�Non, il n�y aura pas d�amnistie g�n�rale ! Que cela soit bien clair.� Tranchait jeudi dernier Abdelaziz Bouteflika � propos de son projet de charte pour la paix et la r�conciliation � partir de S�tif, seconde �tape de sa tourn�e de campagne �lectorale pour le r�f�rendum du 29 septembre. �Car, s�explique-t-il, s�il �tait question d�amnistie g�n�rale, la question soumise au r�f�rendum aurait �t� simple : "Etes-vous pour ou contre l�amnistie g�n�rale?" et non pas sous forme de texte comme c�est le cas pour la charte.� Il faut revenir au m�morable discours pr�sidentiel du 31 octobre 2004 prononc� devant les membres du Parlement � l�occasion du cinquantenaire de la R�volution du 1er Novembre. Ce jour-l�, Bouteflika, encore bien dop� par l�euphorie du 8 avril, s�engageait, devant la nation � �consulter le peuple alg�rien, seul d�tenteur de la d�cision souveraine, sur une proposition simple portant sur une amnistie g�n�rale et globale au courant du premier semestre 2005�. Le locataire du palais d�El-Mouradia n�a donc pas pu arracher la caution des cercles de la d�cision � projet initial. D�o� alors la pr�cision insistante faite � S�tif. �J�ai propos� un projet pour la r�conciliation nationale et voil� que les uns me parlent d�amnistie g�n�rale, d�autres d�amnistie fiscale, de harkis, de pied-noirs ou de je ne sais quoi encore. Amnistie fiscale ? Mais qu�est-ce que c�est que cette histoire d�amnistie fiscale ! Je ne suis pas en train de faire du commerce ! Vous me voyez, moi, pardonner aux harkis ? Libre aux pieds-noirs de venir et repartir. L�Alg�rie est hospitali�re et chacun sait ce qu�il a fait par le pass�. A qui accorderais- je l�amnistie ? A ceux qui plong� l�Alg�rie dans la fitna et ont sali son image � l��tranger ? Non, que ce soit clair. Non, pas d�amnistie !� Dans un discours improvis�, il brouille cependant les pistes, influenc� certainement par la �ti�deur� inhabituelle de l�assistance ramen�e pour lui pour la circonstance. A S�tif, en fait, l�assistance rassembl�e au stade du 8-Mai-1945, se composait des d�l�gations d�organisations de masse, de comit�s de soutien, d�associations �quasi gouvernementales�, des militants des partis de l�alliance, etc., repr�sentant les wilayas de Bordj Bou Arr�ridj, M�sila, Jijel en plus de S�tif. Or , Bouteflika commettra une bourde tactique qui lui co�tera sa sortie dans les Hauts- Plateaux. �La bourde de Bouteflika� Ainsi, et voulant jeter des fleurs � ses h�tes s�tifiens, Bouteflika entamera son meeting comme suit : �A chaque fois que l�on a le moral au plus bas, on vient � S�tif d�o� l�on repart � chaque fois le moral bien remont�.� Puis suivent deux phrases de trop : �On dit que les S�tifiens sont des gens violents et agressifs. Que non ! Bien au contraire, vous avez ici � S�tif une qualit� tr�s rare en Alg�rie. C�est la propret�. Et je conseille � toutes les autres wilayas et villes d�Alg�rie de venir apprendre la propret� de chez les S�tifiens� ! Il n�en fallait pas plus pour vexer les� trois quarts du stade ! �Et voil� qu�ils nous insultent � pr�sent !