." Le doyen : "J'ai sign� l'autorisation pour la police" Interrog�, le doyen de la facult�, M. Ahmed Hamdi, confirmera la version des �tudiants. "J'ai effectivement sign� l'autorisation pour les services de s�curit� pour qu'ils investissent et entrent au sein de l'institut pour faire sortir les contestataires." Pour argumenter, il ajoutera : "Je ne pouvais prendre la responsabilit� de laisser des �tudiants et des �trangers passer la nuit � l'int�rieur de l'institut. Je ne pouvais pr�voir ce qui aurait pu se produire". A la question de savoir si des mesures seront prises pour apaiser la situation, M. Ahmed Hamdi dira : "Je souhaite que tout rentre dans l'ordre." Sans donner plus de d�tails. Il soulignera, toutefois, que le recteur de l'universit� a �t� inform�. Quant � l'arrestation de Hamitouche, le doyen de la facult� soutiendra qu'elle ne concerne nullement son institut puisque "l'�tudiant en question a �t� arr�t� � l'ext�rieur du campus". A noter par ailleurs, qu'apr�s l'arrestation de 21 �tudiants, plusieurs facult�s ont entam� des actions de solidarit�. Les cours dans les facult�s de Bouzar�ah, B�ni- Messous, Boumerd�s, l'INPS, les universit�s de Tizi-Ouzou et de B�ja�a ont �t� perturb�s et certains carr�ment annul�s. Devant le risque de pourrissement qui guette les �tablissements universitaires, le minist�re de l'Enseignement sup�rieur n'est toujours "pas au courant". Meriem Ouyahia