Un communiqué du Conseil de la nation informe de l'ouverture, dimanche 4 septembre, de la session ordinaire du Parlement pour l'année 2016-2017. Députés et sénateurs devront reprendre les bancs des hémicycles respectifs pour l'examen et/ou l'adoption d'un certain nombre de textes de loi. Ces textes sont nombreux mais députés et sénateurs, pour nombre d'entre eux, tout au moins, ont-ils l'esprit à ces seuls examens et ne sont-ils pas déjà dans autre chose : la préparation de leur propre avenir ou la recherche de points de chute, mais toujours plus près de la sphère de décision ? Le communiqué émis par le bureau du Conseil de la nation indique que ses membres ont pris connaissance des projets de loi, soumis jusque-là au Parlement, et qu'il est attendu que d'autres projets soient inscrits lors de cette session qui s'ouvre. Pour rappel, lors de la session précédente, un certain nombre de textes de loi, dont la nouvelle Constitution n'est pas des moindres, ont été votés dans un contexte de précipitation sans pareil. Les projets de loi en cours d'examen sont également nombreux et comptent, entre autres, le projet de loi organique régissant les relations entre le Parlement et le gouvernement et qui devrait astreindre les ministres à répondre dans un délai de 30 jours aux questions orales des députés. Il n'est pas inutile de souligner que plus de 300 interpellations de ministres par les députés n'ont pas encore reçu de réponses. Sans être explicite, le communiqué du Conseil de la nation, qui annonce l'ouverture de cette session, mentionne que le bureau du Conseil «a examiné plusieurs questions orales et écrites destinées au gouvernement et décidé de les soumettre au gouvernement car elles répondent aux conditions de forme». Tout se niche justement dans cette dernière condition «de répondre aux questions de forme». Il n'est donc pas dit que toutes les questions et notamment celles qui dérangent auront une réponse. Sans savoir la nature des questions qui recevront au cours de cette session une réponse du gouvernement, l'on nous informe qu'elles concernent le Premier ministère, l'éducation nationale, les transports et travaux publics ; l'enseignement supérieur et la recherche ; les moujahidine ; les affaires religieuses et les wakfs, l'intérieur ; la communication ; le travail, l'emploi et la sécurité sociale et enfin les ressources en eau et l'environnement. Cette liste à la Prévert ferait saliver n'était cette inconnue sur la censure quant aux «conditions de forme» qu'elle a dû subir. La reprise des travaux parlementaires intervient dans un contexte politique pour le moins agité. Un parti majoritaire à l'Assemblée nationale – le FLN – en butte à des contestations en son sein et des agitations publiques pour destituer les responsables actuels ; un RND en quête de positionnement plus conséquent en vue des législatives de mai 2017 et au-delà pour leur premier responsable en vue de la présidentielle ; des partis islamistes présents à l'Assemblée qui cherchent à gagner plus de places au Parlement, et revenir plus forts dans la société, encouragés en cela par l'échec qu'a fait subir leur mentor turc aux tentatives de putsch... Plus globalement, c'est le quasi-désert et l'absence de débat réel dans la sphère politique et dans la société qui ouvrent un boulevard à de très nombreux députés et sénateurs qui ne se consacrent, pour l'heure, qu'à garder leur place au chaud ou à s'en trouver une meilleure. Quant aux citoyens, il n'est pas très évident qu'avec une telle conjoncture, ils veuillent encore aller en nombre se prononcer dans les urnes, sauf à sanctionner tous ceux qui se sont, jusqu'à présent, fourvoyés dans toutes les précédentes législatures, même si beaucoup d'entre eux, on le verra lors de cette session, s'agiteront sur les bancs des hémicycles pour tenter de convaincre de leur utilité.