La 7e édition du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé se poursuit jusqu'au jeudi 8 décembre à la salle El-Mougar. Samedi après-midi, la Palestine entre en compétition avec le long-métrage «Amour, larcins et autres embrouilles» de Muayad Alayan. Ce film de 90 minutes part d'une idée pour le moins intéressante : sur un fond absurde, Moussa, un voleur de voitures palestinien, se retrouve embourbé dans une situation qui le dépasse. Le véhicule qu'il vient de voler appartient à un groupe de résistants palestiniens et son coffre renferme une précieuse monnaie d'échange : un soldat israélien qui vient d'être kidnappé pour un éventuel échange de prisonniers. Moussa est, par ailleurs, amoureux d'une femme mariée ; vit chez un père moralisateur et sévère ; essaie de rassembler de l'argent pour partir en Europe ; a plus ou moins une conscience politique mais préfère le projet réaliste de sauver sa peau à celui, plus grand que lui, de libérer son pays... Cette dualité entre le poids historique et idéologique de la cause palestinienne et l'égoïsme assumé de l'individu oppressé et désireux de se réaliser loin des grands discours, fait partie des caractéristiques majeures de la nouvelle cinématographie palestinienne : les jeunes réalisateurs veulent en finir avec le langage tracté, le misérabilisme et la vision manichéenne quasi-hollywoodienne qui ont longtemps clivé le champ créatif dès que la cause est évoquée. C'est pour cela que l'idée en elle-même ne saurait suffire à fabriquer du cinéma : encore aurait-il fallu donner de la chair au texte, de l'aspérité aux personnages et du mouvement aux images. Or, malgré la richesse potentielle d'un tel parti-pris scénaristique, Muayad Alyan ne parvient jamais à nous entraîner complètement dans son histoire et pour cause : l'écriture de «Amour, larcins et autres embrouilles» est foncièrement psychologique puisque les personnages sont censés être en introspection continuelle vu le propos du film. Or, on a affaire à des comédiens qui traversent l'écran et disent leurs textes sans être forcément concernés par leurs personnages. Et puis, cette impression agaçante de devoir se contenter de cela sans accéder à la substance dramatique de la fiction tant la narration manque cruellement de rythme et ne dépasse jamais le stade du démonstratif. Certes, le cinéaste a fait le choix salutaire de la légèreté et de l'humour et a usé de sa liberté d'artiste pour évoquer la solitude et le dilemme de cette catégorie de Palestiniens boudés par les slogans, les images d'Epinal et autres canevas exclusifs, mais c'est justement la grandeur de l'intention qui souligne d'autant plus la fragilité du résultat. Le récit s'essoufflant à mi-chemin et la mise en scène étant reléguée au rang d'accessoire, le film ne réussit ni à donner de l'épaisseur à son propos ni à nous impliquer émotionnellement dans sa trajectoire chevrotante. Reste, néanmoins, cette scène où Moussa, caché sous le lit de son amante pendant qu'elle fait l'amour avec son mari, effleure furtivement sa main agrippée au bord : seule image de cinéma dans un long-métrage piégé par une certaine paresse artistique.