� s�indigna une voix tout droit venue du carr� r�serv� � une d�l�gation de Bordj Bou-Arr�ridj. La foule devenait d�s lors de moins en moins enthousiaste et, fait rarissime en pareilles circonstances, le stade devenait de plus en plus d�garni. Comme lorsque l�Entente se faisait ridiculiser � domicile ! C�est dans cette ambiance l� que Bouteflika s��lancera dans une prolixe o� il abordera plusieurs sujets. Il commencera par d�noncer encore une fois la maladroite initiative de l�Assembl�e nationale fran�aise portant sur la loi de f�vrier 2005 sur les pr�tendus �bienfaits de la colonisation�. �Le colonialisme n�a �t� que malheur et d�solation. La France coloniale a tu�, tortur� en Alg�rie depuis 1930 et cela les Fran�ais doivent le reconna�tre. Ils ont m�me d�truit la personnalit� nationale et, aujourd�hui, nous ne sommes plus ni des Berb�res, ni des Arabes, ni des Europ�ens, et nous ne voulons pas �tre des Europ�ens.� �On a fait sortir le peuple en 1988� ! Revenant aux origines de la crise, Bouteflika, cat�gorique, relance le pav� dans la mare et relance la pol�mique autour des dramatiques �v�nements d�octobre 1988. �On a souvent entendu dire que, fin des ann�es 1980, le peuple est sorti dans la rue pour revendiquer la d�mocratie. C�est faux ! Non, le peuple n�est pas descendu dans la rue pour la d�mocratie mais parce qu�on l�a fait sortir.� Mais qui est ce �on� que Bouteflika d�signe du doigt ? Est-ce pour mettre dans la g�ne un Larbi Belkheir par exemple ? En tout cas, Bouteflika qui autorise et encourage un Madani Mezrag le sinistre �mir national de l�organisation terroriste en tr�ve, l�AIS, � faire campagne, avec les �honneurs� � son projet de r�conciliation, n�a pas en outre h�sit� � faire sienne la propagande des int�gristes et qui consiste � pr�senter les d�mocrates comme �tant responsables au m�me titre que les islamistes de la trag�die terroriste qu�ils ont impos�e au pays ces quinze derni�res ann�es. �Un groupe est venu au milieu de cette anarchie et pr�tend vouloir instaurer l�Etat islamique. Ce n�est pas �a l�Etat islamique et les conditions d�un Etat islamique ne sont pas r�unies pour le moment en Alg�rie. Ce qu�ils proposaient en fait c�est une esp�ce d�un Etat de clerg�s. Un autre groupe est venu, lui, se disant la�c et pr�tend vouloir nous moderniser. Non, nous ne sommes pas des la�cs mais tous des musulmans. La modernit� ? Ce n�est pas parce qu�on a appris trois mots en fran�ais, qu�on se mettant en minijupe qu�on est moderne ! Le peuple s�est trouv�, lui, coinc� entre ces deux groupes et ne savait plus quoi faire�. Jusqu�en 1999 ? �videmment ! Bouteflika ne se privera pas de glorifier son r�gne. �Il y�avait 12 000 armes dans les maquis. 6000 ont �t� r�cup�r� gr�ce � la concorde civile. Il y a encore dans les maquis des �gar�s et je leur tends ma main au nom du peuple alg�rien. Et pour peu qu�ils ne soient pas impliqu�s dans des massacres collectifs, des attentas � l�explosif sur la place publique ou dans des viols, ils trouveront toujours, parmi ce peuple g�n�reux, un foyer chaud qui va les abriter. Il est vrai que je n�ai pas le droit de faire cela me diriez-vous. Je suis qui pour le faire ? En avril 2004, vous m�avez accord� 85% de vos suffrages. C�est une lourde responsabilit� � assumer et � m�riter pour un seul homme fut-il OMAR IBN EL KHATTAB. J�aurais pu me suffire de ces 85% pour prendre les mesures que je jugerai n�cessaires. Mais j�ai pr�f�r� remettre la d�cision, quant � cette question tr�s sensible au peuple alg�rien.� Ceci �tant, il se contredira superbement un peu plus tard en faisant sienne, cette fois-ci, la position �du courant la�c�. Ainsi, il affirmera que �les probl�mes de l�Alg�rie se r�gleront en Alg�rie. Ils ne le seront en effet ni � Saint� Egidio, ni � Sidi Abou��