Charmante cette fille en masque vénitien à l'entrée du Palais ! Elle fait penser à «L'italiana in Algeria» (L'Italienne à Alger) le fameux opéra de Gioachino Rossini, d'après un livre d'Angelo Anelli. Mais cette fille en masque vénitien n'est pas italienne. Elle est belle (même très belle) et bien algérienne. Un passage sous des voûtes, une porte qui s'ouvre et le visiteur émerveillé se retrouve sur une grande terrasse qui donne sur la Méditerranée et sur le côté Est de la baie d'Alger ! Une brise marine vivifiante souffle sur le Palais des raïs d'Alger, rafraîchissant la température estivale d'une bonne dizaine de degrés. Un paquebot décoré de «la tête de Maure» corse quitte le port d'Alger. Le ciel du côté ouest se colore en camaïeu de rouge. Le paysage est d'une beauté éblouissante. Le vernissage de l'exposition de peinture de Doréa Younsi, la bien-nommée «Entre rêve et réalité», n'a pas encore «officiellement» commencé. Des hommes et des femmes discutent doucement autour des tables. D'autres admirent la mer. Certains préfèrent écouter la musique. C'est une sorte d'exclusivité d'écouter un morceau de Carlos Santana joué au clavier. Le musicien, très doué, enchaîne avec «Imagine» de John Lennon, puis «Yesterday» et «Let It Be» des Beatles. C'est le crépuscule puis, enfin, la nuit qui flotte doucement. Des lumières s'allument. Des filles (plutôt des fées) en masques vénitiens apportent les tableaux, un par un. L'amoureux de l'art et de la beauté a, ainsi, un temps suffisant à consacrer à chaque tableau. Sur scène, un guitariste remplace le claviériste. La musique est tout aussi douce. D'autres lumières (tamisées) s'allument derrière ou tout autour des tableaux, créant un beau halo artistique. Les thèmes sont presque tous en relation avec le patrimoine décoratif, vestimentaire ou architectural de l'Algérie. Très sollicitée, l'artiste et décoratrice Doréa Younsi, toujours souriante, répond à toutes les questions. «Je suis une spécialiste du visage et du regard», nous explique-t-elle. Le rouge, qui exprime l'amour, est sa couleur préférée. Doréa Younsi parle aussi de la «khamsa» et du «taos» (paon) qui est aussi un prénom féminin en Algérie. Elle a également un penchant pour la décoration, notamment les cadres qui vont avec la peinture. L'animateur de la soirée demande à l'artiste de présenter au public le tableau de son choix. Elle choisit celui sur les traditions perses, car elle est aussi une admiratrice de la culture persane. Elle cite «khit errouh», ce bijou que la femme porte sur son front, comme tradition commune à la culture persane et algérienne. Le vernissage en très charmante compagnie s'est prolongé jusqu'à une heure tardive de la nuit. Le public a, jusqu'au 31 juillet 2017, l'occasion d'aller admirer, au Bastion 23 du Palais des Raïs d'Alger, cette exposition de peinture vraiment «Entre rêve et réalité», à la frontière des mondes des Mille et une nuits et d'Alice au pays des merveilles.