Par Malika Boussouf [email protected] Quelqu'un de mon quartier me racontait, il y a quelques jours, la veille du Mouloud, qu'il avait assisté à une opération policière des plus vigoureuses. Des agents venaient de confisquer tout un fourgon à son propriétaire et le voisin ne savait pas vraiment s'il devait s'en réjouir ou plaindre celui que l'on venait de dépouiller de sa cargaison : des pétards et autres produits pyrotechniques. L'équivalent d'une somme colossale, disait-il, tout en s'interrogeant d'un ton incertain sur le sort réservé à la marchandise. La logique voudrait que cette dernière soit détruite, mais comme ce n'est pas sa destination finale qui m'intéresse le plus, je laisse le soin aux représentants de la force publique d'en faire l'usage qu'ils jugeront approprié. Le problème n'étant donc plus lié au devenir des pétards et autres fusées, je me demande pourquoi tous les revendeurs ne sont pas sanctionnés ? Pourquoi il y en a même qui ont pignon sur rue et qu'aucun agent de police ne vient déranger ? Et surtout, alors que le commerce de toutes ces armes — parce qu'il s'agit bien de cela, étant donné ce qu'elles causent comme dégâts et que l'on voudrait faire passer pour inoffensives — est interdit, savoir qui est derrière l'importation de ces tonnes de produits redoutables dont on inonde le marché chaque année, à la même occasion. Si les trabendistes ne les font pas entrer par «le cabas», ils sont forcément acheminés dans des conteneurs. Comment les douaniers font-ils pour laisser passer la camelote ? Vous conviendrez avec moi qu'il est tout de même étrange que des produits prohibés pour leur caractère hautement périlleux aient des chances de passer inaperçus ! On suppose que les urgences des hôpitaux ont fait le plein comme d'habitude et que les pompiers, dont on ne reconnaît pas toujours le mérite, ont dû intervenir des dizaines de fois sans rechigner. Sur les balcons le lendemain, cendres et débris étaient là, témoignant des jeux stupides qui ont plus enchanté les aînés, du tout découragés par la pluie, que leur progéniture. Ne riez pas, les tirs me troublent à tel point que je ne remets le nez dehors qu'une fois la paix rétablie.