Oubliés les nouveaux romans de Kamel Daoud, d'Amin Zaoui, ainsi que le pamphlet de Rachid Boudjedra. Une affaire qui n'a rien à voir avec la littérature, l'art ou la culture défraie les chroniques depuis quelques jours. En effet, il ne se passe pas un jour sans une réaction dans les journaux traditionnels ou sur les réseaux sociaux au sujet des propos de Hamidou Messaoudi, commissaire du Salon international du livre d'Alger (Sila) à une chaîne de télévision algérienne et qui avait donné son avis sur un livre intitulé : «Frapper son épouse : une solution pour les problèmes conjugaux ?» La journaliste et écrivaine Sarah Haidar a même lancé un «appel au boycott du 22e Sila», une manifestation prévue du 26 octobre au 5 novembre 2017. Cet appel au boycott a déjà un grand nombre de signatures, notamment de Wassyla Tamzali, écrivaine et militante féministe, Sofia Djama, cinéaste, Nadia Kaci, actrice, Meriem Vergès, chercheure en sciences politiques, Malika Boussouf, journaliste, et Kader Sadji, animateur du café littéraire de Béjaïa. Tout a commencé donc sur les plateaux d'Ennahar TV. Le commissaire du Sila, qui est également directeur de l'Enag, a parlé de la polémique soulevée l'an dernier par la présence, au Salon, du livret «Frapper son épouse : une solution pour les problèmes conjugaux ?», écrit par un certain Abdelhamid Ahmed Abou Souleiman. Sur un ton humoristique, le responsable du Sila estime qu'une telle controverse n'avait pas lieu d'être d'autant que ce «fascicule pourrait s'avérer utile pour modérer la violence conjugale. Car certaines épouses frappées par leurs maris, semblent avoir été percutées par un camion». Cet appel au boycott du prochain Sila est justifié, notamment, «parce que la survivance des outrages est toujours le fruit d'une accumulation de petits ‘‘détails'' tolérés, négligés, minimisés. Parce que la femme algérienne a déjà trop d'ennemis, de bourreaux et de tuteurs pour fermer les yeux sur une énième banalisation des horreurs subies. Parce qu'écrire au-delà de l'interdit et des conventions implique forcément une certaine cohérence qui ne doit souffrir aucune relativisation ou coquetterie sémantique. Parce que les violences faites aux femmes n'ont pas besoin d'un coup de pouce supplémentaire, qui plus est, venant d'un haut responsable culturel», estime Sarah Haidar. Tout en désapprouvant les propos de Hamidou Messaoudi, certains estiment toutefois qu'on ne devrait pas boycotter le Salon international du livre d'Alger, le plus important événement culturel de l'année en Algérie. D'autres appellent au limogeage (ou la démission) de l'actuel commissaire du Sila. Une affaire qui tombe comme un cheveu sur la soupe et qui, certainement, donnera un goût d'inachevé à l'édition 2017 du Salon international du livre d'Alger, à moins d'une recette miracle qui sera du goût de tout le monde.