Le professeur Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière était, hier matin, l'invité de la rédaction de la Radio Chaîne 3. Il devait, a-t-il annoncé, recevoir, dès la fin de cet entretien radiophonique, le Syndicat des médecins résidents en grève qui s'insurgent contre le maintien du service national sous forme civile. Au-delà, le ministre de la Santé s'est employé en permanence, et au dam de la journaliste, à refuser de livrer des chiffres sur son secteur comme il s'est également refusé à dévoiler les détails du plan d'organisation, par respect, dit-il, aux membres de la commission qui y travaillent. Quelle évaluation fait le ministre de son secteur ? Un audit est en préparation, dit-il, et il concerne tout le système de santé, qu'il s'agisse du secteur public ou privé, le système de santé «étant un et indivisible». Or, cette évaluation qui doit en outre toucher aux structures mais aussi à l'organisation de l'activité (élément capital), n'a jamais été faite. Il s'ensuivra un projet de réorganisation des structures de santé qui sera soumis au Premier ministre. L'opinion sur la situation des structures de santé qualifie ces dernières de «mouroirs». Que dites-vous à ce propos ? a-t-il été interpellé. Le ministre se dit choqué que l'on emploie de tels termes, et qu'il «ne sert à rien de dénigrer» même si, module-t-il, il y a des problèmes de gestion de certaines structures notamment les hospitalo-universitaires. S'agit-il alors de problèmes de moyens ? Aucunement, répond le ministre qui considère que c'est la gestion de ces moyens qui pose problème. Son courroux a repris lorsque la consœur de la radio lui a rappelé l'épisode de cet été avec le décès en série de femmes à l'accouchement, le ministre s'emporte : «Ce qui s'est passé est un drame effectivement. Toutefois, il y a dix ans, l'on était à 160 à 170 décédées et nous sommes aujourd'hui à moins de 60.» Toutefois, et fort heureusement, il rajoute : «Cela étant dit, ce chiffre est encore élevé et nous travaillons pour qu'il baisse en mettant en place un système de prise en charge.» Plus globalement, l'on ne saura rien des réorganisations entreprises en dehors des velléités de changement : «Nous allons changer les choses, il faut du temps et de la sérénité.» Le ministre concède toutefois cette information : «Nous allons réceptionner dans très peu de temps 80 structures sanitaires, dont des centres anti-cancer qui seront fonctionnels au cours de l'année 2018.» Quant aux médicaments, l'intervenant se refuse encore à donner le chiffre officiel des dépenses de ce secteur. «Nous n'avons pas de traçabilité, dit-il, mais nous savons qu'il y a de gros gaspillages dus à une mauvaise utilisation dans les structures de santé comme dans les officines.» Le gaspillage est souvent inconscient chez le patient. Et lorsqu'il lui a été demandé de savoir si l'on peut réduire la facture sans provoquer de rupture, le ministre a insisté : «L'on ne va pas réduire la facture mais en rationaliser l'utilisation.» Quant à l'inégalité géographique des soins qui lui a été rappelée, M. Hasbellaoui a informé qu'une monographie de toutes les wilayas est en cours pour qu'elles puissent bénéficier de structures de soins adaptées avec une préférence pour les petits hôpitaux. Enfin, même si le ministre a été peu loquace sur les chantiers en cours dans son secteur, se limitant à en aborder les seuls contours, il a tenu à rappeler d'abord que l'Etat ne compte pas revenir sur la gratuité des soins et que, par ailleurs, tout ce qui est entrepris par ce secteur l'est pour garantir une prise en charge médicale à l'ensemble des citoyens.