Le prolifique auteur et génial écrivain algérien, Kamel Bouchama, vient de récidiver en rendant publique sa dernière œuvre littéraire Lalla Zouleikha, mère des résistants clôturant ainsi un cycle de plus de 25 ouvrages écrits en langue française. Lalla Zouleikha, mère des résistants est un ouvrage qui relate l'âpre résistance d'une «dame-courage», et son combat inégal face à un colonialisme féroce où sont mis en exergue le génie, l'abnégation et le courage d'une femme algérienne dans les tourments de la guerre d'Algérie. Kamel Bouchama décrit cette dame comparée aux héroïnes algériennes qui ont fait la fierté de l'Algérie à travers les âges en la mettant sur le même piédestal que Lalla Fatma n'Soumer, Malika Gaïd, Fatma-Zohra Reggui, cette martyre guelmie du 8 Mai 1945 et la reine guerrière des Aurès, la Kahina, mais aussi comparée aux autres grandes figures féminines de la Révolution algérienne, telles Hassiba BenBouali, Fadila Saâdane, Meriem Bouattoura, ou encore les sœurs Sahnoun, Farida et Fadhéla, ainsi que les sœurs Bedj, Messaouda et Fatima. Mais ce fut la lecture de la préface du livre de Kamel Bouchama écrite par le prestigieux écrivain et historien Amar Belkhodja, qui nous a troublé et subjugué. Cette préface rédigée avec le respect dû à ce monument de la littérature algérienne qu'est Kamel Bouchama vient de consacrer cet auteur en qualité d'auteur révolutionnaire d'avant-garde. Ainsi, la lecture de cette préface démonte l'ouvrage de Bouchama dans ses entrailles et ses profondeurs et fait découvrir au public ce grand écrivain algérien, consacré par l'historien Amar Belkhodja, icône de la littérature algérienne. L'écrivain Kamel Bouchama, un Algérien d'apparence anodine, modeste et simple, qu'on découvre subitement éclairé par la lumière des projecteurs des médias et de ses œuvres prestigieuses qui nous sont révélées par ce que cet écrivain s'impose à nous, Algériens, comme le véritable héritier de la monumentale académicienne Assia Djebar. Kamel Bouchama s'inscrit de fait dans le sillage littéraire de cette prestigieuse académicienne, cela n'est pas surprenant, car l'un et l'autre de ces deux monuments de la littérature algérienne sont issus tous deux de la célèbre Casbah cherchelloise «Aïn Ksiba». Ils y ont vécu, ils y ont tous deux arpenté les arcanes de ses ruelles moyenâgeuses et ont eu la même nostalgie inspiratrice de ses mystérieuses impasses, que les colons traversaient avec circonspection et prudence, car «Aïn Ksiba» était dangereuse pour le colon, car c'était là qu'ont habité et vécu Lalla Zoulikha, Assia Djebar et Kamel Bouchama, ainsi que la majorité des grands moudjahids et les résistants cherchellois. Ces noms-là sont la fierté des Cherchellois, car n'est pas Cherchellois qui veut ou celui qui ne connaissait pas ou n'a pas arpenté les tortueuses ruelles et les impasses parsemées des grains de la révolte de «Aïn Ksiba», que même l'occupant turc moyenâgeux ne s'évertuait même pas à y pénétrer. L'écrivain et chercheur en histoire, Amar Belkhodja, me semble avoir tout dit à propos de Kamel Bouchama, l'écrivain terrible de Cherchell, ce plus jeune commandant des Scouts musulmans (SMA), qui rejoignit très tôt les rangs de la JFLN, et qui saura gravir d'une manière fulgurante la hiérarchie du FLN, au grand dam des dinosaures de ce parti pour devenir tour à tour commissaire national du parti FLN, à El Asnam, aujourd'hui Chlef, et à Bouira, puis Secrétaire permanent du Comité central du FLN, ensuite ministre de la Jeunesse et des Sports, et enfin ambassadeur d'Algérie en Syrie. Ce prodigieux et jeune technocrate a su allier la politique à la littérature. Il franchit le pas, en s'imposant dans la cour des grands à travers des ouvrages révolutionnaires à l'image de Le FLN, instrument et alibi du pouvoir, Ed. Dahleb, Messaâdia, l'Homme que j'ai connu (Ed. Anep), Kaïd Ahmed, homme d'Etat (Ed. Juba) et Le mouvement ouvrier et syndical en Algérie 1884-1962, totalisant l'écriture de plus de 25 ouvrages, qui dénotent en fait d'une soif d'écrire, et qui rappelle étrangement le combat de Assia Djebar, sa compatriote, celle qui fut surnommée par les Parisiens «la Françoise Sagan algérienne», et qui avait su évoquer «Lalla Zouleikha», dans son ouvrage Une femme sans sépulture. Cependant, à travers l'odyssée de «Lalla Zouleikha», Kamel Bouchama saura subtilement mettre à l'index, «ceux qui furent chargés de l'écriture de l'histoire», en lançant un pavé dans la mare «parce que l'initiation à l'histoire de notre pays et la sensibilisation de la jeunesse d'aujourd'hui autour de ses figures de proue de la longue épopée de nos ancêtres à travers les siècles, n'a pas encore atteint le degré de culture pour devenir, comme les autres pays qui respectent leur passé, une profession de foi». Kamel Bouchama se fait l'interprète des résistants cherchellois à l'instar de «Lalla Zouleikha qui est une noble combattante qui a marqué ce pays des martyrs et qui s'est imposée comme un véritable référent symbolisant le sacrifice dans sa plénitude», en ajoutant dans ses belles envolées lyriques «quand le ton sera donné au temps et que la bravoure des combattants de la liberté fera son auguste entrée dans l'arène de la déférence pour triompher de nos égocentrismes»; «... Elle, Lalla Zouleikha... dans l'humilité des authentiques héros de la guerre de Libération nationale, ... a fait qu'après sa mort, elle continuera d'exister dans l'histoire.»