Le sommet devant réunir les trois présidents, algérien, tunisien et égyptien autour de la question libyenne se tiendra donc prochainement à Alger. L'annonce, officielle cette fois, en a été faite lundi en fin d'après-midi, soit quelques heures après l'annulation de la visite de la chancelière allemande en raison de «l'indisponibilité» de Bouteflika. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Inévitablement, les relais médiatiques qui se trouvaient depuis plusieurs jours dans l'attente d'une confirmation officielle de la réunion tripartite s'interrogent depuis hier sur la faisabilité d'une telle rencontre dans l'état où se trouve actuellement le Président algérien. A quelques heures de l'arrivée d'Angela Merkel, les services de la présidence de la République ont été contraints d'annoncer un report de cette visite, indiquant que le chef d'Etat était atteint d'une bronchite aiguë l'empêchant de se soumettre à ses obligations. Le voyage de la chancelière allemande était pourtant considéré comme un évènement très attendu, propice à restaurer l'image d'une Algérie qui œuvre pour regagner son aura auprès de la communauté étrangère. Le sort, ou un calendrier malencontreux a voulu que la confirmation de la tenue du sommet présidentiel autour du conflit libyen intervienne au même moment jetant un doute sur la concrétisation du projet. Dans l'immédiat du moins. Et c'est sans doute l'une des raisons pour laquelle le ministre tunisien des Affaires étrangères s'est gardé de révéler à la presse la date à laquelle devrait intervenir cette rencontre pour laquelle Alger a œuvré sans relâche depuis de très longs mois. Bien qu'unis dans leurs efforts pour la mise en application d'un plan de règlement rapide du conflit libyen, la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte ont mis un certain temps avant de s'accorder totalement sur tous les principes et modalités devant conduire à ce sommet. De nombreuses sources ont affirmé que les autorités égyptiennes avaient notamment tergiversé autour du lieu de la tenue de cette réunion, exigeant qu'elle se déroule au Caire et nulle part ailleurs. Récemment et sur conseil des médiateurs impliqués dans ce dossier et qui invoquaient notament l'impossibilité du Président algérien à effectuer un tel déplacement, Sissi serait revenu à de meilleurs sentiments en consentant finalement de se rendre à Alger. Ce sommet, il faut le dire, revêt aujourd'hui une grande importance. Les efforts algériens impliqués dans une médiation que suit de très près la communauté internationale ont conduit à cette rencontre de haut niveau qui sera consacrée à l'évaluation de la toute récente réunion qui s'est tenue à Tunis entre les ministres des Affaires étrangères algérien, tunisien et égyptien. Les trois MAE ont signé lundi une déclaration «visant à soutenir le règlement politique inclusif de la crise en Libye». Cette dernière insiste sur la «nécessité d'associer toutes les parties libyennes en conflit au dialogue quelle que soit leur appartenance politique (...) et rejette toute intervention militaire ou interférences étrangères pour le règlement de la crise». Selon les informations rapportées par l'APS, les trois ministres ont convenu de soumettre les résultats de leurs travaux à leur chef d'Etat en prévision du sommet qui les réunira. Ils considèrent par ailleurs que ces résultats constituent une plate-forme sur laquelle devront s'appuyer toutes les parties concernées par le processus de normalisation en Libye. L'objectif est de parvenir à réconcilier les deux parties qui se disputent actuellement le pouvoir en Libye, le Gouvernement d'union nationale reconnu par les Nations-Unies et dirigé par Faïez Essarraj et basé à Tripoli, et le maréchal Haftar commandant des forces armées qui contrôlent l'Est libyen. Il y a quelques jours, une nouvelle initiative pour un rapprochement entre les deux hommes a été tentée au Caire, mais Haftar a refusé de rencontrer son ennemi juré Serradj «sans raison». Ce refus a donné une mauvaise tournure aux évènements et laissé planer de sérieux doutes sur l'issue des efforts en cours. Ces doutes se sont confirmés il y a deux jours lorsque, réunis à Tunis, les MAE tunisien, algérien et libyen sont informés d'une attaque perpétrée contre le convoi de Faïez Esseradj. Quelle issue pour le sommet tripartite ?