Les 19 signataires de l'appel pour une audience au président de la République apportent leur soutien «inconditionnel» à leur collègue Louisa Hanoune, cible d'attaques qualifiées de «viles». La chaîne de télévision privée Ennahar tv a diffusé dernièrement une «enquête» sur les biens de Louisa Hanoune et de membres de sa famille ainsi que le député du PT de la wilaya de Guelma, Smaïn Kouadria, également visé. Cela intervient alors que Louisa Hanoune ne cesse de dénoncer la mainmise des «oligarques» sur les appareils de l'Etat. Younès Djama - Alger (Le Soir) - «Ce sont des procédés maffieux. C'est du terrorisme !» s'écrie Khalida Toumi, signataire de l'appel au chef de l'Etat et ancienne ministre de la Culture lors d'une conférence de presse, tenue hier, au siège du PT à Alger. «Nous sommes dans la situation du ‘'si tu n'es pas avec moi, tu es donc contre moi. Et donc je te tue pour que tu te taises''», dénonce Mme Toumi ajoutant que c'est là «la définition même de la pensée totalitariste» que ceux qui s'attaquent à Louisa Hanoune utilisent en vue de la faire taire. «Au groupe des 19, nous dénonçons ce type de méthodes. Après que nous eûmes, seuls, triomphé du terrorisme, nous assistons aujourd'hui à la résurgence de ces procédés maffieux», a affirmé Khalida Toumi qui interpelle les «institutions de la République dont nous sommes respectueux» afin de réagir et ne pas se montrer passifs devant ce type de dérapages. «Où est le Premier ministre ? Où est le ministre de la Justice ? Mieux, où est le ministre de la Communication sachant que c'est une chaîne TV privée (Ennahar tv, Ndlr) qui a été chargée de la sale besogne ?» interroge Toumi qui ajoute que ce sont ces mêmes procédés qui ont poussé les quatre membres signataires de l'appel à quitter le groupe. D'après Toumi, le groupe des «19» se tient prêt à tous les scénarios émanant de ceux qu'elle décrit comme «les adeptes de la pensée totalitariste» et «qui ont décidé de faire plier le pays». L'ancienne ministre de la Culture a prévenu contre les scénarios colombien, mexicain et italien où la maffia règne en maîtresse. En dépit de toutes ces menaces, le groupe des 19, selon Khalida Toumi, ne reviendra pas sur sa démarche pour rencontrer le chef de l'Etat. «A ce que je sache, nous n'avons pas demandé la lune (...) rencontrer son excellence le président de la République est un droit que la Constitution nous garantit en tant que citoyens. Si nous souhaitons le voir (le chef de l'Etat, Ndlr), c'est pour lui dire toute notre inquiétude à propos de la situation du pays», a observé Toumi. Elle s'adresse encore une fois aux auteurs de la cabale contre Mme Hanoune, en leur disant qu'à travers de tels agissements «vils», ils étaient en train de donner la preuve que «le diagnostic des 19 est juste». «Vous nous donnez la preuve que nous avons raison de demander à voir le Président. Surtout, vous nous donnez la preuve que si vous prenez le pouvoir, vous installerez un système totalitaire», dénonce Mme Toumi. De son côté, la moudjahida et sénatrice Zohra Drif-Bitat a indiqué qu'elle avait vécu «avec tristesse les attaques contre notre sœur et battante Louisa (Hanoune). Je tiens à dire que nous sommes avec elle». Elle relève qu'au sein du groupe «nous nous attendons à des attaques encore plus viles». La moudjahida s'est félicitée de l'écho retentissant qu'a eu la démarche des 19 personnalités auprès de la population. Un soutien qui s'est matérialisé à travers une pétition signée par plus de 1 200 personnes dont des anonymes mais aussi des personnalités connues. «C'est cette réponse que nous opposons à ces vils personnages», souligne Mme Bitat. La patronne du PT, Louisa Hanoune, a tenu à remercier les citoyens pour l'élan de solidarité qu'ils lui ont témoigné après les attaques dont elle a fait l'objet. Elle a aussi témoigné le soutien du «G19» à l'appel des 92 parlementaires opposés à la loi de finances 2016 et qui ont adressé une lettre au président de la République l'invitant à ne pas signer le texte «mortel pour l'Algérie» en ce qu'il consacre un renoncement au caractère social et républicain de l'Etat algérien. Louisa Hanoune a annoncé qu'un site internet sera créé incessamment afin de permettre aux citoyens de tout bord de signer la pétition appelant le Président à recevoir les membres du «G19». Pour sa part, le romancier Rachid Boudjedra s'est dit en colère contre le niveau «de déliquescence tant sur le plan culturel, social et matériel, auquel est arrivé le pays», regrettant que le budget de la culture soit réduit de près de 40%.