Le don d'organes a fait l'objet d'une rencontre de sensibilisation de haut niveau, jeudi dernier à l'Ecole paramédicale de Tiaret, à l'initiative collective de la Direction de la santé, l'Office des établissements de jeunes et la Fédération nationale des insuffisants rénaux (Fnir). Ciblant principalement les professionnels de la santé, les médias, les associations et quelques malades «greffés», cette manifestation a été marquée par la participation de trois éminents professeurs dans le domaine que sont successivement Tahar Rayane, Benbadji, et Hammouche. Aussi, pour cerner ce thème dans toutes ses péripéties, les organisateurs ont fait appel à des intervenants dans différents domaines liés à la problématique. Lors de son allocution d'ouverture, le wali de la wilaya qui a tenu à saluer ce genre d'initiatives pour éclairer l'opinion publique sur le sujet n'a pas été sans mettre en exergue les efforts déployés dans le secteur de la santé en termes d'investissement, citant à titre indicatif, le complexe mère-enfants et l'hôpital de Sougueur, deux nouveaux projets en voie d'achèvement ou encore le futur centre anti-cancer. S'agissant des communications, c'est le professeur Tahar Rayane de l'Institut national du rein qui ouvrira le bal avec la présentation d'un état des lieux sur la greffe en Algérie non sans faire parler les chiffres, soulignant que la première transplantation rénale a eu lieu en Algérie le 14 juin 1986. Le même intervenant devait préciser que seulement 1 000 patients ont été greffés en 27 ans soit 37 par an , ce qui est en decà des besoins, alors que 9 000 malades en quête de greffe sont inscrits sur les listes d'attente, a-t-il affirmé. Autrement dit, il faudrait 60 ans pour pouvoir les prendre en charge, lance-t-il d'un ton teinté de regrets. Poursuivant son intervention, le professeur devait s'appesantir sur les obstacles endiguant le développement de la greffe en Algérie, citant entre autres, le recrutement insuffisant de donneurs vivants, les difficultés pour réaliser les bilans pré-greffe, le manque de motivation et d'intéressement des acteurs de la greffe, la pénurie de médicaments (consommables et réactifs), l'absence de campagnes de sensibilisation au don d'organes... Abordant le volet ressources humaine en Algérie, le praticien fait état d'un peu plus de 500 néphrologues et 9 professeurs répartis sur plusieurs établissements hospitaliers dont 13 CHU. Prenant le relais et tout en commentant un film-documentaire proposé pour la circonstance, M. Boukhors porte-parole de la Fnir, devait reconnaître qu'il n'est pas facile de convaincre le citoyen de donner ses organes après son décès, mais il faudrait instaurer cette culture à partir de la famille, car, estime-t-il «ce geste provenant d'une personne en état de mort encéphalique notamment, peut aider, voire sauver des malades en attente d'une greffe rénale, hépatique, cardiaque, pulmonaire ou pancréatique». A ce titre, poursuit le même orateur, l'apport du religieux est très important d'autant plus que la loi et la charia permettent cette transplantation. Pour ce qui est de la greffe de vivant à vivant, celle-ci s'effectue normalement pour le rein et à un degré moindre pour le foi alors que des milliers de malades ne trouvent pas de donneurs vivants. Cela dit, «le citoyen peut porter une carte de donneur et la confier à sa famille pour que ses organes soient donnés après son décès», conclut-il. La deuxième partie des communications a permis en premier lieu au représentant des affaires religieuses de mieux cerner la problématique, soulignant qu'il n'a jamais été interdit d'effectuer des transplantions à partir d'un mort quand il s'agit de sauver des vies humaines. L'intervenant a présenté une multitude d'avis sur la question non sans s'inspirer de théologiens et de muftis de renom. Les volets juridique, médico-légal et psychologique assurés respectivement par maître Bouras, avocat à la cour, Dr Hellal de l'hopital Youssef-Damardji et Mme Fatiha Besseghir exerçant à la maison de jeunes de l'ex-Lombard de Tiaret, ont figuré en bonne place parmi le programme de cette manifestation, laquelle a suscité un débat on ne peut plus richissime à plus d'un titre.