«Sachez monsieur une chose ; tandis que le gouvernement s'affaire et se préoccupe des élections législatives ; les marchands des fruits et légumes s'occupent bien de nous et de nos petites bourses.» Cette réflexion nous a été faite hier, par Saïd, un quinquagénaire, père de trois enfants, à l'entrée du principal marché des fruits et légumes de Bouira, situé près de l'ancienne gare routière. Saïd qui nous montre son sachet qui lui a servi pour ses provisions, et dans lequel, il y avait une gerbe d'oignons verts, moins chers que les oignons secs qui se vendent à 50 dinars le kilogramme, un kilogramme de carottes qui restent parmi les rares produits à se vendre encore à un prix raisonnable, et quatre tubercules de pomme de terre, c'est-à-dire un kilogramme, achetées à raison de 95 dinars, s'est montré très déçu par l'état dans lequel a sombré le pays. «Nous n'en pouvons plus» se contenta-t-il de dire avant de nous inviter à constater nous-mêmes cette situation désespérante pour plus d'un. En effet, nous venions de faire nos premiers pas dans ce marché et nous n'avions pas encore réalisé l'effet de cette hausse vertigineuse des prix. Jugez-en : au niveau de tous les étalages de ce grand marché, la pomme de terre est affichée à deux prix ; celle d'El Oued, la sablonneuse comme on l'appelle, est affichée à... 95 dinars, alors que l'autre, celle présentée à grand coup médiatique par les responsables de la DSA ce jeudi, celle du déstockage des chambres froides existantes au niveau de la wilaya et qui était censée inonder ce vendredi les marchés de la wilaya pour, selon leurs dires, casser les prix, est cédée à...80 dinars. Cette dernière, pleine de terre qui lui colle à la peau et qui est vendue en l'état, est vraiment boudée par les gens surtout avec son aspect noirâtre et dont les stigmates de stockage apparaissent sur les moindres blessures avec des traces de moisissures. Résultat, les ménagères préfèrent dans leur grande majorité, acheter la sablonneuse que l'autre pleine de terre et de moindre qualité, et ce, malgré cette différence de prix. Outre la pomme de terre, les piments sont cédés à 140-160 dinars, la tomate à 140 dinars, les poivrons à 160 dinars, les haricots verts à... 250 dinars ; les fenouils à 80 dinars, les aubergines à 80 dinars, les navets à 70 dinars, les petits pois de saison à 100 dinars, les artichauts à 50 dinars, les concombres à 100 dinars, les betteraves à 50 dinars et enfin, les choux-fleurs à 100 dinars le kilo. Tous ces légumes sont proposés presque au même prix par presque tous les marchands qui, semble-t-il, se concertent dès les premières heures de la matinée pour s'entende sur les prix à afficher afin de faire le chantage sur les ménagères qui, une fois à l'intérieur, n'auront d'autres choix que d'acheter chez l'un ou l'autre selon leur humeur, mais toujours au même prix et , dans la majorité des cas, la même marchandise ramenée avant l'aube depuis le marché de gros situé à la périphérie ouest de la ville de Bouira. Pour les fruits ; inutile de penser à certains d'entre eux comme la pomme golden qui est cédée à...1 150 dinars, ou encore la banane qui est à 700-800 dinars le kilo. Les ménages se rabattent sur l'orange locale qui est cédée à des prix abordables entre 120 et 240 dinars, ou encore les fraises de saison qui sont cédées à 250 dinars le kilo, alors que les dattes également sont cédées à différents prix depuis 120 dinars jusqu'à 800 dinars, où le ménage trouve son compte selon sa bourse. Enfin pour les viandes, le poulet a connu ces derniers jours une stabilité à 250 dinars le kilo, les viandes rouges sont toujours dans leurs prix habituels, mais les prix du poisson, surtout la sardine, restent toujours inabordables pour les petites entre 700 et 1 000 dinars le kilo. Cela étant, ce qui nous a frappés ce vendredi au niveau du principal marché des fruits et légumes de Bouira est l'absence totale des contrôleurs des prix, puisque sur la majorité des étals, les prix surtout ceux de la pomme de terre, ne sont pas affichés. Outre l'absence de ces contrôleurs, il n'y avait pas comme à l'accoutumée de policiers ni dans le marché ni à l'extérieur, chose qui nous a paru inhabituelle. Notons que pendant toute la durée de notre présence dans ce marché, nous avons été témoins de dizaines de commentaires des ménages sur ces prix qui défient tout entendement. Les uns se demandent où est l'Etat, les autres lèvent la tête au ciel comme pour dire qu'il n'y a que le Bon Dieu qui puisse les secourir ; d'autres encore hochent leurs têtes et disparaissent juste après avoir entendu le prix de tel ou tel légume. Mais souvent, on entend cette réplique : «... avec ces prix-là, et ils osent nous parler d'élections !». .. Et ceci n'est pas un poisson d'avril. Qu'on se le dise ! ...