Apr�s le passage d'une g�n�ration dor�e, la transition n'est jamais facile � assurer. C'est pourtant la t�che � laquelle l'�quipe nationale croate s'est attel�e au cours de ces derniers mois, avec une certaine r�ussite. Cette petite nation d'Europe centrale, qui compte moins de cinq millions d'habitants, avait cr�� la surprise pour sa premi�re participation � la Coupe du Monde en 1998 en terminant troisi�me gr�ce � des joueurs devenus depuis de v�ritables l�gendes : Zvonimir Boban, Robert Prosinecki et Davor Suker. Certains de ces grands joueurs �taient encore pr�sent quatre ans plus tard, en Cor�e et au Japon. Malheureusement, les Croates n'avaient pas connu la m�me r�ussite en Asie puisque leur �quipe vieillissante avait �t� �limin�e d�s le premier tour. Aujourd'hui dirig�e par Zlatko Kranjcar, qui a succ�d� � Otto Baric � l'issue de l'EURO 2004, la Croatie a fait peau neuve et brigue une troisi�me qualification cons�cutive pour la phase finale de la Coupe du monde. La Croatie occupe actuellement la deuxi�me place du Groupe 8 apr�s son d�cevant match nul (1-1) � Malte le 7 septembre dernier. Toutefois, les joueurs au damier ont encore leur destin entre leurs mains puisqu'ils recevront la Su�de, leader de la poule, � Zagreb. Un avantage qui pourrait s'av�rer d�cisif, si l'on en croit Slaven Bilic, l'ancien d�fenseur international aujourd'hui s�lectionneur de l'�quipe U-21. "Nous sommes toujours bien plac�s, confie-t-il depuis son domicile de Split. Si nous battons les Su�dois, nous repassons en t�te. M�me si nous faisons match nul avec eux et que nous battons la Hongrie, nous pourrons encore esp�rer terminer parmi les meilleurs deuxi�mes." L'�quipe croate a bien chang� depuis ses d�buts sur la sc�ne internationale, il y a sept ans de cela, en France. Pour commencer, la majorit� des joueurs de l'�poque avait d�but� dans le championnat yougoslave. Comme Bilic le rappelle luim�me : "A l'�poque, nous vivions dans un pays de 20 millions d'habitants et il fallait �tre tr�s fort pour s'imposer au plus haut niveau." Malheureusement, la premi�re division croate n'est pas aussi relev�e et le s�lectionneur doit parfois faire preuve d'ing�niosit� pour renforcer son �quipe. Ainsi, les fr�res Kovac, Niko et Robert, ainsi que l'attaquant Ivan Klasnic sont n�s en Allemagne. Quant � Joey Didulica, Anthony Seric et Josip Simunic, ils viennent tous les trois d'Australie. De son c�t�, Dado Prso a effectu� l'essentiel de sa formation en France. Ce n'est qu'apr�s avoir connu le succ�s avec l'AS Monaco que le buteur croate a �t� appel� en s�lection. Le prochain sur la liste pourrait bien �tre le jeune Eduardo Alves da Silva, un attaquant d'origine br�silienne r�cemment naturalis� croate. Le talent en moins En fait, le seul international � �voluer dans le championnat croate n'est autre que Niko Kranjcar, le propre fils du s�lectionneur. Le cas du joueur de Hajduk Split est d'ailleurs r�v�lateur d'une autre diff�rence entre la g�n�ration actuelle et celle de Bilic : si, en 1998, Miroslav Blazevic disposait d'un milieu de terrain de grande classe, ce n'est pas le cas de Kranjcar aujourd'hui. "A l'�poque, aucune �quipe au monde ne pouvait se pr�valoir de poss�der trois milieux aussi cr�atifs que Boban, Prosinecki et (Aljosa) Asanovic, poursuit Bilic. La Croatie ne dispose plus de tels joueurs aujourd'hui, c'est pourquoi nous avons d� adapter notre jeu. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire tourner la ballon comme nous en avions l'habitude". Si les Croates se sont r�solus � adopter une approche plus pragmatique, "Kranjcar est le seul joueur qui rappelle la grande �poque du football croate", insiste Bilic. Le jeune Niko, qui occupe le poste de meneur de jeu dans un syst�me en 3-5-2 a pourtant eu bien du mal � convaincre l'exigeant public croate que sa pr�sence dans l'�quipe ne devait rien � son lien de parent� avec le s�lectionneur. Excellent en Bulgarie au mois de juin dernier, o� il avait termin� la rencontre avec un but et une passe d�cisive � son actif, Kranjcar a poursuivi sur sa lanc�e en marquant contre le Br�sil et Malte. Et si le p�re aligne souvent deux milieux de terrain tr�s d�fensifs aux c�t�s de son fils, il a en revanche la chance de compter dans son effectif deux joueurs de couloir tr�s offensifs : Darijo Srna (Shakhtar Donetsk) et Marko Babic (Bayer Leverkusen). "Srna et Babic sont deux excellents joueurs, tr�s techniques, tr�s puissants et capables de d�livrer de bons centres � destination de Prso ou de Klasnic, confirme Bilic. Ils ne sont peut-�tre pas aussi solides sur le plan d�fensif mais nous avons les moyens de compenser leurs mont�es�. Il faut dire que Srna ne se contente pas de faire marquer, il sait aussi se montrer efficace dans les moments d�cisifs. D�j� auteur de quatre buts dans la comp�tition pr�liminaire pour la Coupe du monde 2006, l'ancien ailier de Hajduk Split a notamment inscrit le but de la victoire croate � G�teborg l'ann�e derni�re. Srna est toutefois devanc� au classement des buteurs par son co�quipier Dado Prso, qui compte d�j� cinq r�alisations. Et si Bilic reste convaincu que personne ne remplacera jamais Suker, l'homme aux six buts en Coupe du monde ("avec lui dans l'�quipe, on �tait certain de marquer", assure Bilic), la Croatie compte tout de m�me 20 buts en huit matches, ce qui constitue une moyenne honorable. Sur le plan d�fensif, le bilan n'est pas mauvais non plus puisque les Croates n'ont pris que cinq buts. En fait, sans des erreurs d'inattention qui leur ont co�t� la victoire � Malte et � domicile devant la Bulgarie, une rencontre au cours de laquelle les hommes de Kranjcar ont pourtant men� 2-0, ils auraient l�gitimement pu pr�tendre � un parcours sans faute. La Croatie aborde donc la derni�re ligne droite en position id�ale. Finalement, apr�s quelques t�tonnements, il semblerait que la nouvelle g�n�ration croate soit � la hauteur de ses glorieux a�n�s.