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Eclairage
Dans les embouteillages, l'hormone du stress, le cortisol, augmente
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 12 - 2017


Synthèse Sarah raymouche
A travers cet éclairage, Soirmagazine explique l'impact de l'embouteillage sur le corps et le moral du conducteur. De façon scientifique, pourquoi les bouchons provoquent le stress, l'agressivité et de facto la violence ?
Passer des heures dans des embouteillages, de façon quotidienne, au-delà de la fatigue physique, que se passe-t-il dans le métabolisme du conducteur ?
Une étude américaine réalisée sur la circulation automobile tend à prouver que les bouchons sont dangereux pour la santé. En effet, les automobilistes souffriraient d'une augmentation significative de leur stress physiologique quand ils sont coincés dans les embouteillages.
L'augmentation du stress serait de seulement 8,7% chez les femmes alors que chez les hommes elle atteindrait les 60% ! La moitié d'entre eux n'en seraient même pas conscients. Une exposition de longue durée aux hormones du stress provoquerait notamment une réduction de la fonction immunitaire ainsi qu'une élévation de la pression artérielle et du taux de sucre dans le sang.
Elodie Repellin, sophrologue, le détaille encore plus dans une interview accordée au journal Le parisien. La sophrologie est une méthode de relaxation de type dynamique qui a pour objectif de transformer nos angoisses ou phobies en pensées positives. Elle déclare : «Dans les formations que je donne en entreprise sur la gestion du stress, les bouchons sont cités par 25% des participants comme un facteur de stress, derrière les relations tendues au travail et — pour les femmes — les 22 vies à gérer dans la même journée. Ils en parlent comme de quelque chose qui s'ajoute, qui vient en plus. Dans les bouchons, l'hormone du stress, le cortisol, augmente. Ce qui se traduit par des maux de tête, de dos ou de ventre. Cela agit aussi sur nos émotions et peut provoquer de la colère ou de l'agressivité. Seul au volant de sa voiture, on peut en effet vite basculer dans l'impression d'avoir des ennemis partout. Certains pensent que ce comportement est un défouloir sans conséquences, je ne suis pas de cet avis.»
L'étude américaine souligne également : «Ce stress physiologique provoquerait donc, à terme, des étourdissements, un essoufflement ainsi que des douleurs musculaires et thoraciques. Il existerait également une influence sur la conduite : les automobilistes auraient tendance à se déconcentrer et à avoir un comportement erratique.»
Qu'en est-il des répercussions sur la journée de travail ?
Il est noté la fatigue à l'arrivée au bureau. Aussi, l'impact relationnel avec les collègues. Cela peut jouer sur la relation à l'autre. On ne supporte plus la moindre réflexion, on note aussi des problèmes de concentration, des difficultés à prioriser les choses... Pour sa part, Régine Sponar, doctorante en psychologie, explique dans un article paru sur le site belge «LeVif» que «l'embouteillage récurrent induit, chez certains employés fortement investis dans leur travail, l'inscription d'un stress émotionnel». L'anxiété provoquée par la peur d'être en retard serait ainsi en partie responsable, à long terme, d'un épuisement, annonciateur d'un burn out. 73% des employés qui viennent en consultation au cabinet de Régine Sponar se déclarent ainsi stressés quand ils arrivent en retard au travail, et 52% d'entre eux estiment que ce stress est principalement lié aux embouteillages rencontrés sur le chemin du travail.
En outre, la doctorante en psychologie précise qu'à partir de 45 minutes d'embouteillages, «le transport est perçu comme très contraignant. Or, toute contrainte de cet ordre va transformer le stress émotionnel en stress physique». Par ailleurs, Régine Sponar constate que les principaux individus concernés par le risque de burn out lié aux embouteillages sont le plus souvent des salariés très investis dans leur travail, qui partent tôt le matin, et reviennent tard dans la soirée. Au cours de ses consultations, elle a en effet pu remarquer que de tels employés se retrouvaient en difficulté en raison de déplacements trop éprouvants, et étaient alors capables de quitter leur emploi.
Comment gérer ce stress et le dépasser ?
Elodie Repellin conseille : «Ecoutez une radio amusante, passez des musiques que vous aimez... Mais le mieux est encore d'agir en amont. Beaucoup de solutions existent : le psy, l'acupuncture, la sophrologie, le yoga, voire la boxe pour certains... L'important est de pouvoir reprendre le contrôle de son cerveau, donc de soi.»
Un autre spécialiste relève : «Pour gérer votre stress, et surtout dans les embouteillages qui en ajoutent notamment à cause de la peur du retard et de la sensation d'enfermement, apprenez à vous détendre en respirant. Inspirez longuement par le ventre, puis expirez. Accompagnez vos exercices de respiration d'une musique douce. Vous pouvez également vous relaxer en massant doucement le contour de vos yeux ou l'arête de votre nez, tout en respirant correctement. Cela vous permettra de relâcher vos muscles faciaux et d'éviter de vous mettre en colère. Vous arriverez zen à votre bureau, prêt pour une journée de travail.»
Les psychologues aussi conseillent les automobilistes de «prendre votre mal en patience, tout le monde subit les embouteillages», en relevant que les embarras de la circulation s'accompagnent toutefois d'une certitude : vous n'êtes pas seul ! Puisez-y du réconfort et des ondes positives. Vous vous laisserez surprendre par le sourire d'un conducteur inconnu, et vous en oublierez vite votre frustration au volant. Croyez-nous, il n'en faut pas plus pour relativiser dans les embouteillages.
Un constructeur automobile, pour sa part, ajoute : «Une conduite trop franche et agressive ne vous mène nulle part. Rouler le pied au plancher est tout bonnement inutile. Vous surconsommez du carburant et, dans un moment d'inattention, risquez d'emboutir votre voiture. Adoptez une conduite plus courtoise, patiente et économique. Un comportement agressif au volant ne vous mènera nulle part, même lorsque vous n'êtes pas dans les embouteillages !»


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