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MOHAMED BENCHICOU A SA LIBERATION HIER
�N�ayez pas peur de leur prison�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 06 - 2006

Vous devinez mes amis, mes confr�res, mes compagnons de lutte, amis lecteurs du Matinqui ne d�sesp�rez pas de renouer avec votre journal, vous devinez ma joie de vous retrouver en cette journ�e de printemps, en libert�, apr�s deux longues ann�es d�absence. Mes pens�es �mues vont d�abord aux absents, amis partis pendant mon emprisonnement, � tous ceux qui ne partagent pas aujourd�hui avec nous ce moment.
Je pense � Hachemi Cherif, dont j�ai suivi les derniers mois de maladie et qui reste pour moi un exemple de pers�v�rance et de lucidit� politique ; je pense � Salah Boubnider, notre �Sao�t El Arab�, qui a su prolonger le combat de Novembre dans le combat pour la d�mocratie ; je pense � Djamel Amrani, le po�te insoumis, qui nous laisse ses vers in�puisables. A Jacques Charby, qui consacra sa jeunesse � soutenir le combat du FLN pour l�ind�pendance de l�Alg�rie et qui, jusqu'� son dernier jour, m�apporta un soutien moral constant, refusant m�me de recevoir la m�daille des mains du pr�sident alg�rien en signe de protestation contre mon emprisonnement arbitraire ; � mon confr�re Sadek A�ssat, sans doute l�un des plus talentueux esprits qu�ait connus Le Matin; � Nabil Belghoul form� au Matinavant de devenir ce grand photographe et qui nous a quitt�s � la fleur de l��ge. Je me recueille sur la m�moire de ces chers compagnons dont je n�ai pas assist� � l�enterrement. Oui, mes amis, je suis heureux de vous retrouver en cette journ�e des libert�s et de la plume libre, debout, intact ; de vous retrouver apr�s les deux ans de prison que m�a inflig�s le pouvoir alg�rien pour mes id�es, pour mes �crits, un emprisonnement arbitraire obtenu aux moyens de proc�d�s mafieux, qui d�shonorent leurs auteurs, et au prix d�une honteuse manipulation de la justice, de la police et de diverses institutions de la R�publique. Cette �preuve, mes amis, je l�ai endur�e sans concession et sans regret car, d�s le premier jour, je l�ai inscrite dans le prix que notre g�n�ration doit payer pour les libert�s, toutes les libert�s : libert� de penser, libert� d��crire, libert� de parler, libert� de se rassembler, libert� d�entreprendre, libert� de cr�er et pour reprendre Nazim Hikmet, libert� de se battre. Le peuple alg�rien m�rite toutes ces libert�s, aujourd�hui et maintenant. Il m�rite la plus belle des libert�s et nous la lui offrirons parce que nous lui devons de vivre libre. Oui, je ressors intact et aussi d�termin� qu�avant de subir cette �preuve de prison que le pouvoir a pourtant voulue la plus p�nible et la plus �prouvante possible afin qu�elle serve de le�on aux Alg�riens qui luttent pour la libert�. On m�a arrach� � mon fils et � mes deux filles, on m�a censur� toutes les correspondances qui m��taient destin�es pendant ces deux ans. On m�a priv� de soins sp�cialis�s, on m�a conduit 44 fois devant le juge dans un panier � salade pour r�pondre des articles parus dans Le Matin, 44 journ�es pass�es dans les ge�les souterraines, dans le froid et l�insalubrit�. Mais ils se sont salis les mains pour rien. Je ne suis aujourd�hui affaibli ni physiquement, ni moralement. Je ressors intact. Avec la m�me d�termination. Si je ressors intact et aussi d�termin� qu�avant, c�est bien s�r gr�ce au soutien moral constant que m�ont apport� ma famille, mes fid�les avocats, mes amis ainsi que des milliers de citoyens anonymes, ici en Alg�rie et � l��tranger. Je tiens � les en remercier et � leur rendre hommage. Je tiens surtout � rendre hommage � ma femme Fatiha qui fit preuve d�une bravoure remarquable. Bien s�r, je ne pourrais pas tous les citer, tant ils sont nombreux. Que ceux que j�aurais omis, et j�en omettrai certainement, me pardonnent. Mais je dois aussi d��tre sorti indemne et d�termin� de cette �preuve � l�aide que j�ai re�ue � l�int�rieur m�me de la prison de la part de mes cod�tenus, aide pr�cieuse et inoubliable, expression de la solidarit� g�n�reuse de l�Alg�rie profonde envers ses d�tenus d�opinion. A la compr�hension dont j�ai b�n�fici� de la part de l�administration de la prison et des gardiens. Aussi je vous le dis haut et fort : N�ayez pas peur de leur prison s�il faut y entrer pour ses id�es. Vous y trouveriez des hommes qui s�interposeront entre vous et vos bourreaux politiques, des fils de notre peuple pour la plupart injustement incarc�r�s, dont de brillants cadres qu�il est de notre devoir