C'est une certaine tendance haussière que les cours du pétrole affichaient hier, lors des échanges européens mais aussi en Asie. Ainsi, le baril de brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, valait 30,86 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,61 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light sweet crude (WTI) pour la même échéance prenait 1,35 dollar à 30,88 dollars. Plus tôt en Asie, le baril de WTI), progressait de cinq cents à 29,58 dollars tandis que le brent gagnait 13 cents à 29,38 dollars. Un rebond asiatique que les déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, évoquant la nécessité de «réévaluer et peut-être revoir» la politique monétaire lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, le 10 mars, ont stimulé. Après avoir hésité sur la marche à suivre une bonne partie de la séance, les cours du brent et du WTI ont franchement rebondi la veille jeudi, dans le sillage de la publication des derniers chiffres du département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves américaines de brut, qui ont montré un fort déclin des stocks de produits distillés (- 1 million de barils). Notons que mercredi, le WTI était tombé à 26,19 dollars avant de clôturer à 26,55 dollars, son plus bas depuis mai 2003. Le brent était également passé sous les 28 dollars, un plus bas de 12 ans. Après un recul de près de 30% depuis le début de l'année, les prix du pétrole ont ainsi connu un rebond impressionnant qui a ramené à la fois le brent et le WTI au-dessus des 30 dollars le baril. Soit un seuil-plancher en dessous duquel les deux contrats s'étaient installés depuis une semaine, notait un analyste. Cela même si l'on met en garde contre l'idée qui consisterait à considérer que les prix de l'or noir ont touché leur plancher. «C'est la fin de la semaine. Et depuis trois semaines, les marchés démentent les analystes qui prédisent un rebond», considérera un observateur. Un autre analyste estimait cependant qu'il n'y avait pas eu de réel catalyseur dans les fondamentaux de l'offre et de la demande permettant d'expliquer ce rebond. L'incertitude sur une reprise des cours durable demeure en effet, à cause des facteurs baissiers continuant à peser sur le marché, et notamment la forte hausse des stocks de brut (+4 millions de barils) et d'essence (+4,6 millions de barils) enregistrée lors de la semaine achevée le 15 janvier. Mais aussi en raison des propos tenus par un opérateur saoudien. En effet, le président de la compagnie pétrolière nationale saoudienne Aramco, Khalid al-Falih, a estimé que les prix du pétrole étaient «irrationnels» lors d'un débat sur l'énergie organisé dans le cadre du Forum économique mondial de Davos. Pour autant, il n'a donné aucune indication que son pays soit prêt à limiter sa production pour aider les cours à se redresser : «Si les prix demeurent bas, nous serons capables de résister pendant très longtemps. Nous ne l'espérons pas, mais nous y sommes préparés», a-t-il dit, rappelant que son pays affichait «les coûts de production les plus bas de la planète». Les cours ayant plongé en raison d'une offre largement excédentaire que n'arrive plus à absorber une demande moribonde, en raison du ralentissement économique mondial, et notamment de la Chine, la perspective d'un retour du brut iranien sur le marché ne fait que contribuer à faire baisser les prix. C. B./Agences La chute des cours, «une bénédiction» pour les pays du Golfe ! La chute des prix du pétrole, principale source de revenus des pays du Golfe, constitue une chance pour eux de mettre fin à leurs subventions et introduire des réformes économiques. C'est ce qu'indiquaient hier à Davos, en Suisse des ministres de ces monarchies arabes. «Avec des prix bas (...), c'est le bon moment» de réduire les subventions sur les produits pétroliers, a déclaré le ministre koweïtien des Finances Anas Saleh lors du Forum économique mondial. Lors d'un débat sur l'avenir des réformes économiques dans le monde arabe, M. Saleh, qui occupe les fonctions de ministre du Pétrole par intérim, a également estimé que le prix bas du pétrole rendrait moins pénible, pour les consommateurs, la levée des subventions sur les produits pétroliers. «Il s'agit d'une opportunité pour les gens de faire la bonne chose, qui est de payer le coût réel de l'énergie», a indiqué de son côté le ministre émirati de l'Energie, Suhail al-Mazroui, qui participait au même débat. «Nous devons repenser les réformes majeures qui feront en sorte que nos budgets ne dépendent pas des recettes pétrolières», a-t-il dit. Après avoir libéralisé les prix en juin dernier, les Emirats cherchent à lever les subventions sur d'autres produits et services, a poursuivi M. Mazroui, citant l'exemple des subventions encore existantes sur l'électricité. «C'est malsain», a-t-il dit, parlant du gaz vendu à des fournisseurs d'électricité avec un taux de subvention. Il a souligné la nécessité d'«appliquer les prix du marché international». Le chef du Bureau du développement économique de Bahreïn, Khalid al-Roumaihi, est même allé plus loin, qualifiant la chute des recettes pétrolières comme une «bénédiction déguisée» car elle fournit une chance pour les réformes». Selon lui, la chute des revenus pétroliers, qui représentent le gros des recettes des Etats du Golfe, peut avoir comme conséquences des réformes fiscales et un élargissement de la base économique de ces pays. Le ministre koweïtien a déclaré que si les prix venaient à remonter, les gouvernements devraient «envisager de rationaliser les subventions (...) pour ceux qui en ont besoin».