Le but du premier colloque international consacr� au dramaturge Abdelkader Alloula organis� par la fondation Alloula en collaboration avec l'Universit� d'Oran durant deux journ�es (les 2 et 3 mai 2005) est, nous dit-on, celui de permettre une certaine visibilit� de ses œuvres afin de les �tudier en toute objectivit�. Pour son ami M. Mediene Benamar, cette rencontre se doit d'�tre une inauguration et non une comm�moration. Durant la journ�e d'ouverture de ce colloque qui a eu lieu � l'IGMO au niveau de la salle de conf�rences Talahite-Bakhlouf, une sensation d'humilit� r�gnait sur les lieux tant les intervenants �taient tous �mus, des ann�es apr�s l'assassinat de l'artiste, � l'id�e d'aborder l'homme et l'artiste qu'il fut. Une red�couverte qui a co�ncid�, diront les organisateurs, avec le lendemain de la f�te du 1er mai, une date tr�s symbolique pour Alloula, lui qui n'a de cesse abord� et d�fendu le monde des travailleurs et en m�me temps � la veille de la Journ�e mondiale de la libert� d'expression, lui qui �tait connu pour ses engagements envers la parole libre, contre l'opression. Durant cette premi�re journ�e, les "spectateurs" de Alloula ont eu droit � huit interventions. Chacune avait abord� l'homme avec cette constante conscience que l'on ne peut parler de Alloula au pass� �tant un homme et un artiste contemporain. Mme Djazia Fergani, enseignante � l'universit� d'Oran, parlera de "l'horizon d'attente dans le th��tre de Alloula entre le discours id�ologique et la r�ception". Car Alloula se souciait �norm�ment du moyen pour transmettre une quelconque id�ologie transmise � travers un texte qui, sans une bonne compr�hension et perception, perdrait de son essence. Selon l'intervenante, il a trouv� l'�quation � son id�e � travers El goual, El Meddah et El Halqua. Pour son ami Benamar Mediene, enseignant � l'universit� d'Aixen- Province, avant d'aborder "Alloula, l'homme et l'œuvre", il nous a replong� dans les circonstances d�solantes de son assassinat ; il nous apprend que sur insistance des services de s�curit�, lui et Alloula devaient, une semaine avant son assassinat, quitter le pays, mais le sort en a voulu autrement. Il citera en exemple un ver du po�te Lautr�amont : "Toute l'eau de la mer ne suffira pas � laver le sang des dizaines de po�tes musiciens assassin�s." Pour l'orateur, Alloula �tait habit� par une �nergie incroyable de cr�ation, d'o� sa ferveur � toujours commencer les choses ; il n'aimait pas le recommencement. Avec comme grande et derni�re production sa trilogie, donnant � chaque pi�ce sa forme, son esth�tique et sa mise en th��tre. Pour sa part, l'auteur �crivain, M. Bouziane Benachour, parlera de "Alloula la 3e voie du th��tre alg�rien". Car, dit-il, � sa naissance le th��tre de Alloula avait ses propres espaces, il ne voulait pas jouer avec les habits des autres, m�me si, ajoute-t-il, aucune exp�rience ne saurait se passer des autres. Sa particularit� �tait la langue qu'il utilisait, son but, un th��tre complet avec des mat�riaux alg�riens. L'apr�s-midi, Mme Sa�da Bena�lam, enseignante � l'universit� d'Alger, s'int�ressera � la "langue th��trale de Alloula" qui est en fait un litt�raire dialectalis�. Ce n'est, dit-elle, pas de la po�sie et encore moins de la prose mais quelque chose entre les deux univers." M. Hammouni, enseignant � l'universit� d'Oran, s'est pench� sur le th�me "Du th��tre et la politique". Selon ses propos, lorsqu'on parle du lien entre le th��tre et la politique, cela n'entra�ne pas forc�ment une m�sentente ou une r�bellion de l'artiste envers le pouvoir. L'artiste est tout simplement un d�fenseur de la soci�t�. Pour sa part, Mme Marina Da Silva, venue de France, est intervenue avec le th�me "Conna�tre Alloula". Selon sa vision, la b�ance qui entoure Abdelkader Alloula pose probl�me, car, dit-elle, il demeure encore inconnu du public fran�ais. Selon elle, cette b�ance rel�ve de sa posture politique et esth�tique de n'�crire qu'en arabe dialectal. Seulement, dit-elle, depuis sa disparition, les divers hommages qui lui ont �t� consacr�s font que cette d�couverte est toujours accueillie avec joie et int�r�t. Mais le processus de sa d�couverte se poursuit, en citant l'exemple du Portugal. M. Ahmed Isma�l, homme de th��tre venu d'Egypte, a pris part au colloque pour parler de "La place particuli�re de Alloula dans le th��tre du peuple". Selon l'intervenant, l'exp�rience de Alloula dans la sp�cificit� et le renouveau est puissante et importante. Son th��tre, dit-il, encourage l'�veil de l'imaginaire chez le r�cepteur qui prend part au spectacle pour contribuer � la cr�ation. Son th��tre n'est pas un cachet d�finitif, il a toujours vis� l'apprentissage continu, dont une bonne partie �tait puis�e de son public. Mme Safia M�tahri, enseignante � l'universit� d'Oran, traitera le th�me de "L'expression linguistique dans l'interpr�tation th��trale". Selon son approche, si l'�coute est importante, la pratique vocale l'est d'autant plus, car, dit-elle, la performance vocale est indispensable pour compl�ter le texte th��tral avec ses autres �l�ments. La force du mot prononc� est plus puissante que l'�crit, surtout dans le monde du th��tre. Les d�bats et les interventions de cette premi�re journ�e nous ont tous agr�ablement plong�s dans l'histoire riche et fort int�ressante de Alloula. Mais cela nous renseigne sur le vide en mati�re d'images et d'�crits biographiques relatifs � tous les grands artistes, pas uniquement Alloula, des hommes et des femmes qui ont marqu� leur temps. D'o� la n�cessit� d'une m�re r�flexion.