Ils sont d'origine européenne, ils ont épousé la cause algérienne et ont rejoint le FLN durant la guerre de Libération. Ils se sont battus aux côtés des Algériens pour une Algérie libre et indépendante. Aujourd'hui, leurs familles se battent pour que l'Algérie indépendante dédie des lieux publics aux noms de ces moudjahidine et chouhada pour leur rendre hommage et justice. Salima Akkouche – Alger (Le Soir) - «Que vaut la vie d'un homme, surtout la mienne, ce qui compte, c'est l'Algérie, son avenir, je vais mourir mais l'Algérie sera libre demain», ces mots ont été prononcés par Fernand Iveton avant son exécution à la prison de Serkadji, le 11 février 1957. Pour que nul n'oublie, un hommage a été rendu hier au cimetière chrétien de Saint-Eugène à Iveton, l'enfant de Salembier qui a offert sa vie pour l'Algérie, et à Georges Acompora, l'enfant de Bab El-Oued, ancien condamné à mort, qui a consacré sa vie pour une Algérie libre, indépendante et tolérante, décédé le 11 février 2011. Au total, il y a eu une soixantaine d'exécutions à Alger de martyrs d'origine européenne, selon Colozi Félix, moudjahid, compagnon de Fernand Iveton. Pourtant comme beaucoup de pages de notre histoire, ces noms restent anonymes pour de nombreux Algériens. Est-il tabou d'évoquer ces noms comme étant des moudjahidine ? Dans une lettre adressée par la famille Henri Maillot, cette dernière se demandait pourquoi ces moudjahidine d'origine européenne dont l'attachement à la patrie et le sacrifice ne sont plus à prouver, sont bannis du carré des martyrs ? Leurs noms, s'insurge-t-on, ne figurent sur le fronton d'aucun lycée ni université ni encore moins sur un lieu public. Pour que leur combat ne soit pas vain et pour qu'ils ne restent plus des oubliés de la Révolution algérienne, les familles lèvent encore une fois leur voix pour demander un lieu de mémoire pour ces moudjahidine pour qu'ils restent dans la mémoire collective. Colozi Félix, malgré son âge avancé, se rappelle encore de son compagnon et des actions qu'ils ont menées aux côtés des Algériens. L'homme qui faisait partie du groupe de Fernand Iveton lors du dépôt d'une bombe dit avoir encore des remords pour l'exécution de ce dernier. Les choses auraient pu être différentes. Comment ? Colozi porte les remords d'un procès qui fut expéditif et durant lequel son témoignage n'a pas été pris en considération. «Nous avons été graciés mais pas Iveton» dit-il amèrement comme s'il s'en voulait de rester encore en vie. Iveton, raconte-t-il, ne voulait pas que la bombe tue des personnes, c'est pourquoi, il a décidé de la déposer pour qu'elle explose à 19h30 au lieu de 18h30 à l'usine de gaz située à Ruisseau, où il était tourneur. «Il voulait une explosion témoignage et non meurtrière» dit-il. «Nous avons été torturés pour leur donner le lieu du laboratoire où étaient fabriquées les bombes, Iveton a fini par leur dire qu'il connaissait le lieu mais il a conduit les policiers sur une fausse piste. Malheureusement, il a été arrêté encore une fois en tentant de s'enfuir et il a dit que la femme qui lui a donné la bombe était une blonde alors que Jaqueline Guerroudj était une brune» a rapporté Colizi.