L�ancien ��mir� national de l�Arm�e islamique du salut (AIS) autodissoute en 1997, Madani Mezrag, n�est nullement rong� par le remords. Sans �tat d��me aucun, il avoue avoir tu� et ne pas regretter de l�avoir fait. �Oui, j�ai tu� de mes propres mains�, confesse-t-il impun�ment � Farid Alilat, envoy� sp�cial de l�hebdomadaire l�Intelligent. Contre un tel aveu, la justice ne peut rien. La loi sur la concorde civile et la gr�ce amnistiante ont exon�r� les terroristes islamistes de leurs crimes� innommables. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir)- Mezrag, qui m�ne une vie de notable, enrichi par le vol et le racket, raconte son crime abject sans g�ne. �C��tait en 1993, dans la r�gion de Jijel, au cours d�une embuscade dress�e contre un convoi militaire. Le jeune militaire agonisait encore lorsque j�ai arrach� le kalachnikov de ses mains. J�ai gard� cette arme pendant plusieurs ann�es, mais je l�ai d�test�e. Pourquoi ? Parce qu�elle m�a toujours rappel� les r�les de ce militaire au moment o� il rendait l��me�, confie-t-il � l�envoy� sp�cial de l�Intelligent. L�ex-��mir� de l�AIS a, incontestablement, ex�cut� de ses propres mains d�autres personnes. Beaucoup d�autres. Horriblement, parfois. L�envoy� sp�cial de l�Intelligent, qui dit tenir la version du fait d�un haut responsable de l�arm�e, rapporte que Mezrag �a �borgn� un soldat avec une fourche avant de le d�couper en morceaux�. On n�officie pas chef d�une organisation terroriste du style AIS pour avoir fait preuve de dext�rit� � g�rer l� �ordinaire�. Madani Mezrag, que la m�moire ne torture point, fait �galement l�aveu de l�ex�cution syst�matique des prisonniers. �Les prisonniers �taient syst�matiquement tu�s. Bien s�r, sur le plan humain cela me touchait, mais en tant que chef de guerre, je ne devais pas m�encombrer d��tats d��me. Il fallait tuer ou �tre tu�. Il avoue le crime mais ne craint pas d��tre poursuivi en justice par les familles de ses victimes. �Ceux qui veulent me poursuivre en justice sont libres de le faire. Je n�ai peur de rien. Je n�ai peur de personne�. Blanchi de ses crimes par la loi sur la concorde civile et la gr�ce amnistiante, le chef terroriste qu��tait Madani Mezrag ne s�estime pas repenti. Il abhorre qu�il soit ainsi consid�r�. �Je ne suis pas un repenti. J�ai men� une guerre juste et pass� un accord, les armes � la main, avec l��tat-major de l�arm�e.� Voil� qui est dit : le chef terroriste se glorifie d�avoir conclu un armistice. Il poursuit, au demeurant, de se comporter comme un chef terroriste. Il parle encore de �ses hommes�. �Aujourd�hui encore, m�me apr�s la dissolution de l�AIS, je suis oblig� de m�occuper de l�avenir de mes hommes. Je fais du service apr�svente�, dit-il. Autrement dit, Madani Mezrag continue � entretenir ses troupes. Aucun interdit ne semble peser sur lui. Face � lui, la r�publique est comme d�sarm�e. Il n�a rendu compte � la justice ni de ses propres crimes, ni de ceux de son organisation, encore moins de la fortune amass�e via les vols et le racket. �L�AIS n�a pas de tr�sor de guerre. Nous avons des biens, des voitures et de l�argent, mais nous n�avons pas de tr�sor (�), r�v�le-t-il sans crainte, ajoutant �l�argent se trouve quelque part. mais surtout pas dans les banques�. S�il enfourche, par ailleurs, aujourd�hui le cheval de la r�conciliation nationale, ce n�est pas parce qu�il est sevr� de ses r�ves fous de r�publique islamique. Il reste convaincu que le projet islamiste triomphera. �Nos id�es vont finir par triompher en Alg�rie. Je suis convaincu � 100 % que le courant islamique va dominer la soci�t�. Nul �tonnement que la conviction de Mezrag quant � l�instauration d�un Etat th�ocratique reste int�grale. La voie officiellement privil�gi�e pour faire recouvrer la paix fait la part belle � l�islamisme et met � mal la r�publique. C�est cette voie qui fait que des chefs terroristes avouent impun�ment leurs crimes. Mezrag aujourd�hui, d�autres ��mirs�, du GSPC et du GIA, en feront de m�me demain. Apr�s que la charte pour la paix et la r�conciliation nationale aura accouch� de ses textes d�application.