Mis à part la longue période du règne de Boumediène qui les avait totalement écartées de toute mission politique, les zaouïas se sont vu accorder un rôle prépondérant dans la sphère politique, notamment dans la bénédiction pour les nouveaux présidents. M. Kebci - Alger (Le Soir) - La tournée que vient d'entamer l'ex-ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, à travers des zaouïas du pays, juste après son retour controversé au pays, relance de plus belle le débat sur le rôle de ces enceintes religieuses sur la scène politique nationale. Une mission qui, cependant, est loin de relever de l'inédit tant ces lieux ont, presque de tout temps, été sollicités pour apporter la bénédiction nécessaire aux options des maîtres du moment, notamment dans le choix du président ou pour se mettre au service du maître du moment, fut-il un colonisateur. Comme fut le cas lors de la longue nuit coloniale où l'association des Ulémas, qui n'a dû, elle aussi, se mettre dans le wagon révolutionnaire que plus tard, a eu à dénoncer ces zaouïas pour accointance avec le colonisateur. Une attitude que le défunt président Houari Boumediène a adoptée le long de son règne, à tel point que l'on n'entendait que rarement des zaouïas tant elles n'étaient le sujet que de leurs adeptes. Ce n'est qu'à l'arrivée au palais d'El Mouradia, du défunt président Chadli Bendjedid dont l'épouse est la fille d'une zaouïa de Mostaganem, que ces structures ont entamé leur immixtion dans l'arène politique, et ce, par l'entremise de feu Larbi Belkheir, alors chef de cabinet du président de la République. Depuis, ces zaouïas n'ont jamais cessé de susciter l'intérêt des faiseurs de présidents et même de ministres. Il n'y a qu'à se remémorer Abdelaziz Bouteflika, alors en pleine longue traversée du désert, effectuant des pèlerinages récurrents à la zaouïa Cheikh Belkebir d'Adrar dont le wali à cette époque, un certain Abdelmalek Sellal, entourait de tous les soins nécessaires. On affirme que l'ex-chef de la diplomatie savourait de longues siestes tout près de la tombe du saint-patron Belkebir. A son arrivée à la magistrature suprême en avril 1999, il se verra offrir le réseau des zaouïas par son directeur de cabinet d'alors, feu Larbi Belkheir, et dont il ne cessera d'user pour asseoir son règne et pourquoi pas, assurer sa succession. Car pour beaucoup d'observateurs, l'option des zaouïas adoptée par Khelil rappelle non sans intérêt, la démarche de Bouteflika d'avant son accession à la présidence de la République. Un procédé qui n'est pas, cependant, l'apanage des seuls faiseurs de présidents et de ministres puisque bien de chefs de partis de l'allégeance y recourent pour s'assurer une «purification» et ainsi être dans l'air du temps, en imitant les maîtres du moment dans l'optique de se maintenir à la périphérie du pouvoir pour ceux qui y sont déjà à l'image de Amar Ghoul et y accéder pour ceux qui le veulent à l'image de Naïma Salhi ou encore de Mohamed Benhamou. De son côté, le FLN se prépare même à dédier un colloque à ces zaouïas, parties prenantes de l'initiative portant un nouveau front d'action pour soutenir le programme du président de la République. Des zaouïas qui, selon le vieux front, ont joué et jouent encore un «grand rôle dans la sauvegarde de l'identité et des constantes nationales».