Dans notre voyage culinaire, nous allons rafraîchir la mémoire de beaucoup d'entre nous qui auront peut-être oublié cette recette miracle à laquelle toutes les mamans algéroises recouraient lorsqu'elles étaient à court d'idées au moment de préparer le repas. C'est une des recettes les plus simples et les moins coûteuses que les ménagères d'Alger et sa périphérie improvisaient pour un déjeuner express. Mes souvenirs sont restés très frais dans ma mémoire et je me rappelle tous les détails la première fois que j'ai goûté à cette fameuse batata mchermla qui est devenue par la suite mon plat fétiche durant très longtemps et je pouvais en manger à tous les repas du jour sans jamais m'en lasser. C'était un plat que ma mère réussissait à préparer en un tour de main tellement elle l'avait cuisiné, mais chaque fois que je le goûtais, il me laissait à la bouche une saveur particulière de beurre vieilli mélangé au goût légèrement pimenté du carvi frais que ma mère pilait elle-même. Je me rappelle encore son vieux pilon en étain jauni qui me laissait un son de cloche mélodieux à l'oreille. C'est un pilon que je garde jalousement encore aujourd'hui car il ma rappelle tant de souvenirs de notre vieille maison de La Casbah. Dans la minuscule cuisine aux rideaux en toile de Vichy rouge et blanc, ma mère cuisinait toutes sortes de plats aussi bons et goûteux les uns que les autres. Elle s'affairait dans cet espace restreint et me poussait délicatement pour me dégager de ses jupons auxquels je m'accrochais. Je ne la quittais pas d'une semelle car la cuisine m'attirait et je voulus, dès mon plus jeune âge, m'initier à l'art culinaire qui me fascinait. Ma mère ayant remarqué mon attirance particulière pour la cuisine m'encourageait en me faisant participer à la réalisation des recettes qu'elle concoctait et me confiait de vraies tâches comme on le faisait pour les aides-cuisiniers dans les plus grands restaurants. C'est ainsi que j'ai appris tellement de merveilleuses choses sur l'art culinaire que j'en ai fait une de mes passions. Ingrédients 500 g de pommes de terre Quelques branches de coriandre fraîche Quelques branches de persil plat 3 à 4 gousses d'ail 1 c. à s. de concentré de tomates 2 c. à c. de paprika 2 c. à c. de carvi 1 filet de jus de citron 3 c. à s. d'huile d'olive ou végétale selon les goûts Sel, poivre, de l'eau Préparation On commence d'abord par laver et éplucher les pommes de terre puis les rincer abondement à l'eau claire et les sécher. Les couper en petits dés plus ou moins réguliers pour une cuisson homogène. Saler et poivrer puis les faire cuire à la vapeur. Veiller à ce qu'ils ne soient pas trop cuits. Préparer entre-temps la dersa. Dans un saladier en verre, écraser l'ail et le faire revenir dans une poêle avec un peu d'huile en veillant à ce qu'il ne brûle pas. Ajouter le persil et la coriandre ciselés finement, le concentré de tomates puis les épices. Ajouter un demi-verre à thé d'eau et bien mélanger le tout avec une cuillère en bois pour obtenir une sauce homogène épaisse. Laisser mijoter pendant quelques minutes à feu doux puis incorporer les cubes de pommes de terre. Faire revenir pendant un petit moment en mélangeant délicatement pour ne pas endommager les dés de pommes de terre. Ajouter un peu d'eau et rectifier l'assaisonnement si nécessaire puis arrêter la cuisson. Au moment de servir, parsemer de persil ciselé et arroser d'un filet de citron. On peut accompagner cette recette d'une bonne salade de laitue.