Certes, les fruits et l�gumes n'ont jamais �t� aussi disponibles actuellement au niveau des march�s mais leurs prix ont cependant consid�rablement augment�. Une inflation, affectant n�gativement le pouvoir d'achat des m�nages, n�anmoins incompr�hensible et injustifi�e. Ch�rif Bennaceur- Alger (Le Soir) - Th�me m�diatique r�current, il est vrai. Mais, faites un tour au niveau des march�s populaires de la capitale et vous constaterez des pics effarants de la mercuriale. En effet, produits principaux de consommation, les l�gumes deviennent relativement inaccessibles m�me si leur raret� fait d�faut. Consid�r�e comme un l�gume de base, la tomate est vendue � la m�nag�re � un prix d�fiant la logique, de l'ordre de 120 dinars, voire 140 dinars, � l'int�rieur des march�s mais aussi par les vendeurs ambulants. La pomme de terre est disponible pour un prix variant entre 25 et 40 dinars. La laitue, essentielle pour les salades, est �accord�e� au chaland au prix de 50 dinars, la carotte est monnay�e � 50 dinars aussi. Prenez votre souffle, le poivron est vendu � 140 dinars et plus, le piment � 200 dinars, l'ail � 160 dinars, l'oignon entre 20 et 30 dinars, l'artichaut � quelque quarante dinars. De m�me, les f�ves sont difficilement accessibles � 50 dinars, les carottes et les navets entre 50 et 60 dinars, le chou-fleur � 90 dinars et les petits pois entre 50 et 80 dinars. Les fruits, eux aussi, n'�chappent pas � cette hausse puisque les pommes et les fraises sont c�d�es � 130 dinars, l'orange � 120 dinars, la mandarine � 100 dinars, et m�me si elle est import�e, la banane est vendue entre 120 et 140 dinars alors que son cours, nagu�re, ne d�passait pas les 90 dinars. Et ce ne sont que des prix indicatifs d'une r�alit� propre � certains quartiers de la capitale et diff�rents ailleurs quoique dans le m�me ordre de grandeur. Une inflation incompr�hensible, car ne r�pondant � aucune logique et ne pouvant de surcro�t �tre r�duite � l'effet m�t�orologique, la p�riode de fortes intemp�ries �tant �coul�e, foin des explications du minist�re de l'Agriculture. En effet, l'offre est relativement stable durant cette p�riode printani�re. Et une inflation que n'explique pas aussi uniquement l'approche de la f�te du Mawlid, ou toute autre occasion telle le mois de Ramadhan, influant habituellement sur le cours de la mercuriale. En fait, elle pourrait s'expliquer par la logique de la loi et de la demande, dans un march� libre, soumis � la sp�culation et o� les divers intervenants fixent les prix en fonction de leurs contraintes objectives et subjectives. Seulement, il ne suffit pas de se contenter d'une explication, fort commune, selon laquelle les prix des fruits et l�gumes augmentent au niveau des grossistes qui fixeraient leurs conditions car subissant les al�as de la conjoncture. Et parce que, aussi, les agriculteurs fixent les prix pour chaque l�gume selon les investissements qu'ils engagent et qui prennent en consid�ration l'augmentation des co�ts de production. A ce propos, on pourrait justifier cette augmentation par celle des prix du carburant, de l'�lectricit� et du gaz et de l'eau dont les tarifs viennent d'�tre �lev�s sur d�cision gouvernementale. En fait, un diktat impos� par les agriculteurs, ou autres intervenants dans la cha�ne de distribution, est possible mais il n'explique pas pour autant cette augmentation. Comme ne l'expliquent pas, de m�me, les facteurs li�s � la conservation et transport. Subissant d�j� les affres de l'augmentation des tarifs des produits �nerg�tiques, appel�s � conna�tre d'autres r�ajustements et hausses, suite � la lib�ralisation des prix impos�e de facto par l'entr�e en vigueur de la loi sur les hydrocarbures, les citoyens au pouvoir d'achat amoindri, se retrouvent, ainsi, les mains li�es par cette autre augmentation. Et l�, appel�s � intervenir et � exercer leur r�le de r�gulation du march�, les pouvoirs publics qui se refusent, au nom d'une logique injustifi�e, � augmenter le SNMG, ont beau jeu de mettre en avant le caract�re lib�r� des prix des marchandises tout en proc�dant au r�ajustement des prix administr�s. En effet, ne faut-il pas rappeler que la lib�ralisation des prix est � pr�sent presque totale, en application de la loi 89-12 du 5 juillet 1989 qui a introduit le r�gime des prix libres (ou d�clar�s) et qui a permis de transf�rer progressivement l'ensemble des prix r�glement�s dans le r�gime des prix libres. Cela, en exceptant le bl�, la farine (qui dispose d'un soutien � la production), la semoule (soutien � la consommation), le pain (prix plafonn�s) et le lait (prix plafonn�s avec soutien � la production en amont). A se demander si l'inflation qu'on croyait ma�tris�e depuis quelques ann�es ne revient pas plut�t en force, favoris�e par cette religion de l'absurde qui domine l'ensemble de la cha�ne commerciale et que l'Etat, peut-�tre contraint, encourage par son laxisme et son m�pris d�guis� des pr�occupations populaires.