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Cinq projets d'hôpitaux et centres hospitaliers gelés, le projet de la Grande mosquée d'Alger maintenu Quand le sens des priorités échappe totalement au gouvernement
Le gouvernement décide officiellement de geler 5 projets d'hôpitaux et centres hospitaliers de 1 200 lits à cause de la crise. Ces projets étaient prévus respectivement à Alger (un grand hôpital de 700 lits) à Tizi-Ouzou, Tlemcen, Constantine et Ouargla. Cela alors que le projet de la Grande Mosquée d'Alger est maintenu. Cela au moment où les officiels ne cessent d'appeler à la nécessité de faire preuve de rigueur budgétaire. Rationalité dites-vous ? Younès Djama - Alger (Le Soir) - C'est un autre épisode douloureux auquel est invité le citoyen algérien après le lourd «sacrifice» infligé par la loi de finances 2016 avec son lot d'augmentations (électricité, carburants). Cinq projets d'hôpitaux et centres hospitaliers totalisant une capacité de 1 200 lits ont été gelés jusqu'à nouvel ordre par le ministère de la Santé sur injonction du gouvernement sous prétexte que les offres présentées par les entreprises étrangères n'ont pas convaincu la tutelle. Au moment où les pouvoirs publics se montrent fermes et catégoriques à propos de la nécessité de faire des économies surtout que les revenus du pays reculent drastiquement, il semble néanmoins que le sens des priorités leur échappe. Sinon comment expliquer que le projet de la Grande Mosquée d'Alger — abstraction faite de sa portée religieuse —, soit maintenu en dépit des nombreuses critiques tant sur son coût (1,5 milliard de dollars) que sur sa faisabilité ? D'aucuns jugent en effet que l'enveloppe allouée à ce «mégaprojet» est exagérée. Déjà en décembre 2013, soit six mois avant le choc pétrolier de 2014 qui allait faire perdre à l'Algérie la moitié de ses revenus, le journaliste et écrivain Yassine Temlali attirait l'attention sur ce sujet. «1,5 milliard de dollars pour une mosquée alors que la Banque centrale met en garde contre la raréfaction des revenus du budget si les prix du brut ne se stabilisent pas au-dessus de 100 dollars le baril. 1,5 milliard de dollars pour un projet dont l'Algérie ne récoltera rien, sinon de pieuses prières aussi impuissantes à la protéger d'un nouveau contre-choc pétrolier que les rituelles ‘'salat al istisqa'' à juguler le changement climatique. 1,5 milliard de dollars qu'il aurait été plus utile de dépenser pour des routes, des écoles et... des hôpitaux. Le grand hôpital d'Alger n'est-il pas une plus grande urgence, ne serait-ce que pour éviter au président de la République de se soigner dans un hôpital militaire étranger ?» Le journaliste ne pouvait pas si bien dire puisque jeudi 3 décembre 2015, un communiqué de la présidence de la République indiquait que le Président Abdelaziz Bouteflika a quitté le pays, pour une courte visite privée en France, «durant laquelle il effectuera ses contrôles médicaux périodiques», sous la direction de ses médecins traitants. Ce n'est pas le premier voyage médical que le chef de l'Etat effectue en France. Avant le Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble (GHM), il y a eu le Val-de-Grâce et les Invalides. Un grand hôpital d'Alger aurait peut-être épargné au chef de l'Etat ses allers-retours et aux Algériens de devoir se poser toujours la même question : quand nos responsables se soigneront-ils enfin en Algérie ?