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Kiosque arabe
Saladin ne serait pas Salah Eddine
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 11 - 2017


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L'attentat contre une mosquée soufie dans le Sinaï montre encore une fois l'inanité des dispositifs de lutte contre le terrorisme islamiste, qui s'attaquent aux effets et ignorent les causes. Première illustration de ce triste constat : Al-Azhar, par la voix de son porte-parole Abbas Chuman, a refusé, comme il l'avait fait pour Daesh, d'excommunier (takfir) les auteurs de l'attentat. Al-Azhar, a-t-il dit, se refuse à émettre des jugements ou des sentences, pour ne pas ouvrir la voie à l'aventure, l'éventualité que l'institution craint le plus, après celle de la réforme. Pourtant, si l'institution qui ne sait toujours pas si elle est mosquée, université, ou les deux à la fois, refuse d'excommunier le terrorisme, elle le fait volontiers avec les penseurs. C'est le plus souvent à l'initiative d'Al-Azhar ou de quelques avocats que la justice égyptienne mène des poursuites et condamne des intellectuels en vertu de la loi sur le mépris des religions(1). Cette loi, censée défendre toutes les religions, est systématiquement utilisée contre ceux qui critiquent certaines figures de l'islam, ignorant par exemple les attaques contre le christianisme. Elles sont pourtant systématiques, quand elles n'émanent pas de l'institution millénaire elle-même, abondamment relayées par les chaînes satellitaires, et encouragent la violence contre les Coptes.
Quelques jours avant l'attaque du Sinaï, un prêcheur fondamentaliste, Abdallah Rochdi, omniprésent sur les plateaux de télévision, a pratiquement donné le feu vert aux terroristes. Paradoxalement, et alors que l'Egypte officielle et médiatique a choisi le terme de «takfiriyines»(2) pour qualifier les terroristes islamistes, ces «takfiriyines» s'expriment en toute liberté.
C'est l'un d'eux qui a relancé la polémique en renouvelant sa fatwa qualifiant ses concitoyens coptes d'hérétiques ou d'infidèles, selon la traduction consacrée pour «kouffars». Or, si ce terme est intentionnellement choisi pour désigner les Coptes et les chrétiens en général, il est également appliqué aux courants de pensée non orthodoxes, comme le soufisme. Il ne s'agit pas là d'agiter un raccourci facile, mais du lien idéologique qui existe entre le terrorisme de parole et le terrorisme d'action, quand ils ne sont pas frères jumeaux. Lorsqu'un pays, un gouvernement, une société s'autorisent des appels publics au meurtre, étayés par des versets coraniques ou des hadiths, ils n'agissent pas autrement que les groupes terroristes. C'est ici l'attitude d'Al-Azhar qui se mure, au mieux, dans le silence, caution coupable et insupportable au crime, face au culte de la violence, sous couvert de pratique de la foi.
Après l'attentat contre le soufisme, un confrère égyptien a affirmé que «le terrorisme islamiste était né en Egypte, et c'est en Egypte qu'il sera vaincu». On veut bien, on l'espère même ardemment, mais à voir les réactions immédiates des autorités égyptiennes, on peut se montrer sceptique. Le Président Sissi qui a échoué à faire plier Al-Azhar, érigée en citadelle de l'obscurantisme, a décidé d'ériger un monument aux victimes et de venger les martyrs d'Al-Rawdha. Pas un mot sur la nécessité de réformer le discours religieux et d'assécher les sources du terrorisme, en attaquant là où se trouve la racine du mal : les textes religieux justifiant la violence. Une tâche qui semble désormais insurmontable au regard des évolutions actuelles du pays, où les militaires combattent le terrorisme, alors que la société en est littéralement imbibée. Pour verrouiller davantage, l'autre citadelle de l'orthodoxie religieuse, à savoir le Parlement, se prépare à voter une loi contre les atteintes aux figures et symboles historiques du pays. Le plus inquiétant dans ce projet, parrainé par le président de l'Assemblée en personne, c'est qu'il va être étudié et débattu au sein de la Commission des affaires religieuses. Ce qui revient, en fait, à étendre le champ d'application de l'article 98 du code pénal à tous les cas omis ou non traités jusque-là.
En vertu de cette loi, la chanteuse Shirine Abdelwahab pourrait être condamnée pour avoir porté atteinte à l'un des symboles de l'Egypte, le Nil, en insinuant que son eau donnait la bilharziose(3). Toutefois, un éditorialiste égyptien s'est empressé de baptiser cette loi du nom de Youssef Zeydane, l'écrivain égyptien, actuellement au cœur d'une polémique historique et religieuse. L'auteur du roman à succès Azazel, centré sur la vie et la mort de la mathématicienne grecque et polythéiste Hypatie d'Alexandrie, a déjà subi les foudres de l'Eglise copte(4). Depuis, il a remis en cause de nombreux faits de l'histoire du pays et de l'Islam, à l'instar de ce qu'a fait avant lui l'historien Sayed Qimni, avec les conséquences que l'on sait. Ces derniers temps, il s'est attaqué non seulement aux mythes, mais aux vérités historiques concernant l'histoire de l'Egypte et du monde arabe, telles qu'elles sont enseignées dans les manuels. Ainsi, concernant une affirmation selon laquelle c'est Amr Ibn Al'as qui a islamisé l'Egypte, il affirme que ce sont les Fatimides qui «nous ont convertis à l'Islam et à la langue arabe. Il ajoute au sujet du conquérant de l'Egypte que ce dernier s'est emparé d'Alexandrie, puis a installé un camp militaire à Foustat (le site actuel du Caire)», où il prenait de l'argent en échange de sa protection.
Son dernier coup d'éclat, qui risque de le faire interdire de parole, c'est l'assaut violent contre Salah Eddine Al-Ayoubi, Saladin, vénéré surtout en Egypte. De Saladin, il a dit pis que pendre et affirmant que c'est lui qui a incendié la bibliothèque du «Grand Palais», sous prétexte de combattre le chiisme. Selon lui, Saladin a commis un autre crime en séparant les femmes et les hommes du sérail fatimide pour les empêcher de se reproduire. Quant à la libération d'Al-Quds (Jérusalem) des mains des croisés, on la doit à l'un des bras droits de Saladin, à savoir Al-Mansour Qalawoune, l'un des émirs de la dynastie ayyoubide. Pour l'écrivain, Saladin était «une personne indigne comme le serait toute personne qui tuerait 200 000 personnes pour asseoir son pouvoir». Il ne faut pas s'étonner après tout ceci que Youssef Zeydane se fasse traiter de chiite par toutes les chapelles sunnites, pourvoyeuses de mythes.
A. H.
(1) Il s'agit en fait de l'article 98 du code pénal égyptien qui a été introduit par Sadate, alors allié providentiel des islamistes, toujours aussi peu reconnaissants, puisqu'ils l'ont finalement assassiné.
(2) Excommunicateurs ? Imprécateurs ? Lanceurs d'anathèmes ? Je n'ai pas encore trouvé la traduction française appropriée et exacte pour ce néologisme arabe, alors à vos dictionnaires !
(3) Shirine faisait sans doute référence au cas du grand chanteur Abdelhalim Hafez qui a succombé, en 1977, à la maladie qu'il avait attrapée en se baignant dans le Nil, lorsqu'il était jeune.


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