«Cycles» est le titre d'une exposition de l'artiste plasticienne Amina Benboureche qui se tient à l'Institut italien d'Alger jusqu'au 15 décembre. C'est un ensemble de créations digitales imprimées sur papier qui nous introduisent dans un univers crépusculaire où l'humain se fend avec les éléments et où l'expression artistique est à la fois apurée et chargée de symboles. La femme est au centre de ces représentations oniriques qui questionnent l'idée des cycles de vie. Là une main argileuse pénétrant un corps féminin proche de l'image d'un tronc d'arbre ; ici une femme au centre d'une cible percée de fléchettes ; plus loin, un corps masculin dessiné à la manière d'une esquisse et tombant à la renverse au milieu d'un cercle lunaire ; là encore, une femme, yeux bandés et auréolée d'un symbole mystique, dont le ventre couve le cadavre squelettique d'un bébé ; un sorcier criant à la lune, entouré de crânes humains et animaux ; encore une femme, quasi liquéfiée, devant une grotte abyssale noyée dans une atmosphère stellaire ; une autre femme transpercée de végétaux et enveloppée de noirceur semble vous toiser malgré ses yeux énucléés par des fleurs fanées ; à côté, un portrait moins morbide avec toujours le féminin au centre de l'image, un visage huileux, une chevelure luxuriante et un regard insaisissable alors que l'éternelle auréole donne cette impression christique. D'ailleurs, le Christ n'est pas loin, dont la couronne d'épines est remplacée par un joli entrelacs mettant en perspective un arrière-plan de montagnes surplombées par un énorme globule oculaire sortant des nuages... La démarche d'Amina Benboureche est sujette à de multiples lectures et c'est ce qui fait certainement la force de ses créations. Voici ce qu'en pensent les organisateurs de l'exposition : «S'inspirant de l'humain et du végétal dans leurs états crépusculaires, elle met en scène un univers inquiétant et fragile, peuplé de personnages sensibles nés de ses expériences intimes et ses états d'âme. Son monde onirique s'étale sur des lignes transparentes, monochromes et parfois des textures malmenées, comme une usure de la mélancolie humaine. Les tons des couleurs utilisées renvoient tantôt à la dualité noir/blanc, tantôt à la corrosion et à la décomposition organique, témoignage du rapport cyclique dans lequel les douleurs humaines se retrouvent enfermées. Souvent, les cercles dans lesquels s'érigent ces personnages les positionnent dans un espace intemporel où ils deviennent la représentation même du tourment, s'ajoute à cela l'utilisation de symboles pour accentuer la dimension ésotérique de leurs conditions.»