Le pr�sident de la R�publique trouve, en ces temps o� �les soutiens� op�rent en mode, en l�ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou un contradicteur percutant. Si Bouteflika fait montre d�une certitude quant � r�ussir son plan quinquennal de relance �conomique, Benachenhou, lui, doute, se fondant sur des param�tres objectifs, assortis de donn�es chiffr�es, de l�accomplissement de l�entreprise, colossale, il faut le souligner, engag�e par le locataire du pays d�El-Mouradia. Abdelatif Benachenhou, qui a anim� hier une conf�rence- d�bat � la salle des conf�rences de l�INH � Boumerd�s, au second jour de l�universit� d��t� du FLN, s�est � nouveau illustr� anticonformiste, de l�acceptation en vogue et suffisamment �loign� des certitudes officielles. Que le pr�sident de la R�publique estime avoir drain� de par son �puntch� diplomatique, entre autres, quantit� appr�ciable d�investissements directs �trangers (IDE), il ne convainc cependant pas Benachenhou. �Vous nous envoyez des signaux contradictoires, me dit-on � l��tranger�, a-t-il avou�, hier, comme pour dire que l�Alg�rie reste orpheline d�une politique claire � m�me d�inciter l�investisseur �tranger � venir. L�effort national en mati�re d�investissement ne suscite pas applaudissements chez l�ex-premier argentier du pays. �Le taux moyen d�investissements nationaux ne d�passe pas les 30 %, ceci alors que le taux d��pargne est sup�rieur � 50 %�, a-t-il affirm�. Mieux que cela, Abdelatif Benachenhou a consid�r� limit�e la capacit� de l�Alg�rie quant � la mise en �uvre des grands projets. Le point faible, a-t-il estim�, reste la faiblesse de la ressource humaine. �Les ressources humaines ne sont pas suffisantes quantitativement et qualitativement.� Les chiffres et les statistiques de Benachenhou ont, par ailleurs, de quoi vexer le ministre de l�Agriculture, Sa�d Barkat. �72 % des fellahs n�ont pas de formation qualificative, uniquement 1 % d�entre eux dispose d�un dipl�me universitaire, 29 % ont atteint le niveau secondaire...�, a-t-il r�v�l�. Mais plus encore. �En 2002, 71 % des exploitations agricoles n�avaient pas d�acte de propri�t�.� Le ministre de la Participation, Abdelhamid Temmar, qui lui a succ�d� � la tribune, a beau plaid� sa politique de privatisation, Benachenhou fait le constat amer d�une situation quasibloqu�e, �la grande privatisation reste floue jusque-l�, l�effort pour la connaissance d�taill�e des entreprises �ligibles � la privatisation est insuffisant.� Et l�assainissement ? Il a engouffr� beaucoup d�argent. �36 milliards de dollars ont �t� inject�s entre 1991 et 2004�, cela dit, l�ex-ministre des Finances, qui ne s�est pas apesanti sur l��pisode qui, vu son �jection du d�partement minist�riel qu�il pr�sidait, n�en a pas n�anmoins manqu� de faire allusion : �On a dit que j��tais contre la d�pense sociale. Non, c�est faux, j'�tais pour la d�pense sociale, seulement j��tais contre la dilapidation.� L�opinion sait d�sormais un bout sur la cause, au moins l�une, qui a induit la s�paration entre Bouteflika et Benachenhou. Ce dernier, bien entendu, reste convaincu qu�il a fait ce qu�il fallait faire. �Le financement de certaines activit�s, telles que le renouvellement de la flotte d�Air d�Alg�rie, le dessalement d�eau, qui apparemment �tait ext�rieur a fini par devenir int�rieur. 2 milliards de dollars ont �t� inject�s comme financement des op�rations cit�es.� L�ex-ministre de Finances ne commet pas la contradiction par inadvertance. Il avait toute conscience de ce qu�il affirmait, il se savait aussi d�rangeant. Preuve : � un moment, des sir�nes de voitures de police retentirent � proximit� de la salle de conf�rences. Benachenhou marque une pause puis dit : ils sont venus m�arr�ter. Eclatement de rires dans la salle. Lui-m�me fait de m�me. Mais cela n�alt�re en rien le sens du propos.