Le s�jour en France depuis mercredi du pr�sident de la R�publique alg�rienne, Abdelaziz Bouteflika, relance de plus belle, dans l�Hexagone, la sp�culation politico-m�diatique autour de son �tat de sant�. La presse fran�aise doute. L�extr�me droite et la droite fran�aises, qui, visiblement, entreprennent dare-dare d�exploiter la pol�mique entre Alger et Paris autour de la colonisation � des fins �lectoralistes, mettent de la d�mesure dans le propos, consid�rant �ind�cent� et �scandaleux� que Bouteflika aille se soigner en France apr�s avoir soutenu que �la colonisation a r�alis� un g�nocide de notre identit�. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Dans cette fr�n�sie �lectoraliste, il est �videmment fait peu de cas du communiqu� de la pr�sidence de la R�publique alg�rienne, rendu public jeudi et dans lequel a �t� expos� le motif du d�part du pr�sident pour la France, � savoir que Bouteflika s�y est rendu �pour un contr�le m�dical, qui �tait pr�vu de longue date�. Le ministre d�Etat, repr�sentant personnel du pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Belkhadem, en l�occurrence, a beau rassurer par ailleurs en affirmant qu� �il n�y a rien de grave�, il ne sera pas entendu. Les milieux fran�ais hostiles � l�Alg�rie n�en d�mordent pas. A commencer par le Front national, dont le pr�sident, Jean Mari Le Pen � qui a �bruit� l�arriv�e en France de Bouteflika � a d�clar� : �Je trouve scandaleux que Monsieur Bouteflika se permette de dire cela (le g�nocide de l�identit�, ndlr) publiquement et le lendemain d��tre chez nous pour se faire soigner. Je ne comprends pas qu�il vienne se faire soigner chez les abominables colonialistes que nous sommes.� A droite, le ton est quasi similaire. D�put� de l�UMP, Lionel Lucas a soutenu qu� �il est particuli�rement ind�cent que celui qui est un multir�cidiviste de l�insulte � l��gard de la France vienne une nouvelle fois se faire soigner chez l�ancien colonisateur responsable d�un �g�nocide identitaire�. De son c�t�, le num�ro 2 du MPF, Guillaume Peltier, aussi virulent, a estim� que �c�est un v�ritable scandale qu�un homme qui, dans un premier temps, nous crache dessus, vienne, dans un deuxi�me temps, se soigner en France aux frais des contribuables fran�ais �. La vice-pr�sidente de l�UDF, Marielle de Sarnez a choisi, elle, de destiner sa diatribe �galement aux autorit�s fran�aises : �La France aurait pu r�agir aux propos de Bouteflika. Il est � se demander si le silence des autorit�s fran�aises n��tait pas li� � sa venue � Paris pour des examens m�dicaux.� La presse fran�aise alimente le doute La presse fran�aise, tous m�dias confondus, a comment� le s�jour du pr�sident Bouteflika � Paris. Si Le Monde s�est gard� de s��taler dans la supposition et la conjecture, il n�en a pas �t� de m�me de Lib�ration o� Jos� Gar�on ose ce commentaire : �A cinq mois d�intervalle, la maladie du pr�sident alg�rien est � nouveau g�r�e de la m�me mani�re par Alger et Paris : dans une totale absence de transparence et avec une langue de bois qui ne trompe personne.� Et cette conclusion : �La virulence de cette d�claration (le g�nocide identitaire, ndlr) semble, � elle seule, d�mentir que la venue � Paris du chef de l�Etat alg�rien �tait �pr�vue de longue date�. On le voit mal en effet s�en prendre aussi violemment � la France cinq jours avant de venir y effectuer un �contr�le m�dical�. Tout indique en fait que l��tat de sant� du pr�sident alg�rien s�est brusquement aggrav� pour qu�il pr�f�re venir dans un h�pital qui conna�t son dossier sur le bout des doigts. Quitte � s�exposer aux railleries de la population. �. C�est une conclusion similaire que livre Le Parisien qui, pour traiter de la question, ouvre ses colonnes au professeur Bernard Debr�, chef de service urologie � l�h�pital Cochin et �galement d�put� UMP. Ce dernier, comme pour rester fid�le � son �diagnostic� du moment o� Bouteflika �tait hospitalis� au Val-de-Gr�ce, en novembre dernier, a affirm� : �On ne doit pas nous prendre pour des na�fs. Ce qu�on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd�hui�, ajoutant que �quand un ulc�re h�morragique a �t� trait� puis gu�ri, il s�agit d�effectuer un simple contr�le fibroscopique qui peut �tre fait dans n�importe quel h�pital alg�rien. On ne peut se demander pourquoi Bouteflika vient � Paris pour un contr�le aussi simple�. Le journal a conclu que �ces fr�quentes visites accr�ditent la th�se d�une maladie beaucoup plus grave qu�un simple ulc�re, un cancer de l�estomac�. Combien de temps durera le s�jour ? Jusqu�� hier, nulle information n�a �t� fournie s�agissant de la dur�e du s�jour � Paris du pr�sident Bouteflika. Ni du c�t� alg�rien, ni du c�t� des autorit�s fran�aises. Le porte-parole du minist�re fran�ais des Affaires �trang�res, Jean-Baptiste Mattei, qui a anim� hier une conf�rence de presse, s�est content� de souligner que �ce n�est pas � nous de donner des d�tails ni sur la dur�e ni sur la nature du s�jour. C�est une visite de caract�re priv�. On n�a pas l�habitude de donner des d�tails sur ce point l�. Je vous renvois plut�t aux autorit�s alg�riennes�. La seule affirmation qu�il a conc�d�e est que le pr�sident Bouteflika se trouvait hier encore en France. �A ma connaissance, le pr�sident Bouteflika se trouve toujours en France.� Les autorit�s alg�riennes n�ont pas inform� davantage hier, aggravant du fait le d�ficit en communication dont elles continuent � faire preuve. Au point, faut-il le dire, que c�est le pr�sident du FN qui a r�v�l�, le premier, la venue du pr�sident Bouteflika en France.