L'annonce de la tenue, en septembre prochain, à Alger, d'une réunion informelle des pays producteurs de pétrole de l'Opep a donné des espoirs au marché pétrolier et les prix du baril frôlent, à l'heure actuelle, les 50 dollars. Bien qu'elle ne soit pas contraignante, cette rencontre, en marge d'un forum sur l'énergie, donne lieu à un espoir de voir les principaux pays producteurs s'entendre sur un gel de la production... même si, en l'état actuel des choses, un hypothétique accord dans ce sens est très improbable. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Les Saoudiens sont en train d'exercer une forte pression sur l'Iran en vue de l'amener à réduire sa production et permettre ainsi au marché de retrouver un semblant d'équilibre qui, souvent, est mis à mal. Mais Téhéran ne compte pas se laisser faire et maintient sa volonté d'augmenter sa production aux mêmes niveaux d'avant l'instauration des sanctions occidentales. La réunion informelle annoncée pour fin septembre à Alger pourrait bien n'être qu'un remake de celle de Doha en avril dernier, qui a vu les principaux producteurs échouer à trouver un accord pour le gel de la production. Il reste que la réunion d'Alger pourrait permettre à certains producteurs de se ressaisir surtout que les Saoudiens ont commencé à sentir les déficits, estime l'expert Mohamed Saïd Beghoul. «Peut-être assistera-t-on à un passage vers un autre quota ou alors verrons-nous diminuer la production, cependant cela m'étonnerait que l'on procède à la réduction de la production. Je pense que la réunion va ressembler à celle d'avril à Doha et celle de l'Opep de juin 2016 à Vienne», tranche notre interlocuteur. Mais alors pourquoi convoquer une réunion qui, au final, ne servira pas à grand-chose, sinon à rien ? D'après M. Beghoul, les Saoudiens insistent en quelque sorte pour que tout le monde «soit de la partie» et marche dans leur stratégie. «Cela n'a pas marché pour avril et juin, parce que l'Iran n'a pas voulu suivre, maintenant ils insistent encore et mettent la pression sur ce pays», relève-t-il. Si l'Iran va diminuer sa production ou que l'Arabie Saoudite diminue la sienne, les prix du baril peuvent augmenter. Cependant, cet expert exclut toute possibilité de voir l'Iran céder à la pression des Saoudiens. «Les Iraniens sont décidés à améliorer leur économie qui ne passe sûrement pas par une réduction de la production. Ce qui veut dire que les Iraniens persisteront dans leur position d'augmenter la production aux niveaux d'avant l'embargo occidental», insiste-t-il. Les Saoudiens, le vrai problème de l'Opep De son côté, Nazim Zouiouèche, ancien P-dg de la Sonatrach, estime que la réunion d'Alger, bien qu'informelle, reste qu'elle peut avoir son importance. Dans ce sens, il dira que «le risque est qu'elle soit un remake de la réunion de Doha» qui s'est soldée par un échec quant au gel de la production de l'Opep, à la différence que, cette fois-ci, les Russes seraient présents. Et les Iraniens ? «Ceux-ci n'ont pas annoncé, du moins à ma connaissance, leur présence à Alger. Il reste qu'ils ont toujours dit qu'à partir du moment où ils s'étaient mis d'accord sur la question du nucléaire (accord avec l'Occident, Ndlr), ils devaient augmenter leur production parce qu'ils avaient subi des préjudices pendant les sanctions occidentales». De l'avis de M. Zouiouèche, plus que les Iraniens, ce sont les Saoudiens qui posent véritablement problème au sein de l'Opep. «Comme l'Arabie Saoudite est le plus gros producteur de pétrole au sein de l'Opep, c'est elle qui joue le rôle de swing producer, c'est-à-dire celle qui fait les équilibres, et depuis qu'elle a décidé de maintenir sa production élevée quels que soient les prix, cela a fait échouer la réunion de Doha», note-t-il. Les Saoudiens exigent que les Iraniens réduisent d'abord leur production pour qu'ils s'y mettent eux aussi. M. Zouiouèche souligne que même avant que les Iraniens n'annoncent leur intention d'augmenter leur production au lendemain des accords sur le nucléaire, les Saoudiens, eux, avaient décidé de maintenir leur production très élevée pour conserver leurs parts de marché. La réunion de septembre à Alger pourrait, selon Zouiouèche, «au moins confirmer le niveau de 50 dollars le baril», en attendant la réunion officielle du cartel, en novembre, qui viendra probablement conforter ce qui sera décidé à Alger le mois de septembre. «J'ose espérer qu'il y ait, au moins, des intentions d'accord qui peuvent fouetter quelque peu le marché et faire remonter les prix», conclut M. Zouiouèche.