Débordés, épuisés, stressés, crevés. Ils sont sur les rotules. Tout juste bons à être ramassés à la petite cuillère ! Les parents agitent le drapeau blanc. Et pour cause ! La vie scolaire de leurs enfants les fait complètement disjoncter. Programme chargé, abondance des matières, emploi du temps improbable... papa et maman subissent le rythme scolaire infernal de leurs chérubins. Après une grande journée au bureau, les voilà contraints de jouer les maîtres d'école à la maison. Exercices de calculs, cours d'éducation civique et religieuse, récitations... La liste des devoirs à préparer pour le lendemain est interminable. Conséquence, il est parfois près de minuit lorsque parents et enfants se glissent sous leurs couettes pour quelques heures de repos avant de redémarrer une nouvelle journée au pas de course. Résultat : certains parents font carrément un burn out. Un surmenage en bonne et due forme pour cause de stress. Qu'il est loin le temps où les parents se contentaient de récupérer leur môme à la crèche, de rentrer dans leur chaumière regarder ensemble un dessin animé en savourant des crêpes à la confiture ! Loin aussi l'ancienne époque où les élèves n'avaient que deux matières à gérer au primaire : arabe et français ! Les parents tirent la sonnette d'alarme. Le burn out parental fait des ravages ! Il y a vraiment péril en la demeure ! Assia, 39 ans Avec deux filles scolarisées au primaire, Assia ne sait plus où donner de la tête. «Je suis overbookée, dépassée, effondrée. C'est la course contre la montre tous les jours. Avec les embouteillages, je rentre vers 18h30 à la maison. C'est mon mari qui se charge de récupérer les petites à la sortie de l'école. Mais c'est ici que s'arrête sa mission. Je prends le relai afin de les aider à faire leurs devoirs. Elles croulent sous les leçons à mémoriser à l'exemple des cours d'histoire-géo, d'éducation civique et religieuse. Je suis obligée de leur faire réciter à tour de rôle, en faisant le va-et-vient entre le salon où elles révisent et la cuisine où je prépare le dîner. Quand mon conjoint est de bonne humeur, il leur donne un coup de main en maths ! Je suis devenue une boule de nerfs à cause de ce stress insoutenable. Pour tenir le coup, je me dope à la vitamine C et au magnésium. J'ai constamment des palpitations et des sautes d'humeur. Je pense que les instituteurs exagèrent en mitraillant leurs élèves avec des montagnes de devoirs à faire à la maison. Et cela concerne toutes les matières. Les pauvres petits finissent par s'emmêler les pinceaux et par ne rien retenir. Personnellement je suis au bout du rouleau. Heureusement que les vacances approchent pour souffler un peu. Ce rythme est infernal !» déplore cette mère de famille au bord de la crise de nerfs. Mohamed, 44 ans Père de trois enfants dont un est scolarisé au primaire et deux au collège, Mohamed ne pas le temps de dire ouf, tout occupé qu'il est à coacher ses enfants au retour des classes. «Franchement, mes parents ont élevé cinq enfants et n'ont jamais eu à se soucier de nous sur ce plan-là. Nous avons tous réussi dans nos études sans leur infliger le stress que ma femme et moi vivons actuellement. Entre les cours de soutien qui commencent déjà au primaire, et l'aide que nous fournissons nous-mêmes à nos trois enfants, j'ai l'impression qu'il n'y a plus rien d'autre dans notre vie. Les programmes sont hyperchargés et les matières pas toujours intéressantes. On veut faire du bourrage de crane à nos écoliers sans leur apprendre à développer un esprit critique. Ils récitent des cours comme des perroquets et sont notés sur leur faculté à retenir bêtement les leçons. Sous la pression de cette avalanche de devoirs et voyant que ma femme craquait, j'ai dû engager deux profs qui viennent trois fois par semaine donner des cours à nos enfants. Moi-même je frise le burn out. Nous n'arrivons même pas à profiter d'un week-end pour nous détendre puisque même ces journées sont consacrées aux révisions. Et c'est le cas de tous nos amis ayant des enfants scolarisés !» Safia, 41 ans Safia a payé le prix fort de ce stress insupportable. «J'ai deux enfants au collège. Entre mon boulot, mes obligations familiales et la scolarité de mes deux gamins, je ne sais plus à quel saint me vouer. Je me suis tellement impliquée dans ce challenge que j'ai eu plusieurs crises d'angoisse. Mon médecin a décelé une dépression pour cause de surmenage et m'a mise sous anti-dépresseurs. Depuis, mon mari m'interdit de chapeauter les devoirs des enfants. Il a engagé deux profs qui viennent à la maison. Ma belle-sœur vient aussi leur filer un coup de main en maths et en anglais. J'ai développé une sorte de peur-panique. Dès que la période des examens approche, je frise l'hystérie. J'ai tellement peur de l'échec scolaire de mes enfants que j'ai développé une phobie. En même temps, impossible d'être une superwoman ! Jongler entre mon travail à l'extérieur et mon foyer est déjà une gageure ! Je pense que le ministère de l'Education doit opérer un lifting en allégeant les programmes et en prévoyant des parenthèses ludiques : cours de musique, danse, théâtre ! C'est le cri de SOS de nombreux parents en tout cas», assure-t-elle.Le burn out parental guette de nombreux foyers. Entre le travail, les corvées domestiques, les bouchons inextricables et les cours des enfants, difficile de trouver un peu de sérénité... du moins jusqu'à l'arrivée des vacances, parenthèse régénératrice pour toute la famille !