Quels enseignements tirer de cette participation algérienne à la CAN-2015 des U23 qui vient de s'achever à Dakar par la consécration du Nigeria sinon un motif de satisfaction doublé de regrets au sujet des latences marquant le développement de la pratique footballistique en Algérie. Mohamed Bouchama-Alger - (Le Soir) - L'EN algérienne de football ira aux JO de Rio de Janeiro. Elle pouvait même décrocher le trophée continental, n'était-ce quelques «imperfections» apparues lors de cette finale contre le Dream Team VI du Nigeria. Un adversaire rompu aux compétitions internationales de cet acabit. Les joueurs de Siasia ne récoltent, en définitive, que le fruit d'un travail mené depuis belle lurette par la NFF en direction des jeunes catégories. Malgré un exode discontinu des meilleurs éléments formés dans les académies et les clubs nigérians, le Nigeria ne cesse de réaliser des performances à la mesure des investissements consentis à l'occasion des grandes manifestations internationales du football. La consécration continentale des U23 du Nigeria intervient moins d'un mois après le sacre mérité des U17 lors de la Coupe du monde. Siasia ne s'est pas empêché d'emmener, au titre de reconnaissance probablement, le meilleur buteur du tournoi du Chili, Victor Osimhen (17 ans) que les grands d'Europe dont le Barça et plusieurs clubs anglais convoitent. Une stratégie qui a permis aux Super Eagles, auteurs de trois sacres africains chez les seniors, de mettre le football africain sous leurs chaussures. Pratiquement à toutes les échelles. Pour l'Algérie, cette « première » semble enflammer la galerie qui croit savoir que ce résultat, cet exploit à la limite du miracle, est une conséquence directe au travail mené en direction des jeunes. Ce qui n'est pas le cas. Certes, quelques éléments de l'équipe envoyée au Sénégal faisaient partie de l'effectif des U20 qui avait connu la désillusion lors de la CAN tenue en Algérie, en 2013. Cependant, les Ferhat, Abdellaoui et autre Haddouche, enrôlés au sein de l'académie de la FAF suite à des plateaux organisés par la DTN présidée alors par Fodil Tikanouine, n'ont pas connu la lumière dans les autres catégories de jeunes (U15 et U17) complètement délaissées aussi bien par la FAF que par les clubs. De beaux restes et des perditions ! La sélection confiée à la hussarde au Français Jean-Marc Nobilo (la prospection et le travail de fond étaient accomplis par Salim Menad et Abdelkader Horr) a échoué dans sa quête du sacre africain pour nombre de raisons. Parmi lesquelles la dislocation du groupe : la FAF ayant décidé de faire appel à des joueurs de l'émigration qui n'avaient pas le niveau, pour certains, alors que d'autres avaient du mal à s'adapter à «l'ambiance» des compétitions africaines. Si bien que la sélection dirigée par Nobilo «supportait mal la pression populaire» exercée par le public d'Aïn Témouchent très nombreux à envahir les gradins du stade «Mbarek-Boucif». C'est le témoignage de Zinédine Ferhat interrogé sur les raisons de l'échec lors de la CAN-2013 des U20. Il faudrait aussi souligner que cette formation, exclusivement composée des joueurs de l'AC/FAF et de quelques émigrés, n'a compté sur aucun élément de la sélection des U17 qui avait, en 2009, terminé vice-championne d'Afrique de la CAN jouée en Algérie et qui s'était qualifiée au Mondial de la même année disputée au Nigeria. L'EN dirigée par le duo Ibrir-Meddane avait pourtant des joueurs de qualité à l'instar du meneur de jeu Bezzaz, du défenseur Ferchichi et du gardien Merzoughi. Elle subira le sort de toutes les sélections «nées et élevées» dans la précipitation. Peut-être bien que cette cuvée des U23, qui n'est pas si brillante en termes d'individualités que celle de 2011(Belaïli, Aouedj, Benaldjia, Mesfar, et autres Bensalem et Daoud), saura forcer le destin et constituera un vrai réservoir pour la sélection de Christian Gourcuff. Ce serait une chimère que de croire qu'ils seront nombreux ces olympiques qui parviendront à bouger les incontestables titulaires à l'exemple des Feghouli, Taïder et autre Brahimi. Là aussi, le rêve est permis... Prémices de campagne... Comme il est autorisé de croire que cette extraordinaire campagne africaine des U23 algériens soit le prélude d'une autre campagne engagée par les actuels responsables du football national en perspective des élections générales programmées dans un peu plus d'un an. Sinon comment apprécier les dernières décisions énoncées par le BF concernant la relance des académies et la gratification des clubs formateurs, qui ne sont plus aussi nombreux, sinon par le début d'une opération de séduction dont la finalité sera un (autre) plébiscite durant les AG électives du premier trimestre de l'an 2017. Une année cruciale d'autant plus que l'Algérie, privée d'organiser la fête africaine du football sur ses terres, visera un sacre africain qui lui tourne le dos depuis un quart de siècle. Les quinze dernières années ayant même consacré une régression des résultats de nos sélections de jeunes et même chez les A, la mise au frigo de certaines d'entre elles (les dames notamment) et le forfait de l'EN des locaux des CHAN-2014 et 2016. Un fiasco généralisé qui n'a interpellé personne. Aujourd'hui, au sortir d'un miracle signé par les U23 de Schürmann, on nous chante les vertus de la formation made AC/FAF sous Haddadj en promettant un monde meilleur omettant de rappeler que le football algérien a manqué nombre de rendez-vous internationaux (2006, 2008 et 2012 pour les A et pratiquement toutes les phases finales chez les jeunes exceptées celles organisées en Algérie). Cela sent l'odeur du festin préélectoral, du déjà entendu en définitive.