Abdelaziz Bouteflika tire la sonnette d'alarme : «Les pouvoirs publics doivent expliquer davantage à la population la gravité de la conjoncture financière que traverse notre pays, ainsi que le caractère unique au monde de nos dépenses publiques d'investissements et de nos transferts sociaux.» Cette seule phrase, contenue dans le communiqué que la présidence de la République a rendu public à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, hier, tranche avec les hésitations langagières du gouvernement s'agissant de la situation économique réelle du pays. Kamel marni - Alger (Le Soir) - Bouteflika s'exprimait ainsi devant les membres du gouvernement, au moment de l'examen du premier point inscrit à l'ordre du jour de cette réunion du Conseil des ministres qui avait débuté à 15 h hier, à savoir le projet de la loi de finances pour 2016. «Ce projet, qui reste basé sur une projection prudente des revenus des exportations d'hydrocarbures, vise néanmoins une croissance de 4,6% orientée vers un surcroît de création de richesses et d'emplois, avec, en outre, une inflation contenue à 4%», précise le communiqué de la présidence. Comme annoncé précédemment par Abdelmalek Sellal, ce projet prévoit également que «les dépenses budgétaires diminueront de 9%, avec 4 807,3 milliards de DA pour le volet fonctionnement et 3 176 milliards de DA pour celui de l'équipement. Le solde global du Trésor sera déficitaire de 2 452 milliards de DA alors que le Fonds de régulation des recettes conservera 1 797 milliards de DA de réserves à fin 2016». Le communiqué ajoutera, toutefois, que «malgré ces tensions financières, les transferts sociaux connaîtront une hausse de 7,5% pour atteindre 23% du budget de l'Etat». Pour compenser le manque à gagner dû aux chutes des prix du pétrole, les pouvoirs publics comptent revoir à la hausse quelques taxes, notamment celles concernant les carburants, la téléphonie mobile et les produits de luxe importés. Il est également question, dira Bouteflika à l'adresse du gouvernement, «de persévérer dans la rationalisation des dépenses publiques et dans la lutte contre le gaspillage et contre toute forme d'atteintes aux richesse nationales, y compris la corruption». Autrement dit, il faut s'attendre à ce que l'Etat frappe d'une main lourde aussi bien l'informel, la contrebande qu'au niveau judiciaire, avec, certainement, de nouvelles grosses affaires de corruption à l'horizon. Toujours au plan économique, le Conseil du gouvernement a approuvé le projet du nouveau code de l'investissement présenté par le ministre de l'Industrie et des Mines Abdesselam Bouchouareb et qui prévoit une série de mesures destinées «à améliorer l'attractivité de la législation sur l'investissement». Le communiqué de la présidence annonce ainsi «l'abrogation de certaines dispositions en vigueur dont, celle relative à l'exigence de bilans excédentaires en devises pour les investisseurs étrangers de sorte à encourager les partenariats devant concourir à la réduction des importations ; celle soumettant les investissements étrangers réalisés avant 2009, à la règle de la majorité nationale 51/49% en cas de changement de registre de commerce», entre autres mesures. Le secteur de l'industrie a également présenté un autre projet de loi d'une extrême importance, celui relatif à la normalisation. «Cette modification (de la loi, ndlr) vise à l'introduction des principes internationaux de précaution, dans l'élaboration des normes qui attestent la qualité des biens et des services produits en Algérie, y compris pour accroître la protection de la santé et la préservation de l'environnement». Par ailleurs, le Conseil des ministres a eu à écouter une communication du ministre de l'Energie portant sur les nouvelles découvertes en matière de pétrole et de gaz et qui feront augmenter la production nationale de 4% en 2016. Enfin, le ministre d'Etat ministre des Affaires étrangères a présenté, lui, une communication sur l'état de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne. Un accord que l'Algérie demande de revoir.