Gérard Larcher, le président du Sénat français, a annoncé, jeudi, en conférence de presse de rentrée, qu'il fera un déplacement à Alger du 8 au 12 septembre prochains. Les détails qu'il donne sur l'objet de cette visite et ce qu'il y fera sont assez cocasses, n'était qu'il parle de l'Algérie et que certains propos pourraient en offusquer plus d'un. D'abord ce scoop : «Le Président Bouteflika m'a fait savoir qu'il me recevra personnellement...» Ainsi, le président du Sénat français sera reçu, nous annonce-t-il, par notre président de la République. Sur cette annonce, rien à dire car rien de bien nouveau, Bouteflika, depuis le 4e mandat et sa maladie, a pour toute activité publique, l'accueil des visiteurs étrangers, de tous niveaux, même des conseillers et autres sous-secrétaires d'Etat. Bouteflika ne fait donc pas de fleur au patron des parlementaires français. Le nœud se situe ailleurs, dans la suite des propos de Larcher qui précise : «Le Président Bouteflika m'a fait savoir qu'il me recevra personnellement, dans un format restreint.» Cette précision interroge. Larcher sera-t-il reçu seul, sans les membres de la délégation qui l'accompagnera et dans laquelle figurera certainement le groupe d'amitié France-Algérie du Sénat ? Donner deux précisions : «un accueil personnel en un format réduit» peut vouloir dire aussi que l'accueil de Larcher se fera le plus discret possible et peut-être en tête-à-tête. Dans cette hypothèse, Bouteflika qui reçoit là un membre du parti «les Républicains», ex-UMP, a-t-il voulu signifier à son visiteur, très proche de Sarkozy, le patron de ce parti, sa colère encore vivace des propos que ce dernier a proférés sur le devenir de l'Algérie ? Ce serait là une hypothèse sinon plausible au moins rassurante pour les citoyens que nous sommes. Que dit encore celui qui sera reçu personnellement par Bouteflika ? Qu'il se déplace en Algérie parce que «l'Algérie joue un rôle-clé notamment dans le soutien qu'il faut apporter à la Tunisie et dans la situation au Maghreb». L'on se serait attendu à ce qu'il se limite à parler globalement de la situation «au Maghreb» et qu'il s'abstienne à nous dire ce qu'il «faut» faire en direction de nos voisins. Eh bien non car, explique le parlementaire, s'il évoque la Tunisie c'est parce qu'il est «très inquiet pour la Tunisie, seul exemple de transition démocratique réussie mais extraordinairement fragilisée». Voilà des propos qui vont bien plaire à son interlocuteur algérien qui considère que lui a bien réussi l'instauration de la démocratie, comme nul autre dans aucun autre pays de la région. Au-delà, ces derniers propos de Larcher sur la Tunisie traduisent bien cette propension de beaucoup de politiques français à jouer encore plus «paternalistes», plus «néo-colonialistes» oubliant de tirer les enseignements de leur passé et des désastres que l'UMP, notamment, ont contribué à installer dans la région. Enfin sitôt la visite du 8 au 12 septembre de Gérard Larcher terminée, une autre s'enclenche. Jean-Louis Bianco, représentant spécial pour les relations franco-algériennes, sera en visite de travail du 12 au 14 septembre pour notamment faire le point des projets en cours mais surtout examiner «les perspectives de nouveaux partenariats entre les deux pays». Comme l'a encore dit Larcher jeudi dernier en conférence de presse à Paris, «la diplomatie parlementaire contribue d'une façon très active à défendre les intérêts de notre pays». Pour ce qui est du nôtre, l'Algérie, il faut juste espérer que nos intérêts soient aussi bien défendus par nos responsables, politiques, diplomatiques et parlementaires.