de r�habiliter. Ils vous aideront � supporter le poids de l��preuve, ils vous �pargneront les fatigues et les besognes� pour que vous gardiez votre dignit� et votre sant�, pour que les bourreaux ne triomphent pas de l�id�e et de la plume. C�est cela notre peuple ! Et c�est ainsi, mes amis, que j�ai appris ces deux derni�res ann�es � mieux aimer cette terre o� je suis n� et o� sont n�s mes enfants, la terre de mon p�re et de ma m�re. J�en profite pour saluer et remercier mes fr�res cod�tenus d�El-Harrach dont le soutien quotidien et d�cisif restera grav� dans ma m�moire. Oui, qu�importe si vous subissez la prison pour vos id�es ! Vous d�couvrirez aussi l�imposante solidarit� d�une Alg�rie qui se bat en d�pit de la r�pression, de la malvie et du ch�mage et qui saisit, aux c�t�s du peuple du Maghreb, le vent de la libert� qui souffle sur le monde. Je n�ai jamais manqu� de soutien de la part de cette Alg�rie-l�. A commencer par ces milliers de chaleureux messages de sympathie qui affluaient de la part de modestes citoyens d�Alg�rie ou de l��tranger et que je n�ai pas eu l�occasion de lire. Et comment oublier mes fid�les et courageux amis du Comit� Benchicou pour les libert�s ainsi que ceux du Collectif pour la libert� de la presse en Alg�rie qui ont port� contre vents et mar�es pendant deux ans ma cause et celle de la libert� de la presse � bout de bras, avec succ�s. Que serais-je devenu sans eux ? Toute ma reconnaissance va aussi aux organisations politiques, aux syndicats, aux associations et aux comit�s citoyens, aux militants des droits de l�homme, et en particulier � l�infatigable Ali Yahia Abdenour, qui se sont fait le relais de cette cause. Ma gratitude va � mes confr�res de la presse libre, El Watan, Libert�, El Khabar, et surtout Le Soir d�Alg�rie dont les journalistes et les responsables m�ont combl� d�une magnifique amiti� et d�un ind�fectible soutien tout au long de ces deux ann�es. Toute ma reconnaissance aux artistes � �crivains, chanteurs, com�diens � intellectuels et universitaires qui m�ont soutenu dont le brave cheb Azzedine qui a pay� sa chanson de huit mois de prison. Voil� pourquoi, mes amis, je sors aujourd�hui de prison intact, avec les m�mes convictions et que je crie �oui, nous avons eu raison d��crire ce que nous avons �crit, de publier ce que nous avons publi� !� Ce sont les id�aux d�fendus par vos plumes talentueuses qui vont dans le sens de la v�rit� et de l�histoire. Ces mots de l�optimisme et de l�espoir, je sais que vous les comprenez, vous les dignes fils de l�Alg�rie qui refuse d�abdiquer devant le n�potisme et le despotisme ; l�Alg�rie qui se bat et qui respire encore du souffle de Novembre. J�ai suivi de ma prison votre combat tenace pour sauvegarder le droit des Alg�riens � une presse libre. C�est ce qu�aurait voulu Kheiredine Ameyar, dont on vient de marquer le 6e anniversaire de la mort, c�est ce qu�auraient voulu Djaout, Mekbel, Ouartil�ne, Tazrout. C�est ce qu�auraient voulu les 73 confr�res assassin�s par l�int�grisme et c�est ce combat qui, entre 2004 - 2006, a valu la prison � cinq journalistes et qui fait planer la menace sur 23 autres en attente de leur jugement d�finitif. En d�pit de la r�pression et d�une justice aux ordres, de ma prison, j�ai suivi votre combat pour imposer des syndicats libres qui prot�gent la dignit� des travailleurs, de nos m�decins, de nos enseignants, de nos cadres et de nos fonctionnaires. Leur dignit� et l�avenir de leurs enfants. J�ai suivi de ma prison votre lutte acharn�e contre l�oubli et la trahison, ch�res familles victimes du terrorisme, votre lutte pour la v�rit� et la m�moire de nos martyrs civils, militaires, patriotes, policiers qui nous ont sauv�s d�un Etat th�ocratique. J�ai suivi de ma prison, et je vous le dis en ce 14 juin qui garde le souvenir du sang de Massinissa, votre combat pour tamazight, pour notre identit� et pour la plateforme d�El Kseur. J�ai suivi de ma prison votre combat majestueux pour les droits de nos femmes, qui, comme le jasmin d�Alger, sont le symbole de la beaut� alg�rienne. Chers amis, dans le combat pour la libert� et la d�mocratie en Alg�rie vous n��tes pas seuls, le monde vous regarde. Au cours de mes deux ann�es de prison j�ai pu v�rifier � quel point le combat alg�rien pour la libert� et la d�mocratie et l��dification d�un Etat de droit b�n�ficie d�une reconnaissance internationale et d�une sympathie de l�opinion mondiale. A nous de renforcer la demande d�mocratique interne sur laquelle pourra mieux s�appuyer la solidarit� internationale.
