Restituer fid�lement aux lecteurs les instants qui ont suivi la lib�ration de notre confr�re incarc�r� � la prison d�El-Harrach du 14 juin 2004 au 14 juin 2006 rel�ve de l�exploit. Comment d�crire sans l�alt�rer l�image de la sortie, hier, de Mohamed Benchicou de la prison d�El-Harrach ? Celle de l�interminable cort�ge qui l�a achemin� du centre p�nitentiaire, devant lequel l�attendaient, d�s 7 heures du matin, sa famille, ses confr�res, ses amis, les repr�sentants des mouvements citoyens et ceux de la soci�t� civile, vers la place de la Libert�-de-la-Presse au 1er-Mai , o� une foule importante, embl�me national d�ploy�, l�attendait. Mohamed Benchicou est libre ! Sa libert�, il ne la doit � personne. Il aura purg� jusqu�� la derni�re seconde sa peine. Mohamed Benchicou �aura fait leurs ann�es de prison� comme il l�avait pr�dit dans une de ses chroniques publi�e en avril 2001, au lendemain de l�amendement du code p�nal qui a consacr� la prison pour �d�lit� de presse au journaliste. �Nous vous donnerons vos millions, nous ferons vos ann�es de prison pour que vos enfants et les n�tres gardent toujours la t�te haute dans cette Alg�rie rebelle�, avaitil �crit dans son journal le 26 avril 2001. Et ce sont des dizaines de jeunes qui, hier, l�ont reconnu, salu�, encourag� et applaudi le long du trajet qui le menait vers la rue Hassiba-Benbouali, � la place de la Libert�-de-la-Presse o� il a d�pos� une gerbe de fleurs � la m�moire des journalistes assassin�s par les islamistes int�gristes. Le tout sous les applaudissements des pr�sents, des passants, des citoyennes aux balcons qui n�ont pas manqu� de pousser des youyous. Le directeur du journal Le Matin, suspendu depuis le 24 juillet 2004, dont une �dition sp�ciale a �t� gratuitement distribu�e hier pour marquer le retour de Mohamed Benchicou parmi les siens, est tr�s �mu. L��motion �treint aussi bon nombre de ses confr�res. Il est enfin libre. Sa famille et ses confr�res, tr�s nombreux hier � la Maison de la Presse, sont heureux de retrouver �l�homme intact�, psychologiquement tr�s fort. Un homme auquel il sera remis symboliquement les cl�s du si�ge du journal Le Matin � la Maison de la Presse, qui porte le nom du d�funt Tahar Djaout. Un endroit que le journaliste, enfin libre, port� par un important cort�ge humain, sous l��il vigilant d�un dissuadant dispositif de s�curit�, a rejoint � pied apr�s avoir d�pos� une gerbe de fleurs devant l�entr�e du garage de l�Etusa. Entr�e o� le 14 juin 2001 deux jeunes photographes sont morts �cras�s par un bus. C��tait lors de la marche des arouch sur Alger. Hier, nous avons manifest� notre joie de retrouver notre confr�re. Le directeur du Matinen fera de m�me apr�s de longues ann�es d�absence. 24 mois durant lesquels l�incarc�ration de Mohamed Benchicou a �t� sans cesse rappel�e. Ressass�e comme une rengaine afin que nul n�oublie qu�un journaliste, et pas des moindres, a �t� injustement mis au cachot. Pari tenu.