«L'argent sale est désormais légalisé. Il est le plus grand gagnant de ces élections. Nous n'avons plus d'hommes politiques mais des maquignons.» La sentence est de Mokrani fédéral de Boumerdès du FFS, certainement déçu de voir son parti ne recueillir qu'un siège sur les 10 mis en compétition dans cette wilaya. En 2012, le FFS avait gagné 3 sièges. Nous avons tenté d'avoir d'autres réactions mais les portes des permanences ou des sièges des partis politiques étaient toutes closes ce vendredi. Le jeudi 4 mai 2017, ceux qui s'attendaient à la rencontre entre les électeurs, en plus grand nombre, et l'acte civique pour élire une assemblée nationale crédible sont déçus. C'est la morosité et l'indifférence qui l'ont emporté. C'est ce que nous avons constaté de visu dans 4 communes de l'ouest de la wilaya et du chef-lieu de Boumerdès à forte potentialité électorale. Nous avons visité, ce jeudi, 16 bureaux des communes de Khemis El Kehchna, Ouled-Moussa et Boudouaou qui totalisent 115 170 électeurs (23,72%) sur les 485 387 que comptent les 32 communes de la wilaya de Boumerdès pour constater que ces municipalités ne remplissent plus les urnes à l'appel des partis proches du pouvoir. Pour l'exemple, nous avons relevé dans un bureau pour femmes de Ouled Moussa que sur 499 électrices inscrites, seules 6 avaient voté vers 11 heures 45. A Khemis El Khechna, la ville grouille de monde, mais la fréquentation des bureaux de vote est faible. 90% des hommes et femmes qui se dirigent vers un centre de vote sont du second et beaucoup plus du troisième âge. «Je ne vais pas participer à cette mascarade», nous lance l'un des 4 jeunes adossés au mur du jardin du siège de la municipalité. «Qu'ils ramènent les chinois pour voter» crie un homme d'une cinquantaine d'années de passage. Nous lui demandons quelles sont les raisons de sa colère. «Je ne vais tout de même pas voter pour des voleurs. De plus, aucun candidat n'a le niveau pour être député.» Au quartier du Plateau, un ancien bidonville à la périphérie de l'ex-Fondouk (Khemis El Khechna), 3 hommes sortaient d'un bureau de vote, «nous avons voté en espérant que les futurs députés feront quelque chose pour améliorer la situation», dit l'un d'eux. Dans l'après-midi, les centres-villes des agglomérations se sont étrangement vidés. Exception du bureau hommes 507 et 28% de bulletins nuls Le bureau de vote hommes H507 du centre de vote de l'école Souidani-Boudjemaâ du quartier Benadjel commune de Boudouaou fait en effet exception au climat général de morosité. En effet, sur les 513 inscrits, 241 (46,97%) avaient voté à 15 heures 15 et une trentaine attendaient leur tour. Tous étaient âgés entre 20 et 25 ans et avaient des cartes d'électeurs neuves. L'un d'eux nous a affirmé qu'il est de Djelfa. On imagine aisément à qui seront destinées les voix de ces jeunes. Sur le visage, se lisait leur peu d'enthousiasme de se trouver à cet endroit. Pour rappel, l'école Souidani-Boudjemaa est mitoyenne à la caserne militaire de Boudouaou. Selon les résultats officiels, sur 485 387 électeurs inscrits, 134 291 ont voté. Ce qui donne un taux de participation de 27,67%. 351 096 électeurs inscrits (72,33%) se sont abstenus ou ont boycotté ce scrutin. Sur les 134 291 bulletins glissés dans les urnes 37 655 — 28.03% — sont considérés comme des bulletins nuls. On peut s'autoriser à penser qu'une bonne partie des votants a tenu à faire usage de son droit civique mais sans cautionner aucune liste. A l'issue du dépouillement, la répartition des 10 sièges s'est faite ainsi : RND 11 858 voix, 2 sièges, le FLN, 11 778 voix 2 sièges, UND, 8 247 voix, 1 siège, Alliance HMS, 6 499 voix, 1 siège, MPA, 6 395 voix, 1 siège, FFS, 5 426 voix, 1 siège, ANR, 5 221 voix, 1 siège et enfin le PEP de Naïma Salhi, la femme qui veut être la quatrième épouse, s'est vu attribuer 5 210 voix et 1 siège. De ce résultat, on relève que le pouvoir garde la mainmise sur la représentation de la wilaya au niveau de l'APN. En effet, on peut considérer que seuls les 2 élus de l'Alliance HMS et du FFS sont, en apparence, inscrits dans la démarche de l'opposition. Les 8 autres, en dépit de la variété des sigles de leurs partis relèvent de la mouvance du pouvoir. Ils ne voteront que ce que leur dira de voter le pouvoir.