Du si�ge du Conseil europ�en � Bruxelles, Aziouz Mokhtari La visite entam�e, d�s hier, � Bruxelles par le pr�sident am�ricain est consacr�e dans la rh�torique de la Maison-Blanche comme �tant celle de la "r�conciliation" de la "page tourn�e" et du "futur" entre ces immenses entit�s alli�es que sont l'Union europ�enne et les Etat-Unis. Les r�alit�s et les int�r�ts supr�mes des uns et des autres relativisent, cependant, ce soudain �lan de sympathie des "States" envers "la vieille Europe" telle que, d�daigneusement et m�chamment d�finie par Donald Rumsfeld � la veille de l'exp�dition punitive contre l'Irak de Saddam Hussein. Cet int�ressement "suspect" de G. Bush II envers l'Union europ�enne a, pourtant, des fondements th�oriques et aussi, pour les Am�ricains, des cons�quences pratiques � court et moyen terme non n�gligeables. Tout d'abord, parce que les USA, maintenant qu'ils ont prouv�, par la puissance des armes et, selon eux, par la perspicacit� politique, que les �lections g�n�rales en Irak — r�ussies il faut le souligner — ont consacr�e, un bras de fer avec la France, l'Allemagne ou l'Espagne de Zapatero leur para�t aussi inutile que, politiquement, non rentable. Les strat�ges tant de la Maison-Blanche que du Pentagone semblent revenir � une pens�e g�o-strat�gique, plus proche des "petits pas" de Kissinger que celle des "gros sabots" d'un Dick Cheney ou d'un Donald Rumsfeld. Condoleezza Rice, elle-m�me faucon parmi les m�chants faucons et tr�s "remont�e" contre la France et l'Allemagne, beaucoup plus intelligente et experte que ne veulent la pr�senter certains m�dias du "Vieux- Continent", trouve son compte dans cette nouvelle mouture de la diplomatie de son pays. C'est � elle, en effet, qu'a �t� confi�e l'ingrate mais � combien utile mission d'adresser quelques signaux forts � des poids lourds de l'Union europ�enne. A la France chiraquienne, elle a transmis la nouvelle r�flexion de Bush consistant � ne point punir Paris comme cela a �t�, initialement, pr�vu. La g�n�rosit� et la cl�mence am�ricaines peuvent m�me, a laiss� entendre le Dr Condy, jusqu'� envisager de ne pas exclure d�finitivement Paris du projet GME (Grate Middle East ou Grand Moyen Orient) si ce dernier consent � mettre de l'eau dans son vin. Deux mati�res qui, pr�cis�ment, ne sont pas rares en Hexagone. Chirac h�ritant de De Gaulle le sens de la parade et de Mitterrand celui de la ruse, avait, d�j�, pressenti le coup. Aux affaires �trang�res il fait remplacer le fringant et trop anti-am�ricain de Villepin par un diplomate au ton nettement moins virulent que son illustre pr�d�cesseur. A l'ONU, la France s'empresse, contre toute attente, � parrainer une r�solution d'inspiration am�ricaine sommant la Syrie de quitter le Liban. Subrepticement, � petites doses et sans crier gare, la France a, sans beaucoup d'allant mais avec beaucoup d'opportunisme, quitt� le camp "anti-guerre" en Irak pour, sagement, attendre une probable mansu�tude am�ricaine. L'Allemagne, sans le nucl�aire fran�ais, sans une Russie forte et dans une Europe affaiblie par l'outrancier soutien aux USA des nouveaux arrivants ainsi que par le changement de majorit� en Espagne, le trop fran�ais Zapatero inqui�tant, G. Schroeder de par, selon Berlin, son alignement sans retenue sur Paris, s'est mise, dignement, en "stand-by". Que reste-t-il d�s lors du camp antiguerre en Irak ? La Belgique ? un changement de majorit�, ici, � "exil�" dans un poste de commissaire Louis Michel, l'ex-ministre f�d�ral qui, avec de Villepin et Joske Fisher, l'Allemand, constituaient "la b�te noire" des USA � la veille de leur guerre d'Irak. L'Europe r�calcitrante r�duite � sa plus simple expression, il ne restait donc plus � George Bush qu'� reprendre en main les affaires transatlantiques qui, au moment de la question irakienne, ont �t� quelque peu d�laiss�es pour ne pas approfondir le foss� existant alors entre les deux partenaires de l'OTAN... Dans son p�riple bruxellois, le chef de l'administration US a pr�vu dans son agenda de se r�unir avec les responsables des pays membres de l'Alliance. Le programme de G. Bush en Europe est, d'ailleurs, d'un ordonnancement rarement vu : d�jeuner en t�te-�-t�te avec le r�calcitrant Jacques Chirac, le lendemain petit-d�jeuner avec le fid�le alli� Tony Blair puis visite au si�ge de l'OTAN, ensuite, grand conclave avec les chefs d'Etat et de gouvernement des vingt-cinq membres de l'Union europ�enne. La veille, le pr�sident am�ricain aura tout dit et d�voil� lors d'un important discours qu'il aura prononc� au "concert noble", prestigieux, point de ralliement de la noblesse belge cr�� vers la fin du 17e si�cle par le roi L�opold II. Le 23 au matin, il quittera la capitale belgo-europ�enne pour l'Allemagne o� il s'entretiendra avec le chancelier G. Schroeder, une autre "t�te dure" de la vieille Europe...