- Je profite ici pour exprimer ma reconnaissance et ma sympathie
- Aux journalistes, intellectuels, avocats, magistrats, militants d�mocrates et des droits de l�homme d�Egypte, et en premier lieu � l��crivain, prix Nobel de litt�rature, Naguib Mahfouz, qui ont soutenu admirablement le combat des journalistes alg�riens.
- Aux camarades et confr�res de Tunisie et du Maroc qui m�ont apport� leur soutien moral constant, en particulier Sihem Bensedrine et Ali Lemrabet, pr�cieux symboles du futur Maghreb d�mocratique, espace de libert� et de la modernit�.
- Aux amis des Etats-Unis, en particulier ceux de l�organisation mondiale des �crivains Pen Club International qui m�ont d�cern�, ainsi qu�� la presse alg�rienne, le prix Barbara Goldsmith Pour la libert� d��crire. A l�organisation Human Rights Watch qui a relay� et port� notre combat jusque l�-bas. Un grand merci �galement � Suzanna Ruta, journaliste ind�pendante, et aux confr�res de C. B. S News, du Newyorker et des grands m�dias am�ricains qui ont r�guli�rement d�nonc� mon incarc�ration arbitraire, le harc�lement de la presse alg�rienne ainsi que le recul des droits de l�homme en Alg�rie. Je n�oublie pas le soutien r�gulier apport� par l�ambassadeur des Etats-Unis � Alger.
- Aux amis de la R�publique arabe sahraouie qui ne m�ont jamais oubli� et � qui je souhaite un avenir radieux dans l�ind�pendance.
- A ceux d�Espagne, et en particulier � l��quipe de la Voz del Occidente qui m�ont r�compens� et r�compens� la presse alg�rienne du prix international de la libert� d�expression 2006, et au quotidien El Pais. A mes amis cubains, � leur t�te le journaliste et �crivain Raoul Rib�ro qui m�ont t�moign� de leur soutien sans rel�che.
- Aux courageux amis de l�Alg�rie qui formaient le r�seaux Jeanson aux c�t�s du FLN pendant la guerre de Lib�ration et qui m�ont fait l�insigne honneur d��tre � mes c�t�s durant mon incarc�ration. Je cite entre autres le regrett� Jacques Charby, Claude Vinci, Jean Tabet.
- Aux d�put�s europ�ens qui ont avec abn�gation d�nonc� l�injustice qui m�a frapp� et soutenu la cause de la presse alg�rienne r�prim�e, � tous les parlementaires europ�ens qui ont vot� la courageuse r�solution du 9 juin 2005 condamnant mon incarc�ration et d�non�ant les atteintes � la libert� d�expression et de presse en Alg�rie.
- Aux confr�res de Reporters Sans Fronti�res, de la F�d�ration internationale des journalistes, du Comittee to Protect Journalists, � l�Association internationale des �diteurs de presse, � l�Organisation arabe des journalistes, � la Ligue arabe des droits humains, qui n�ont m�nag� aucun effort pour me venir en aide, pour d�noncer et d�monter la machination dont j�ai fait l�objet et pour soutenir la presse alg�rienne.
- Aux dirigeants et les militants de la gauche fran�aise (Parti communiste, les Verts, Parti socialiste) qui se sont personnellement impliqu�s dans le soutien � la presse alg�rienne et qui ont constamment revendiqu� ma lib�ration.
- A la s�natrice Alima Boumediene qui a fait le voyage en Alg�rie pour tenter d�interc�der en faveur des journalistes alg�riens emprisonn�s.
- Aux confr�res, et aux syndicats de journalistes, de France, d�Italie, du Portugal, d�Espagne, du Canada, d�Allemagne qui ont d�nonc� avec nous les atteintes � notre libert� de la presse. Un clin d��il affectueux pour mes confr�res du quotidien L�Humanit� qui m�ont fait l�amiti� de me soutenir sans rel�che, et � l��crivain Gilles Perrault. Je n�oublierai pas le courage des ONG qui ont visit� l�Alg�rie et qui ont ouvertement, � l�image de Human Rights Watch, Amnesty International et la FIDH, d�nonc� mon emprisonnement arbitraire ainsi que la r�pression qui s�abat sur la presse libre alg�rienne et exig� des autorit�s alg�riennes ma lib�ration. Et enfin, � tous les militants de la libert� anonymes, partout o� ils se trouvent, qui ont joint leur voix � la n�tre pour dire non � l�arbitraire et � la r�pression. Oui, mes amis ! Nous ne sommes pas seuls et nous sommes de plus en plus nombreux � vouloir le printemps. L�avenir nous appartient et appartient � nos enfants.


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