De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari A La Haye, que le droit, rien que le droit, concernant le Sahara occidental. Comme il y a quarante ans. Récit d'un colloque pas comme les autres. Le Crowne Plaza de La Haye, à quelques encablures seulement de la prestigieuse Cour internationale, qui avait, l'on s'en souvient, dénié au Maroc le droit de revendiquer le Sahara occidental, organise un important symposium «The western Sahara problem and the role of Europe». Les participants au colloque qui interviendront après Mohamed Khadad, membre de la direction de la République sahraouie et représentant du Polisario au sein de la mission des Nations-Unies pour un référendum au S.O. (Minurso), sont de grosses pointures du droit international, des eurodéputés spécialisés dans le dossier, des experts de la question coloniale, des journalistes-reporters qui ont couvert la guerre entre 1975-1991, date du cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario, des avocats de renom et des représentants de différentes universités prestigieuses. Joaquim Da Fonseca, ambassadeur du Timor-Est auprès du Royaume-Uni, interviendra en premier lieu pour mettre en exergue les similitudes entre la question du Timor (aujourd'hui indépendant) et celle du Sahara occidental toujours en attente de l'organisation du processus référendaire onusien, le docteur Lauri Hannikainen, (professeur émérite à l'internation Law - Finlande) évoquera, en ce qui le concerne, «the reasons why the sahrawi people have the right to self-determination». M. José Nascimento (Afrique du Sud) Attorney de son Etat parlera de la position de l'Union africaine sur le dossier. Après la pause-café de la journée d'hier, c'est au tour de Carlos Martin Beristain de convoquer «l'historique des graves atteintes à la mémoire du peuple sahraoui». Le professeur Carlos Beristain est enseignant à l'Institut psycho-social de Deusto university-Espagne. Lui succédant à la tribune, Kerime Van Opijnen (environnement et développement - Norvege university) s'étalera sur «les arrestations et les déportations massives perpétrées par la police marocaine au Sahara occidental», alors que Abeida Mohamed Bouzeid (Afapredesa - S. occidental) interviendra sur les «disparitions forcées» dans le S.O. sous occupation. La première partie du colloque était placée sous le générique «Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique». La seconde, dans l'après-midi, recouvrait la thématique «le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental». Sont intervenus longuement, pour apporter des éclairages et des expertises Erik Hagen, journaliste, coordinateur du groupe «Protection des ressources du Sahara occidental», Norvège, le Pr Juan Soroeta, professeur de droit international - Pays Basque-Espagne (aperçu sur l'arrêt de la Cour européenne de justice invalidant l'Accord agricole UE-Maroc). En clôture de ce chapitre, la parole a été prise par maître Gilles Devers, barreau de Lyon et principal avocat du Polisario auprès de la Cour européenne de justice de Luxembourg. Maître Devers intitulera son exposé «Quelques remarques sur l'arrêt de justice européen». Selon ce brillant avocat français, l'appel de l'UE contre la décision des magistrats de Luxembourg est voué à l'échec parce que le premier jugement est blindé sur l'essentiel. Le Sahara occidental «n'est pas reconnu en droits international et européen comme marocain», ce territoire est «non-autonome relevant de la doctrine des Nations-Unies en matière de décolonisation», le «Polisario est légitime à ester en justice». De ces faits, il ressort, indiscutablement, que les Accords agricole et de pêche englobant le Sahara occidental et conclus entre Bruxelles et Rabat sont illégaux et sont et seront, encore, invalidés. La journée d'hier devait se conclure par une table ronde animée par le professeur Christine Chinkin, professeur de droit international, université de Londres et Roger Clark, professeur at Rutgers school of law, USA... Les deux derniers orateurs, anglo-saxons, de l'école de la rigueur et du fait, uniquement le fait, ne semblaient pas vouloir faire de cadeaux à l'occupant marocain. Nous y reviendrons. Aujourd'hui, étaient inscrits au programme comme intervenants Frank Willems (Pays-Bas, coordinateur de réseaux de soutien à l'autodétermination du peuple sahraoui), Julia Finer (université de Stockholm) qui exposera sur «la position de la Suède et la question sahraouie», Ana Gomes, eurodéputée, membre du groupe interpalementaires «Paix pour le peuple sahraoui».Dans l'après-midi d'aujourd'hui, prendront la parole Helena Olson (post-graduation- éducation administrative university of Uppsala - Suède), Clive Symmons (recherche associée, collège de la Trinité, Dublin - Irlande) et le professeur Jeffrey Smith, Barrister and international legal Counsel to the Sadr gouvernement - Canada. Les thématiques développées par ces trois derniers colloquants sont un véritable requisitoire contre le Maroc, la non-application du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et, aussi, contre les louvoiements de l'Union européenne par rapport au dossier. La Haye a dit, hier et avant-hier, le droit, rien que le droit sur la question sahraouie. Comme il y a quarante ans...