De nombreux acteurs de la place boursière londonienne s'interrogent sur le sursis accordé par le gouvernement algérien à la petite compagnie pétrolière irlandaise, Petroceltic. Par l'approbation de l'avenant n°3 du contrat entre Sonatrach et Petroceltic, le gouvernement algérien vient de sauver la minuscule compagnie irlandaise qui était au bord du gouffre financier, en raison de son incapacité à lever des fonds sur la Bourse de Londres. Complaisance ou incompétence ? Dans notre édition du 22 août dernier, nous avons montré toute la complaisance dont jouit Petroceltic sur le champ de Aïn Tsila (Isarene, blocs 228 et 229a, qu'elle exploite conjointement avec la Sonatrach et la compagnie italienne Enel). Il a été démontré que cette compagnie irlandaise était incapable d'apporter le financement nécessaire pour développer son périmètre situé au sud-ouest d'In Amenas, dans le bassin d'Illizi. Mais au moment où la Sonatrach devait exercer le maximum de pressions sur Petroceltic pour lancer le développement du champ ou renoncer au permis, des employés du groupe pétrolier algérien ont jugé bon d'accorder une autre chance aux Irlandais de Petroceltic. Nous sommes le 2 juin 2015. Le ministre de l'Energie est installé depuis à peine un mois. Le P-dg de la Sonatrach comptait son septième jour à la tête du groupe. C'est alors que des cadres de la Direction coordination groupe associations (DCGA) décident de signer un avenant du contrat d'association avec la compagnie irlandaise. Alnaft, le gendarme du domaine minier algérien, ne s'oppose étrangement pas à cette démarche de la DCGA, et dans des conditions pour le moins incompréhensibles. Le contrat est acheminé aux hautes sphères pour enfin recueillir l'approbation du président de la République, qui a signé, le 7 septembre dernier, le décret portant sur l'accord Sonatrach-Petroceltic sur le permis d'Isarene. A aucun moment, le gouvernement n'a été tenu informé sur la santé financière de Petroceltic ni sur son incapacité à trouver les fonds nécessaires au financement du plan de développement de champ d'Isarene. D'autant plus que les analystes de la Bourse de Londres ont été unanimes quant au risque d'accorder des levées de fonds à cette compagnie. En outre, le principal actionnaire de Petroceltic est en total désaccord avec les dirigeants de l'entreprise et tente par tous les moyens de les destituer. Si ces informations avaient été portées à la connaissance du gouvernement, aucun responsable n'aurait accepté de cautionner cet accord conclu entre la Sonatrach et une compagnie de la taille Ansej. Une planche à billets abandonnée Le groupement Isarene est constitué de Petroceltic (opérateur, 38,25% de participations), la Sonatrach 43,375%) et Enel (18,375%). On estime à 60 milliards de mètres cubes le volume de gaz à extraire de cette accumulation. En outre, il est prévu la production de 69 millions de barils de condensat et 110 millions de barils de GPL. Mais pour remonter toutes ces richesses en surface, il faut investir beaucoup d'argent dans les opérations de forage, de réalisation de réseaux de collecte et surtout dans les installations de traitement des produits hydrocarbures. Dans le plan de développement du champ d'Isarene, il est prévu la réalisation d'une usine de traitement de gaz et de séparation des liquides associés (CPF). Il est question aussi de la réalisation d'un réseau de collecte pour 120 puits, de routes, d'une centrale électrique, d'une base de vie et d'une infrastructure pour la sécurité du complexe. Or, Petroceltic n'est pas en mesure d'apporter sa contribution financière pour réaliser les installations nécessaires à l'exploitation du champ de Aïn Tsila. Alors, les responsables de cette association continueront de tergiverser et de gagner du temps, tout en profitant de la complaisance de certains employés de la Sonatrach. Un contrat des études d'avant-projet détaillé (FEED) a été signé le 9 septembre 2014 avec la société CB & I. Mais, jusqu'à ce jour, ce travail d'étude n'est réalisé qu'à sa moitié et confirme le fait que Petroceltic n'a pas l'intention ni les moyens financiers de faire avancer le chantier. Le manque à gagner est énorme pour la Sonatrach. Le plan de développement qui a été approuvé en date du 11 décembre 2012 n'a pas été respecté et Petroceltic ne fait que repousser les échéances. On nous parle aujourd'hui d'un first gaz en 2018 alors que tous les experts affirment que la situation actuelle de Petroceltic ne permet de lancer aucun chantier.