Depuis quelques semaines une polémique fait rage à Oran, et qui serait même parvenue au niveau du ministère des Moudjahidine. Il s'agit de la débaptisation de la clinique Larribère de diabétologie, se trouvant au niveau du front de mer d'Oran. Et pour cause, tout récemment cette clinique a été rebaptisée du nom du moudjahid Benfréha, suite à une décision de la commission de wilaya chargée de décider de l'appellation et la dénomination des rues et lieux publics qui n'ont pas été baptisés jusqu'ici. Or, si polémique il y a, c'est que cette clinique, repère des Oranais, est connue depuis l'indépendance comme étant la clinique du docteur Jean-Marie Larribère, baptisée de ce nom en vertu d'un arrêté inter-ministériel (ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur) remontant aux années 1990. Le nom de la famille Larribère n'est pas inconnu à Oran, car c'est est une famille de militants du Parti communiste algérien (PCA), tel le père, ayant combattu et soutenu l'indépendance algérienne. Jean-Marie Larribère durant la colonisation s'est rangé du côté de la population algérienne, en prodiguant des soins aux plus démunis ou ceux ayant tout simplement besoin d'être soignés. Son engagement anti colonial ainsi que celui de ses filles, dont la militante Lucette Safia, lui ont valu l'arrestation par les parachutistes et le plasticage de sa clinique par l'OAS. C'est dire que le nom des Larribère est intimement lié à Oran et à l'histoire de la lutte pour l'indépendance. C'est pour toutes ces raisons que la société civile et des figures d'Oran ont lancé une pétition pour que soit rétabli l'hommage à la famille Larribère, en lui rendant son appellation celle de «clinique Larribère». Les pétitionnaires expliquent qu'il ne s'agit pas de faire une différence entre les militants de la cause anti coloniale, Benfréha méritant aussi un tel hommage et un lieu dédié à son engagement comme reconnaissance. Mais la suspicion est grande à Oran sur des raisons occultes, quand ce n'est pas une méconnaissance éhontée de l'histoire algérienne, ayant amené cette débaptisation. Car à Oran toujours, une autre affaire de débaptisation en catimini avait provoqué des réactions similaires s'agissant de la rue Fernand-Iveton, autre figure de notre histoire, guillotiné par le colonisateur. Du côté des autorités l'on explique, depuis, qu'il s'agit d'une erreur puisqu'aucune plaque n'était apposée sur la façade de la clinique. Pourtant la commission de Wilaya est composée d'un représentant de l'APC, de la wilaya, de l'ONM, de la Direction de la santé, et d'autres Directions de wilaya suivant la tutelle des établissements et lieux à baptiser. Comment se fait-il qu'aucun membre de cette commission ne se soit rappelé que la clinique avait bien été baptisée au nom de Larribère ? Enfin et suite à cette polémique il semblerait qu'une décision a été prise de rétablir la nomination Larribère à la clinique.