Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Benramdane Farid, conseiller à la pédagogie au ministère de l'éducation, à propos des nouveaux programmes : «Nous avons seulement apporté des réajustements à la réforme de 2003»
La machine de la réforme du système éducatif démarre à partir de septembre prochain. De nouveaux programmes seront introduits pour les classes de première année primaire et moyenne. Qu'est-ce qui attend ces élèves qui découvriront les programmes dits de deuxième génération ? «Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'un changement dans les méthodes d'enseignement qui porte sur un réajustement de type qualitatif sur la réforme de 2003», répond Benramdane Farid, conseiller de la ministre de l'Education nationale et membre de la commission nationale des programmes. Benramdane rappelle qu'il ne s'agit pas de la réforme de Benghebrit mais de l'application de la réforme de 2003, décidée par le président Bouteflika. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - A partir de septembre prochain, l'école fera sa rentrée avec des programmes de deuxième génération. Il ne s'agit pas d'un changement radical, assure Benramdane Farid, conseiller de la ministre de l'Education chargé de la pédagogie et membre de la commission nationale des programmes. C'est quoi un programme de deuxième génération ? M. Benramdane explique que le système éducatif actuellement s'appuie sur une méthode d'enseignement centrée sur la mémorisation. «Les élèves passent leur temps à répéter et à restituer, alors que l'élève doit apprendre aussi à utiliser ses connaissances, ses compétences et son intelligence. Ce que nous allons faire à partir de la rentrée prochaine, c'est un équilibre entre ces deux types d'enseignement». Il s'agit, dit-il, d'apporter des réajustements sur deux ou trois points précis qui sont les valeurs algériennes et les langages fondamentaux qui sont la langue arabe, les mathématiques et les langues étrangères. Les programmes vont aussi, dit-il, donner désormais une priorité à un contenu algérien. «Lors de notre évaluation, nous avons découvert que l'histoire nationale commençait avec Okba Ibnou Nafaâ, les jeunes sortent de l'école sans jamais avoir entendu parler de Jugurtha, de Massinissa, ni de Micipsa, il y avait donc une histoire nationale réductrice, réduite à un phénomène de dés-algérianité de ce pays. Dans le rapport que nous avons adressé au président, nous avons décidé de réhabiliter l'histoire afin de construire une représentation de la nation sans exclusion ni à caractère linguistique ni culturel, ce pays n'a jamais été monolingue. Il ne faut pas comprendre par la modernisation, l'occidentalisation, nous voulons assurer la transmission des valeurs, l'école a le devoir d'assurer la pérennité de cette nation laissée par Massinissa, Saint Augustin, si Mohand Umhand, Ben Bella, Boumediène et tant d'autres», a indiqué l'ancien membre de la commission Benzaghou. Selon lui, des tendances «inverses ont tout fait pour commencer par le monde arabe et non sur l'Algérie dans les matières d'histoire et de géographie. Les gens qui attaquent la réforme de l'école, sont des gens qui veulent revenir à une perception historique sans ancrage parce que pour eux, l'algérianité n'existe pas, elle est une sorte d'accident de l'histoire», a-t-il soutenu. Les programmes actuels, dit-il, sont fondés sur deux principes, l'unité nationale et la défense de l'intégrité territoriale. Le projet n'est pas celui de Benghebrit mais une continuité de la réforme de 2003 Selon M. Benramdane, dire que c'est la réforme de Benghebrit «c'est faux» ! «Nous sommes dans la réforme de 2003, nous ne changeons rien du format, on le prend tel qu'il est, car il n'a pas été appliqué à 100% de ses capacités. Il faut se rappeler que le président Bouteflika a installé une commission en mai 2000, dans sa lettre de mission, il a demandé aux 150 membres de cette commission pour réfléchir la refonte totale de l'école sur toute une génération», a-t-il indiqué. Selon lui, quand un enfant a un capital linguistique de 4 000 à 5 000 heures de langue arabe à l'issue du secondaire et 1 200 heures en français et 800 heures en anglais, en principe, il devrait s'exprimer sans aucun problème. Deux évaluations du système et deux conférences nationales ont été organisées. Le bilan établi fait que 85% des problèmes sont des problèmes pédagogiques. «Alors pourquoi voulez-vous que l'on change ? Il y a des insuffisances de type structurel et non conjoncturel et nous n'avons pas non plus pris en compte le volet de la formation, l'évaluation de l'enseignement, des apprentissages, des établissements, des acquis des élèves... ce à quoi nous allons y remédier avec l'installation des mécanismes d'évaluation pour les professeurs et les élèves», a indiqué cet expert. C'est quoi le livre unique ? Le livre unique pour les classes de la première année primaire et deuxième année moyenne qui sera introduit à partir de l'année prochaine est un livre qui devra alléger le cartable des élèves. Il y aura un livre regroupant les matières scientifiques comme les mathématiques et l'éducation scientifique, et un autre regroupant les matières comme l'arabe et l'éducation religieuse. L'enseignement technique réhabilité L'enseignement technique abandonné depuis plusieurs années sera réhabilité. «L'enseignement technique constitue 10% de notre enseignement alors qu'il est de 30% dans d'autres pays, nous avons un enseignement généraliste actuellement, et ce n'est pas avec un enseignement pareil que nous réaliserons le développement de ce pays», a indiqué cet expert. Formation depuis avril 2015 des enseignants et inspecteurs pour les nouveaux programmes Selon le conseiller de la pédagogie au ministère de l'Education, la formation sur les nouveaux programmes a été mise en place depuis avril 2015 et a touché 16 00 inspecteurs et 60 000 enseignants. L'échec scolaire par les chiffres Selon M. Benramdane, il y a 96% de réussite en 5e année primaire mais le taux de redoublement est de 25% en première année moyenne. Le taux de scolarisation en 1re année primaire est d'environ 99% et le taux de redoublement en 2e année primaire est de 14%. Le taux de réussite au BEM est d'environ 74%, or, le taux de redoublement en première année secondaire est de 15%. Même taux pour l'exclusion. Soit, il y a 30% d'élèves qui redoublent et qui sont exclus dès la première année secondaire. Quand 100 élèves rentrent en première année primaire, seuls 4 obtiennent le baccalauréat sans redoublement et quand 100 rentrent en première année secondaire, seulement 10 obtiennent le baccalauréat.