La fameuse réunion du comité exécutif du FCE devra normalement s'ouvrir aujourd'hui si aucun «incident» de dernière minute n'intervient pour modifier la date fixée par Ali Haddad. Cette rencontre est très attendue car elle intervient dans un contexte de polémique autour du sort qui sera réservé au premier responsable de cette organisation suite au scandale survenu durant le Forum africain abrité par Alger, au début du mois en cours. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le richissime homme d'affaires réputé pour les importants soutiens dont il bénéficiait au sein du pouvoir s'est retrouvé propulsé au sein d'une véritable tempête politico-médiatique qu'il ne prévoyait sans doute pas. Les ministres auprès desquels il jouissait jusque-là d'une position bien particulière lui ont publiquement tourné le dos en se retirant au moment où il entamait un discours de bienvenue aux invités africains d'un forum qu'il est pourtant accusé d'avoir torpillé. Lui ou ses proches collaborateurs. Nul n'en sait jusqu'à l'heure, car les «indiscrétions» volontairement distillées par des membres du FCE révèlent que Ali Haddad a vertement tancé le patron de la boîte de communication Allégorie, accusé d'être à l'origine de «l'incident protocolaire» qui a offert au président du FCE la parole avant Ramtane Lamamra. Lerari Toufik se défend de cette accusation et rejette la balle à une autre figure de l'organisation patronale : son vice-président, Ben Abdesslam. Des sources proches du FCE affirment que les «dérapages» durant le Forum africain figurent parmi les points sensibles inscrits à l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui durant laquelle, nous dit-on, Haddad est appelé (ou contraint ?) à sévir. Si tel est le cas, il s'agira pour lui d'une façon d'accréditer officiellement la thèse de la «bourde» protocolaire mise sur le compte d'une jeune cadre des AE et qui se trouve n'être autre que la secrétaire particulière du ministre lui-même. Mais quand bien même des «têtes» viendraient à tomber, l'explication des graves évènements survenus durant le Forum africain resterait bancale. Au niveau des affaires étrangères, on maintient dur comme fer que le MAE n'avait à aucun moment prévu de prendre la parole, détruisant ainsi toute la thèse de l'incident protocolaire. Le Premier ministre, les membres du gouvernement présents et même les représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie semblent avoir agi pour d'autres considérations. Des «faits graves», révèlent les mêmes sources en faisant allusion à des invités (tels qu'Africa 24) qui n'auraient jamais pu figurer dans le panel sans un «coup de main puissant». Lors du Forum africain, des informations rapportées par la majorité de la presse faisaient d'ailleurs état de l'acharnement des représentants du FCE à s'approprier la gestion des badges... Même si Haddad n'est jamais apparu durant toute la période de préparation du Forum africain, les évènements qui se sont succédé et le geste fort du Premier ministre le placent tout naturellement au banc des accusés. L'enquête ouverte par la présidence de la République et confirmée par le SG du FLN il y a moins d'une semaine a de ce fait accentué toutes les interrogations quant au sort qui sera réservé au patron du FCE. Certains l'ont donné partant, dans un scénario semblable à celui qui a conduit au départ de Ammar Saâdani. Le nom de Omar Ramdane, président d'honneur du FCE, a circulé avec insistance comme étant celui du futur remplaçant de Haddad pour une période transitoire d'une année. Seulement voilà, le principal concerné (Omar Ramdane) a lui-même démenti cette information dans une déclaration récente au Soir d'Algérie, assurant «qu'il n'y avait rien de tout ce qui se disait et que l'évènement avait été surdimensionné par les médias». Le même discours est tenu par d'autres patrons du FCE qui affirment rire de toutes ces lectures faites au sujet de l'absence de Haddad (parti en voyage au lendemain du Forum africain) au sein de la délégation conduite par Bouchouareb à Genève et de toutes ces rumeurs qui font état de son départ de la tête du Forum des chefs d'entreprises. Des patrons bien au fait de la situation soutenaient hier encore qu'il ne fallait s'attendre à aucune prise de décision spectaculaire durant la réunion d'aujourd'hui. «Le départ de Haddad ne peut être que consubstantiel à sa nomination», commente enfin un expert économique qui préfère garder l'anonymat «pour éviter d'ajouter de l'huile sur le feu». «Tenez-vous-en à la phrase de Ould Abbès, elle dit tout.» Il y a près d'une semaine, le nouveau secrétaire général du FLN répondait à un journaliste que «l'affaire Haddad ne peut être tranchée que par le président de la République»...