16h35. Layada sort de la prison de Serkadji. Le visage ras� de pr�s. Il restera un petit instant � contempler la foule venue l�accueillir, avant d�effectuer une g�nuflexion � m�me le bitume. Il sera imit� par ses proches. A ce moment, on pouvait m�me entendre les concern�s psalmodier El Hamdou lillah (merci � Dieu). Le fils cadet du fondateur du GIA lancera le premier Allah Akbar (Dieu est grand). L�homme, qui affiche un profil serein et qui ne manque pas de bomber le torse devant le cr�pitement des flashs des photographes, est litt�ralement pris d�assaut. Il s�agit essentiellement des membres de sa famille, mais �galement de quelques camarades d�armes. A chaud, Abdelhak Layada s�est content� de l�incantation d�un verset du Coran autour du triomphe du bien sur le mal. C�est � un authentique bain de foule qu�aura droit l��largi. Une profusion de personnes se succ�de pour lui faire l�accolade. Celui-ci ne manque pas de manifester une joie particuli�re � la rencontre de quelques-uns. La circulation routi�re est compl�tement interrompue. Une foule compacte prend d�assaut le rond-point du quartier de la Haute-Casbah. Les pickpockets et autres �nergum�nes sont �galement au rendez- vous. Le service d�ordre est d�pass�. La foule d�cha�n�e scande en ch�ur �Allah Akbar�. Dans la confusion l�on semble m�me craindre pour l� ��mir�. Une garde pr�torienne est improvis�e. Certains lui recommandent m�me de monter dans la voiture qui l�attend plus bas. Mais l�un de ses enfants l�emp�che. Il lui explique qu�un invit� de marque n�allait pas tarder � faire son apparition. Ce dernier n�est autre que l�ex-num�ro 2 du FIS dissous, Ali Benhadj. En compagnie de quelques fid�les ils sont all�s accomplir la pri�re d�El Asser � la mosqu�e El Barani situ�e � un jet de pierre. �D�accord ne vous inqui�tez j�irai l� o� vous me demanderez d�y aller� r�p�te-t-il � son jeune enfant. Le convoi s�est arr�t� � hauteur d�une bifurcation qui d�bouche directement sur la mosqu�e d�o� Ali Benhadj devait sortir � tout moment. Avant l�arriv�e de Benhadj, d�anciens prisonniers pour des affaires de terrorisme se succ�dent pour l�embrasser. Il semble oublier quelques-uns. L�on lui rafra�chit la m�moire : �c�est Hindou, il �tait avec toi au tout d�but�. Ce dernier se distingue d�un comportement singulier. Quelques heures avant la sortie du fondateur du GIA, il s�est m�me offert le luxe d�affirmer � voix haute : �Nous allons leur faire la guerre jusqu�au dernier souffle� en d�signant de la t�te les forces de l�ordre qui se tiennent en face. Cette r�flexion suscite l�indignation de ses interlocuteurs qui lui expliquent clairement que toutes ces histoires sont termin�es pour eux. � Laisse-moi en dehors de tout �a�, dit un jeune. ��a y est, moi je me suis rendu pour de bon. J�applique la moussalaha (r�conciliation)�, l�che s�chement un autre. Ali Benhadj arrive en compagnie de trois personnes. Les cris d�Allah Akbar redoublent d�intensit�. �Laissez le passage au cheikh�, ressassent des voix. Ali Benhadj, fid�le � son accoutrement, s�abandonne aux bras d�El Ayada. Ils s��changent quelques mots avant de prendre le chemin vers la Peugeot 406 qui les attendait. Au cours de la lente procession, des journalistes sont pris � partie. Le fils de Layada suit la sc�ne et dit : �Ne frappez pas les journalistes.� Layada s�arr�te de marcher et rench�rit : �Laissez la presse tranquille. La presse est libre. Les journalistes ont bien appris leur m�tier.� Layada et Ali Benhadj stopperont net leurs �comp�res� quand ces derniers ont scand� : �Aalayha nahya wa aalayha namout� (pour elle nous vivrons et pour elle nous sommes pr�ts � mourir). C�est avec beaucoup de peine que Layada et Ali Benhadj prennent place � l�arri�re de la voiture qui s��branle. A. G.