Les grèves à répétition dans le secteur de l'éducation nationale ont fait perdre aux élèves deux années d'apprentissage depuis 2003. Selon Benramdan Farid, inspecteur général de la pédagogie au ministère de l'Education nationale «toute une génération, entre 2003 et 2015, a été sacrifiée». Pour rectifier la situation, dit-il, le secteur a besoin d'une stabilité durant cinq ans, sans grèves, à raision de 32 semaines de cours par année scolaire. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) L'école algérienne aurait sacrifié toute une génération. L'aveu qui vient de l'inspecteur général de la pédagogie au ministère de l'Education nationale est amer. Cette génération issue de la réforme scolaire de 2003, selon ce pédagogue, n'est pas apte à intégrer le marché de l'emploi. Pis, il dira que c'est «une cohorte sous-qualifiée pédagogiquement et disqualifiée scientifiquement». M. Benramdan ne remet pas en cause la réforme scolaire. La raison de cette situation est les grèves répétitives dans le secteur. Ainsi, les différents intervenants lors de la journée parlementaire organisée hier sur la réforme de la refonte du système scolaire ont dressé un réquisitoire contre les grèves dans le secteur de l'éducation. Le secteur est instable depuis 2003 en raison des grèves à répétition, a rappelé dans son intervention la ministre de l'Education nationale. Ceci a d'énormes conséquences. Farid Benramdan a rappelé que l'année dernière, les élèves n'ont cumulé que 24 semaines de cours durant toute l'année scolaire contre 38 semaines, ailleurs. Cette situation dure malheureusement depuis 2003, dit-il. Résultat : les élèves des cycles secondaire ou moyen ont un retard de deux années d'apprentissage. «Il y a un écart de deux ans entre un élève algérien en fin de cycle moyen ou secondaire par rapport à un autre élève du même niveau, ailleurs. Soit, lorsqu'un élève en Tunisie est en troisième année secondaire, le niveau d'un élève algérien de la même année a en réalité un niveau de la première année secondaire». Poursuivant la comparaison, M. Benramdan a ajouté qu'un élève au Qatar cumule un volume de plus de 1 200 heures de cours tandis qu'en Algérie, le volume cumulé est de 468 heures. Ceci en sachant qu'en Algérie, le cycle moyen est compté quatre années et non trois. «Nous avons le volume horaire le plus faible dans le monde», a-t-il indiqué. L'intervenant a aussi indiqué que 30% des élèves, soit le quart, quittent l'école avant d'atteindre l'âge de 16 ans. L'intervenant qui exclut le retour à la méthode du seuil pour l'examen du bac a indiqué que le secteur doit connaître une stabilité de cinq ans à raison de 32 semaines de cours durant une année scolaire pour atteindre le niveau des années 1990. D'où, dit-il, la nécessité de signer une charte d'éthique et de stabilité du secteur, proposée aux syndicats autonomes. Benramdan a aussi annoncé la tenue d'une conférence nationale de concertation en juillet prochain sur la réforme du cycle secondaire.