Fin de suspense : le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a pr�sent� officiellement, hier, sa d�mission, laquelle a �t� accept�e par le pr�sident de la R�publique. Une surprise : ce n�est pas � un technocrate, au sens de sevrage de tout arrimage partisan, qu��choit, comme il a �t� laiss� entendre durant la semaine �coul�e et m�me depuis avant, la mission de driver l�Ex�cutif. C�est le secr�taire g�n�ral de l�instance ex�cutive du Front de lib�ration nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, qui succ�de � Ahmed Ouyahia. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Tenue en haleine pendant plusieurs jours, l�opinion est, donc, depuis hier, officiellement �difi�e sur l�identit� de l�ex�cuteur en chef du programme du pr�sident de la R�publique. Sur sa couleur politique, sa s�ve id�ologique et son appartenance partisane aussi. La nomination de Abdelaziz Belkhadem n�a pas int�gr�, en effet, les �ventualit�s pourtant nombreuses auxquelles se sont attard�es les analyses m�diatiques et sur lesquelles a focalis� l�observation politique. Jusqu�� hier, et depuis que les chuchotements de s�rail sur la contrainte d�Ouyahia au d�part ont commenc� � devenir audibles, c��taient plut�t les noms de Sellal, de Rahmani et de certains autres ministres �technocrates� qui ont �t� avanc�s avec insistance comme successeurs probables du patron du Rassemblement national d�mocratique (RND) � la t�te de l�Ex�cutif. Le Front de lib�ration nationale lui-m�me, � travers des voix autoris�es, fournissait �l�ments � renforcer, voire accr�diter cette hypoth�se d�un nouveau chef du gouvernement �neutre�. Du moins, c�est ce qui se comprend du propos d�un Sa�d Bouhadja qui, parlant du profil idoine � la succession de Ouyahia, mettait en avant cette notion de neutralit�. Une neutralit� comprise dans le sens de l�affranchissement d�attaches partisanes. Car dans la pr�occupation du FLN figurait en priorit�, de mani�re, disons, quasi obsessionnelle, l�organisation des prochaines �lections communales et l�gislatives. Et, plus tard, si les perspectives ne venaient � �tre chamboul�es entre-temps, l��lection pr�sidentielle. Le parti de Belkhadem, donc du pr�sident Bouteflika, ne faisait plus d�ailleurs, ces temps derniers, de sa crainte de voir l�administration mise, l��ch�ance arriv�e, au service d�int�r�ts partisans. La fl�che est d�coch�e, il est clair, � l�endroit de Ouyahia. D�aucuns comprendront, apr�s coup, que cela participait de la strat�gie d�affaiblissement du chef du gouvernement sortant. Car le RND et d�autres partis pourront, � raison, dire de m�me, � pr�sent que Belkhadem est nomm� � la t�te de l�ex�cutif. Toujours est-il, cependant, que cette nomination est tout ce qui a de plus logique, puisque le FLN est le parti majoritaire dans les Assembl�es �lues. Il aurait pu, de ce fait, en faire la revendication. Il ne l�a pas fait. Et pour cause, le FLN a horreur de la lin�arit� politique. Il affectionne les �r�ussites� r�sultantes de man�uvres, en sourdines surtout. C�est un trait de son identit�. Il sait aussi se mettre dans le barycentre et tirer profit des �quilibres. Abdelaziz Belkhadem, qui a �t� nomm� chef du gouvernement pour seulement 24 heures, avant de se voir pr�f�rer Benflis, n�en a pas eu une attitude politique d�sinvolte, ni n�a affich� une ire. Il a patient�. Il eut entre-temps � redresser le FLN, � normaliser le parti et l�offrir, soumis, au pr�sident Bouteflika qui en est devenu pr�sident, lors du dernier congr�s. Depuis, ministre d�Etat et repr�sentant personnel du pr�sident Bouteflika, Belkhadem a, au plan partisan, instruit une offensive politique qui a fait que le FLN tienne � la r�vision constitutionnelle comme � un sacerdoce. Bouteflika, pr�sident du parti, s�est abstenu de faire le moindre commentaire � propos. En revanche, Ouyahia s�est ouvertement oppos� � la perspective. Le FLN ne pouvait esp�rer meilleur flanc offert. Car, m�me s�il est demeur� � l��cart de cet �change d�amabilit�s entre le FLN et le RND autour de la r�vision constitutionnelle, Bouteflika soutiendrait, en v�rit�, Belkhadem. L�id�e pourrait m�me de lui venir. Il y a lieu de la croire avec la nomination de Belkhadem en remplacement de Ouyahia. D�ailleurs, il est � se poser la question de savoir si, ce faisant, Bouteflika ne fait pas de Belkhadem son dauphin pour sa succession � El Mouradia. L�opinion aura plus de lisibilit� avec la composition de l��quipe Belkhadem. Elle lira � travers les �quilibres mis en avant, les profils choisis, notamment pour les portefeuilles de souverainet�. Il est quasi certain que �les hommes du pr�sident�, Temmar, Medelci et Khelil, seront reconduits ou du moins maintenus dans l�Ex�cutif. Reste l�int�rieur, particuli�rement. Un portefeuille qui pourrait changer de titulaire, vu les ennuis de sant� de Yazid Zerhouni. Mais, par ailleurs, Belkhadem parviendra- t-il � maintenir l�alliance pr�sidentielle, et au prix de quels �quilibres�via quels quotas ?