L'autonomisation de la femme agricultrice est aujourd'hui au cœur des débats socioéconomiques en ce temps d'austérité budgétaire et de crise financière aiguë. Cette thématique a été d'ailleurs le sujet de l'atelier de réflexion organisé hier par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme. Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - Evoquant «la nécessité d'améliorer la formation technique de la femme rurale et sa prise de conscience de ses potentialités», Mounia Meslem a rappelé le programme de son ministère quant à la promotion et l'accompagnement de l'entrepreneuriat rural féminin qui aboutira, «elle l'espère», à l'organisation d'un colloque national sur l'entrepreneuriat féminin. En précisant qu'il ne s'agit pas de «démagogie mais d'une réelle volonté d'autonomiser la femme rurale et de l'associer à l'économie nationale pour un développement durable». En effet, nombreuses sont les femmes rurales qui ont une activité de subsistance que ce soit dans l'élevage ou dans l'agriculture mais ne pensent pas forcément à la transformer en une activité réellement productive et productrice de richesses. Et c'est dans cette optique de sensibilisation qu'interviennent les associations. La présidente de l'Association de la femme et du développement rural, Baya Zitouni, a soutenu que «le mouvement associatif a le rôle d'initier ces femmes-là à être acteurs de la croissance économique en leur apprenant à avoir confiance en leurs compétences». Evidemment, «on ne naît pas entrepreneure mais l'entrepreneuriat s'apprend», a soutenu Fatiha Rachedi, experte en la matière. Et ce, « même si certaines personnes ont des prédispositions naturelles pour l'entrepreneuriat, de par leurs origines familiales ou sociales», a-t-elle nuancé. C'est l'attitude de la personne orientée «demander» qui doit s'affilier à «donner» : offrir de l'emploi, de la richesse et du savoir-faire à l'économie. Cette culture de l'entrepreneuriat passe également par «la prise de décision, le respect de ses engagements et de ses responsabilités ainsi que la prise de risque», a-t-elle ajouté. C'est évidemment tout cet aspect mental et personnel que l'on devrait intégrer aux formations techniques dont doit bénéficier chaque femme rurale investie. A travers la formation (alphabétisation et connaissance des TIC), celle-ci peut s'imposer comme un acteur majeur au sein de l'économie «en passant d'une activité de subsistance à une activité organisée et créatrice de richesses», a soutenu l'intervenante. Cette autonomisation devra être consolidée par un mécanisme de constitution de coopératives afin de renforcer le pouvoir économique de la femme rurale entrepreneure. Du courage, de l'audace et de la confiance en soi et en ses capacités devront animer chaque femme agricultrice pour réaliser le challenge de l'entrepreneuriat rural.