La conclusion d'un accord demeure l'option la plus probable de la réunion des pays producteurs de pétrole, hier à Doha (Qatar), mais les modalités de l'accord seront assez vagues. Cependant, l'hypothèse d'un échec n'était pas totalement écartée. Younès Djama - Alger (Le Soir) - L'un des principaux obstacles sur la voie de l'accord demeure les tensions politiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, estimait hier Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques, dans une déclaration au Soir d'Algérie. La plus grande partie des 18 pays réunis à Doha était en faveur d'un accord de gel de la production car (ils sont) conscients que l'absence d'accord risquerait de faire baisser significativement les prix du pétrole. «La conclusion d'un accord demeure l'option la plus probable mais les modalités de l'accord seront sans doute assez vagues. On ne peut cependant pas totalement écarter l'hypothèse d'un échec», commente l'expert, alors que se réunissaient à Doha les pays producteurs de pétrole membres de l'Opep et en dehors, dans l'espoir de stabiliser les prix. L'objectif est de geler la production au niveau du début 2016 jusqu'en octobre 2016 et de revoir la situation à cette date. Même sans participation de l'Iran, qui est de toute façon totalement exclue, la conclusion d'un accord entre producteurs serait importante pour les marchés pétroliers. En cas d'accord, les prix du pétrole ne vont pas bondir mais ce qui est capital pour les producteurs, c'est d'éviter de casser la dynamique de hausse depuis la mi-février, analyse M. Perrin, alors que dans l'après-midi rien ne filtrait de la réunion. «Doha ne sera pas la fin de l'histoire. Il y aura une réunion de l'Opep en juin, la poursuite des efforts de l'Iran pour accroître sa production et, surtout, les évolutions du marché pétrolier dans les prochains mois avec un très probable resserrement de l'écart entre offre et demande, ce qui est un facteur favorable pour les producteurs», conclut Francis Perrin. Plutôt dans la journée d'hier, s'ouvraient dans la capitale qatarie les travaux de la réunion des pays Opep et non Opep. Dix-huit pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ou extérieurs à celle-ci, dont la Russie, se sont retrouvés pour donner leur accord formel à un accord qui gèlerait jusqu'en octobre leur production à son niveau de janvier. Pour rappel, le principe de ce gel a été initié par quatre pays : Russie, Arabie Saoudite, Qatar et Venezuela, lors d'une réunion à Doha à la mi-février. Plusieurs pays dont l'Algérie ont affiché leur soutien à cette initiative dont le but est de participer à stabiliser le marché caractérisé par une offre surabondante et des prix orientés vers le bas au grand dam des pays qui vivent essentiellement de la rente pétrolière. Les tensions réapparues entre l'Arabie Saoudite et l'Iran menaçaient de compromettre la conclusion d'un accord contraignant sur le gel de la production pétrolière, le premier du genre depuis quinze ans impliquant pays de l'Opep et producteurs extérieurs au cartel, pour tenter de soutenir les cours. Selon des sources médiatiques présentes à Doha, la réunion officielle a été retardée après que l'Arabie Saoudite, chef de file de l'Opep, a informé les participants de sa volonté que tous les Etats membres (de l'Opep) s'associent à la décision. L'Iran a décidé de ne pas envoyer son ministre du Pétrole à Doha, Téhéran ayant clairement expliqué qu'il ne renoncerait pas à son quota de production historique d'avant les sanctions internationales dont une partie a été levée récemment. «La réunion de Doha est pour ceux qui veulent participer au plan de gel de la production», a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. «Dans la mesure où il n'est pas prévu que l'Iran signe ce plan, la présence d'un représentant de l'Iran à cette réunion n'est pas nécessaire», a-t-il ajouté. Les Saoudiens, en signe de «représailles», ont décidé de l'exclusion de Téhéran des discussions d'hier dimanche. Sur place, peu avant qu'elle commence, la réunion des producteurs de pétrole a montré des signes qui ne rassurent pas. En effet, un nouveau projet de texte que plusieurs sources ont pu consulter n'incluait plus aucune des dispositions contraignantes de la précédente version. «Je ne suis pas sûr que l'on puisse parler de gel», a déclaré une source de l'Opep citée par Reuters. «Le problème, désormais, consiste à déboucher sur quelque chose qui exclurait l'Iran, satisferait les Saoudiens et ne fâcherait pas la Russie», a résumé une autre source de l'organisation.