De par le flou qui le caractérise, le tant controversé article 94 de la nouvelle loi organique N°16-10 du 25 août 2016 relative au régime électoral met sérieusement dans l'embarras nombre de partis intéressés par l'option des listes communes. Cette disposition qui menace d'effacement de la scène politique nationale les partis politiques constitue, en effet, une entrave de taille à ceux des partis d'envergure ou de moyenne taille, intéressés par l'établissement de listes communes, comme a eu à le faire le trio démocrate MDS-ANR-UDS lors des élections législatives de mai 2007 ou encore le triumvirat islamiste MSP-Nahda-Islah à l'occasion des législatives de mai 2012. Car l'obligation faite aux partis politiques désireux de prendre part aux prochaines législatives d'avoir obtenu plus de 4% des suffrages exprimés lors des élections législatives précédentes dans la même circonscription électorale ou au moins 10 élus au niveau de la circonscription électorale concernée, à défaut d'être contraints à la collecte de 250 signatures d'électeurs de la circonscription électorale concernée pour chaque siège à pourvoir, est loin d'être explicite. En effet, à prendre le cas des partis MSP, Nahda et Islah qui ont pris part aux dernières élections législatives et des locales de la même année 2012, dans le cadre de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), ladite disposition ne peut leur être appliquée que dans le cas où la même alliance est reconduite pour les prochaines législatives. Ce qui ne semble pas être le cas puisque chacun des partis de ce triumvirat est partant en solo. Ceci même si les directions du MSP et de Nahda n'écartent pas l'option de listes communes là où leurs instances locales l'estiment opportune. C'est pourquoi le groupe parlementaire de l'AAV a interpellé, par le biais d'une question écrite déposée au bureau de l'APN il y a près de deux mois, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, espérant davantage d'explications au sujet de cet article. Une interpellation à laquelle le triumvirat attend toujours une réponse, selon le vice-président du MSP qui avoue ne pas nourrir d'espoir quant à de plus amples explications à ce sujet. D'où le soin pris par les trois partis de faire sans cette disposition ambigüe, en se préparant à se soumettre à la condition de la collecte des fameuses 250 signatures d'électeurs pour chaque siège à pourvoir dans chaque circonscription électorale concernée. Et dans ce cas, ce qui semble être une «simple formalité» pour le MSP, de par son implantation avérée dans presque l'ensemble des wilayas du pays, ne l'est pas pour les deux autres mouvements, Nahda mais surtout Islah dont les appréhensions quant à leurs capacités organiques à se soumettre à cette disposition relèvent d'un secret de polichinelle. Pour preuve, le secrétaire général du mouvement Islah ne cesse d'interpeller le pouvoir à l'effet «d'ouvrir le champ de manière effective et démocratique et à mettre fin aux mesures arbitraires contenues dans le code électoral afin de garantir une large participation du peuple et de réaliser la relance institutionnelles démocratique dans le pays».