Les enseignants de tamazight dressent un tableau sévère de la situation de l'enseignement de la langue amazighe à travers le territoire national en général et dans la wilaya de Béjaïa en particulier. Le collectif des enseignants de tamazight estime dans une déclaration très virulente que même après avoir consacré tamazight «langue nationale et officielle», l'Etat, à travers son ministère de l'Education, persiste «dans le reniement de ses engagements relatifs à l'enseignement de tamazight arrachés après plusieurs décennies de lutte, de privations, d'intimidations et de déni». «Aujourd'hui, le manque d'intérêt accordé à cet enseignement est flagrant. Si l'enseignement de la langue amazighe concerne de plus en plus d'établissements scolaires et tend à se généraliser en Kabylie; ailleurs, son caractère facultatif freine tout espoir pour son épanouissement », dénonce le collectif des enseignants de tamazight dans une déclaration transmise à la presse. Le même collectif déplore dans sa déclaration intitulée «tamazight : partout et pour tous» que depuis l'introduction de son enseignement à l'école algérienne en 1995, «sa prise en charge trébuche sur de faux problèmes créés de toutes pièces pour maintenir une situation complexe pour sa promotion». «Des réformettes fabriquées dans les laboratoires occultes, des stratégies diaboliques ne sont que des subterfuges pour retarder toute prise en charge effective de l'enseignement de tamazight », note le collectif des enseignants de tamazight de la wilaya de Béjaïa. Les rédacteurs du document pensent que «les promesses et les engagements du ministre de l'Education en faveur de l'introduction de tamazight dans les 32 wilayas du pays n'est que de la poudre aux yeux». Pour les enseignants de tamazight de Béjaïa «le pouvoir a affiché ses intentions réelles en circonscrivant son enseignement. «Le nombre insignifiant de postes budgétaires avec des concessions et des pressions sur les enseignants renseigne sur le fait ostentatoire de cet acte politique applaudi à toutes les échelles» a-t-on souligné. Dans le même réquisitoire , les enseignants de tamazight de Béjaïa affirment que «le cas de nos collègues recrutés comme enseignants de langue amazighe à Alger, à quelques encablures du siège du ministère de l'Education, nous renseigne sur le bricolage que connaît cette discipline à l'école algérienne. Cette situation complexe est aussi vécue à Oran, Tlemcen, Relizane, et dans d'autres wilayas d'Algérie». Pour étayer ses accusations, le même collectif cite entre autres «la programmation des séances de tamazight en dehors des heures de l'organisation pédagogique en travaillant même le samedi ; les décisions unipersonnelles de quelques directeurs «zélés» en supprimant même des postes affectés à cet enseignement; l'absence d'un emploi du temps pour certains alors que d'autres sont obligés à effectuer des tâches administratives, gérer des bibliothèques, garder les élèves lors des permanences, enseigner une autre matière. Il y a aussi le manque des manuels scolaires dans les établissements». Autant de reproches énumérés par le collectif des enseignants de langue amazighe, réunis samedi 8 octobre 2016, tout en s'élevant contre «les dépassements et cet état de fait de ces pseudo responsables censés appliquer les décisions et promouvoir cette matière». Tout en appelant les enseignants des autres wilayas à la mobilisation contre, ce qu'ils qualifient, «d'énième offense aux martyrs de la cause amazighe » les enseignants de tamazight de la wilaya de Béjaïa soutiennent qu'il est plus que nécessaire de se concerter, de s'organiser et coordonner leurs efforts afin d'entamer une série d'actions pour mettre un terme à cette situation.