Face � l�islamisme, l�Egypte de Sadate, puis celle de Moubarak ont apport� des r�ponses faisant alterner la r�pression et la compromission, croyant ainsi le combattre sur son terrain : d�un c�t�, une r�pression tous azimuts des groupes les plus radicaux, de l�autre, une politique de religiosit� accentu�e. En toile de fond, une politique de fermeture du champ politique � la soci�t� civile porteuse des valeurs de modernit� et de d�mocratie. Au final, l�islamisme est gagnant. En effet, l�objectif recherch� par ses id�ologues est de soumettre la soci�t� � ses lois ultra-r�actionnaires. De ce fait, m�me si le pouvoir abdique, m�me s�il applique la charia afin que les institutions de l�Etat fonctionnent conform�ment aux lois religieuses, et m�me si un pouvoir religieux est instaur�, il y aura toujours un groupe islamiste qui jugera que le nouveau pouvoir n�agit pas conform�ment � l�islam, et qui d�cidera de passer � l�action. Voyez, par exemple, l�Arabie saoudite. Bien que ce pays soit r�gi par le religieux dans tous les domaines de la vie sociopolitique, cela n�a nullement emp�ch� qu�il soit aujourd�hui en butte � plus radical que le r�gime qui le dirige actuellement. En Alg�rie, il existe �galement des tendances au sein et en dehors du pouvoir qui pensent qu�en islamisant davantage la soci�t�, elles enl�veraient aux islamistes leur l�gitimit�. Elles pensent pouvoir ainsi soustraire � leur influence une partie de la jeunesse. Or, l�exp�rience des ann�es 80 a montr� qu�une telle d�marche a jet� des centaines de milliers de jeunes dans les bras islamistes. Il faut donc cesser de s�illusionner sur une politique qui s�est r�v�l�e un �chec. Les causes de l�islamisme ne sont pas seulement d�ordre socio�conomique. Certes, le ch�mage, la paup�risation, en un mot la marginalisation sociale de pans entiers de la soci�t� aggrav�e par une mondialisation n�o-lib�rale, constituent un formidable terreau sur lequel prosp�re l�extr�misme islamiste. Mais quand l��cole ne joue pas son r�le de permettre � l�enfant d�acc�der � la citoyennet� ; quand, sous pr�texte de cours d��ducation religieuse, l��cole pr�ne l�intol�rance ; quand les m�dias publics diffusent des pr�ches incitant � la haine contre les femmes non voil�es ; quand les libert�s et la d�mocratie sont r�duites � leur plus simple expression, que des journalistes sont condamn�s pour leurs �crits et que des syndicalistes sont interdits d�expression au pr�texte qu�ils d�stabilisent l�ordre social, alors la voie est libre pour l�id�ologie islamiste. Si les groupes islamistes arm�s ont �t� vaincus parce qu�ils ne constituent plus pour le moment une menace contre l�Etat, le GSPC qui s�est f�licit� publiquement de l�enl�vement de nos deux diplomates � Baghdad escompte toujours rebondir. Car l�id�ologie salafiste qui le sous-tend est toujours � l��uvre en Alg�rie. Qui plus est, la mani�re dont certains m�dias bien de chez nous traitent de la situation irakienne, allant jusqu�� qualifier Abou Mossab Zarqaoui de �r�sistant�, contribue objectivement � alimenter l�islamisme. La r�sistance � l�occupation am�ricaine est l�gitime, elle existe : elle est repr�sent�e par ces syndicats irakiens qui luttent contre la mainmise am�ricaine sur le p�trole comme l�ont montr� les r�centes gr�ves dans le sud du pays, par ces femmes qui se battent contre la remise en cause de leurs droits, par ces partis et intellectuels irakiens en lutte pour la d�mocratie et la modernit�. D�s lors, comme le fait remarquer Ahmed Halli dans le Soir, on ne peut qualifier de r�sistance ces actes ciblant, au nom de l�islam, des enfants et des civils innocents. Qu�attendent nos religieux institutionnels pour condamner ces assassins et les exclure publiquement de la communaut� musulmane ?