Abdelaziz Bouteflika a quitt� l'h�pital du Val-de-Gr�ce, apr�s trois semaines et cent mille rumeurs. Soit. Plus rien � en dire ? Il faut tout de m�me examiner de pr�s ces rumeurs, elles ne surviennent pas par hasard. La premi�re visait � accr�diter la th�se que le pr�sident allait vraiment bien et qu'il continuait, du fond de son lit de convalescent, � �g�rer les affaires du pays�. Version optimiste ! C'est celle que l'on sert habituellement � une opinion publique que l'on a rendue peu regardante. La deuxi�me �tait, elle, alarmiste, mais dans le sens de la valorisation du pr�sident. Elle disait, en gros, qu'Abdelaziz Bouteflika ne va pas trop bien, que le pays doit se pr�parer � repartir � z�ro. Cette rumeur c�l�bre celui qui signifie, comme le d�clare ce journaliste au Monde : �Pour le petit peuple, la fin du terrorisme (...), les t�l�phones portables et le cours du baril du p�trole ou la pluie�. Pendant que les rumeurs revenaient comme un boomerang lanc� � toute vitesse par le m�pris qui tient lieu de communication aux communicateurs du pouvoir, il y avait, quelque part dans le noir des institutions, des gens qui se pr�paraient. A quoi ? A parer � toute �ventualit�. Y compris la pire. Que va-t-il se passer maintenant ? Rien ? Selon que le pr�sident est en possession de tous les moyens ou pas, il y aura forc�ment des retomb�es sur le plan politique. Cette hospitalisation entour�e de myst�res r�v�le la fragilit� de l'�difice bas�e sur des fondations client�listes. La panique qui a saisi les cercles concentriques autour du chef de l'Etat peut se comprendre. Tout le pouvoir enferm� dans ces cercles provient de la proximit� avec le pr�sident. Perdre le point central du cercle, c'est perdre sa position dans le cercle. Autre le�on, celle de la communication. On a dit � l'envi ce qu'il y a de d�sesp�rant pour la transparence et pour le respect de l'opinion publique dans la gestion des informations sur ce fait public qu'est l'�tat de sant� d'un pr�sident �lu. D�roger au contrat d�mocratique qui consiste � informer les citoyens sur la sant� de ceux qui les gouvernent conduit aux sp�culations auxquelles nous venons d'assister ; sp�culations desquelles les uns et les autres peuvent tirer un profit politique. Ceci �tant dit, il n'est pas certain que l'on en sache davantage. Il n'y a pas de raison sup�rieure pour que le culte du secret qui a entour� l'hospitalisation du pr�sident soit lev� � propos de sa sortie de l'h�pital. Dans quel �tat sort-il ? Continue-t-il sa convalescence, o�, comment ? Quelles sont les prochaines �ch�ances politiques ? Que fera-t-il pour que sa convalescence ne soit pas contagieuse et que le pays sorte de la sienne ? Continuera-t-on � consacrer la t�l�vision et les m�dias publics � lire � la queue leu leu les messages de prompt r�tablissement motiv�s plus souvent par des motifs d'all�geance que par souci humain ? La manipulation de sa maladie � des fins politiques cessera-t-elle avec sa sortie de l'h�pital ? L'UGTA appellera-t-elle � la tr�ve dans la tr�ve ? Les conflits sociaux, stopp�s pour cette raison incompr�hensible, poursuivront-ils leur processus naturel ? Les inaugurations d'usines, de chantiers et m�me de chrysanth�mes qui ont �t� report�es pour cause de maladie du pr�sident vont-elles avoir instantan�ment lieu maintenant ? Il faut dire que pour beaucoup de chefaillons pour qui elle repr�sentait un pr�texte en or pour se croiser les bras, la sortie de l'h�pital du pr�sident n'est pas forc�ment un fait qui leur est favorable. L'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika incite � poser, m�me a posteriori, toutes ces questions. Elle aura, au bas mot, confirm� le fonctionnement du syst�me dans sa logique de culte de la personnalit� sommant quiconque jouant un r�le public � tirer sa l�gitimit� non pas du sens de son action mais de la fid�lit� au centre de d�cision. La d�stabilisation de ce centre de d�cision devient forc�ment celle des cercles concentriques et, par propagation d'ondes, celle de tous les secteurs de tout le pays. Maintenant, il faut publier le bulletin de sant� de l'Alg�rie et nous dire quand elle sortira de cet �tat de d�sespoir. A. M. P.S. de l�-bas : Cherif Kheddam f�te ses cinquante ann�es de m�tier dans la plus grande salle de France, le Z�nith de Paris. Il l'a fait aussi � Alger o� les retrouvailles avec son public ont donn� lieu � un concert sublime. Tous les chanteurs kabyles qui comptent lui doivent quelque chose. Il aura harmonis� la musique kabyle en la confrontant � la philharmonie Ancien �l�ve d'�cole coranique qui se destinait � une formation d'imam, il est, dans les ann�es cinquante, ouvrier en France. C'est l� qu'il se met � la musique et � la po�sie. Son retour en Alg�rie aidera � moderniser la chanson kabyle � la fois dans sa texture mais aussi dans la transmission des savoirs puisqu'il animera un conservatoire et une �mission radiophonique consacr�e aux jeunes espoirs de la chanson. C'est de l� que sont sortis la plupart des chanteurs d'aujourd'hui, � commencer par A�t Menguellet.